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Au jour d’aujourd’hui, la Côte d’Ivoire est une fois de plus une colonie française ; sinon en titre, du moins dans les faits. Ouattara n’a pas de base politique, à l’exception des Français, et vit dans la peur de se faire assassiner. Il y a une recrudescence de l’agitation dans le pays alors que le pillage perdure. Des pseudo élections municipales ne sont pas le remède. La France qui a installé Ouattara est maintenant au plus bas dans le monde entier. Son économie est en ruine, son armée a atteint ses limites au Mali et en République centre africaine et sa capacité militaire est grandement réduite. Retour sur les péripéties d’une guerre ivoirienne qui n’a pas fini de compter ses morts.

Ouattara a été contraint d’organiser une sorte de plébiscite afin de démontrer que sa présidence, imposée par la France au pays, avait une certaine légitimité en Côte d’Ivoire. Il vient juste d’organiser des élections locales et municipales dans tout le pays, avec sa coalition (Rdr et le Pdc) seule en lice en raison du boycott du Fpi (anciennement le parti de Gbagbo) qui estime que ces élections sont de la frime. Avec une participation de moins de 30%, les candidats uniques ont gagné. Ouattara et ses maîtres appellent cela une victoire. Pour le reste du monde, cet effort lamentable politique est l’échec et la déception que tout le monde attendait.

Le problème qui afflige Ouattara et sa caste de rebelles voyous est qu’ils n’ont pas de légitimité. Ces dernières élections montrent qu’ils n’ont pas le suffrage de la majorité des électeurs du pays et ont donc dû avoir recours à la fraude électorale et aux meurtres vicieux de milliers d’Ivoiriens depuis des hélicoptères français et des Nations Unies, qui fauchaient les gens sans considération pour leur innocence et leur non implication dans des actions militaires. Tout cela au nom de la "communauté internationale". Ils ont été assistés par des irréguliers Dozo (chasseurs tribaux), mandatés, armés et protégés pendant qu’ils commettaient meurtre sur meurtre sur leur passage dans l’Ouest et le Centre de la Côte d’Ivoire.

Les conséquences de cette victoire rebelle imposée par la France ont été la destruction de la vie et des moyens de subsistance d’innocents Ivoiriens, qui avaient pour seule faute de ne pas provenir du nord et de ne pas appartenir à un groupe ethnique non musulman. Depuis presque une année et demie, les résidents de zones comme Youpogon, à Abidjan, ne pouvaient plus marcher dans la rue sans craindre le brigandage, la violence, l’arrestation et le meurtre du fait des nouvelles forces de Ouattara qui ne parlent que le Malinke. Ceux qui ne parlent pas cette langue sont considérés comme des cibles légitimes, sans protection aucune de la loi et des forces de police.

Depuis 2002, la Côte d’Ivoire est divisée par une rébellion qui scinde le pays en deux. Le procédé a été élaboré par la France, au cours d’un soi-disant "processus de paix" à Linas-Marcoussis et a été mis en œuvre par l’armée française depuis lors. C’était non seulement une séparation politique mais également ethnique et religieuse. L’armée française a séparé le nord rebelle du sud et a, de facto, partagé le pays le long de lignes ethniques. Les Français, suivis par les Nations Unies, ont pris position pour maintenir cette division et pour protéger les rebelles de la colère du gouvernement légitimement élu de Gbagbo.

Il n’y a pas moyen de comprendre ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire sans comprendre le rôle clé de la France dans la division du pays et son soutien à la rébellion pendant plus de douze ans. Les Français défendaient leurs substantiels intérêts en Côte d’Ivoire et n’avaient aucun scrupule à tuer et à piller les citoyens de Côte d’Ivoire, d’assister au vol de leurs terres et de reprendre le monopole du contrôle de ses industries et des centres financiers pour le business français, de détruire sa force aérienne, de comploter et d’attaquer le gouvernement Gbagbo, de le contraindre à accepter des rebelles incompétents et analphabètes dans son cabinet, de truquer les élections et d’emprisonner des milliers de patriotes, y compris le président, présentement à La Haye, en train de se défendre d’accusations de crime contre l’humanité. Hormis manger des bébés africains, il est difficile d’imaginer qu’il reste quelque chose d’autre que les Français auraient pu infliger au pays.

La raison de la continuation de la domination de la France en Côte d’Ivoire est facile à voir. La racine du problème est la politique de la Françafrique à l’encontre de l’Afrique et ses activités néocoloniales qui ont gâché la démocratie en Côte d’Ivoire pendant des décennies. Les Français n’ont en vérité jamais renoncé à posséder et à contrôler la Côte d’Ivoire, même après qu’elle ait hissé "l’étendard de l’indépendance", qu’elle se soit dotée de couleurs, d’un hymne national, d’un siège aux Nations Unies et d’une équipe de foot.

Le Pacte colonial, qui a attaché l’économie, le commerce, la finance et les structures militaires à la France, a été mis en œuvre dans chaque ministère ivoirien, banque et institution par les centaines de "conseillers" français sous l’égide du ministère français de la Coopération. Dans certains ministères, il y avait un Français pour chaque Ivoirien. La souveraineté ivoirienne a été amoindrie par la présence de "coopérants" français qui prenaient de nombreuses décisions concernant la marche du pays. Des soldats et des policiers français étaient basés en Côte d’Ivoire et étaient responsables pour la formation, l’équipement et le déploiement des forces ivoiriennes. Ils étaient aussi responsables de la promotion des officies ivoiriens.

Au jour d’aujourd’hui, le Trésor français continue de contrôler la monnaie ivoirienne, ses réserves de capitaux et ses politiques commerciales et d’investissement. L’armée française continue de contrôler la clique de soldats rebelles à moitié formés et des "Dozos" qui constituent l’armée de Ouattara, son équipement, son entraînement et son déploiement. La communauté des affaires françaises domine presque tous les aspects de l’économie nationale, même l’industrie pétrolière et celle du cacao où partagée par un nombre limité de compagnies d’outremer. En outre elle maintient un monopole sur le transport, l’eau, l’électricité et les ports et contrôle la majeure partie du commerce international des produits et importations en Côte d’Ivoire. Aux côtés des fonctionnaires ivoiriens, il y a des centaines d’administrateurs français afin de "guider" leurs décisions.

C’est le gouvernement Fpi, conduit par le président Gbagbo, qui a tenté de se défaire de la mainmise de la France sur le pays. Lorsque le gouvernement Gbagbo, le président démocratiquement élu, a été au pouvoir suite au régime militaire de Guei, la population a eu l’espoir que l’économie du pays allait s’améliorer, que des programmes sociaux et médicaux seraient réinstaurés, que le budget militaire serait détourné au profit de programme civil, que la restauration d’infrastructures urgemment requises seraient entreprises et qu’une réforme pour un système électoral juste et de la citoyenneté pourrait être entreprise pour corriger la xénophobie de l’époque de Bédie et de Guei.

Une des raisons de la colère des Français à l’égard de Gbagbo a été son refus de poursuivre la corruption politique prévalente et promue par la France. Le pays n’avait pratiquement plus de carburant. Le directeur de la Société ivoirienne de raffinage (Sir) a vidé les réserves énergétiques du pays. Il s’est enfui en France où il a trouvé asile et immunité pour son vol. Il n’y avait ni carburant ni argent. Le représentant de Total-Elf et l’ambassadeur de France se sont rendus au bureau de Gbagbo et lui ont dit qu’ils avaient deux navires au large des ports de la Côte d’Ivoire qu’ils pourraient lui offrir. Tout ce qu’ils demandaient en échange étaient la seule raffinerie du pays qu’ils achèteraient pour un franc symbolique. Les Français opéreraient ensuite la raffinerie du pétrole selon leur bon plaisir, feraient usage du prix élevé du pétrole que Total fournirait et décideraient du prix du carburant sur le marché local. Ils ont apporté à l’intention de Gbagbo un sac plein d’argent. Il leur a donné l’ordre de quitter son bureau et de ne pas oublier le sac plein d’argent qu’ils avaient laissé. Un échange similaire a eu lieu avec les entrepreneurs français de l’industrie du cacao.

La même chose s’est produite avec la Compagnie d’électricité ivoirienne (Cei), la compagnie nationale. Le contrat avec la Cei devait être renouvelé au début 2004 et l’opérateur français (Saur) demandait le droit de continuer à opérer le réseau national comme auparavant. Le gouvernement de Côte d’Ivoire consommait par an pour environ 170 milliards de francs (environ 260 millions). Les Français fourniraient le gaz à la centrale à gaz de Abb Azito à des prix surfaits comme prix du loyer de la centrale et du réseau et factureraient à tous les autres des montants substantiels. De plus, ces revenus ne seraient pas taxés comme revenus des opérateurs mais leur seraient remis directement. Il n’y avait pas de valeur ajoutée à l’économie nationale, pas d’amortissement de la dette résultant de la construction des centrales et du réseau et pas de contrôle de prix. Gbagbo et ses ministres ont estimé la proposition déraisonnable et promis qu’à l’échéance du contrat actuel, il serait fait un appel d’offre international.. Les Français fulminaient.

En 1999, le Français Bouygues se mettait d’accord avec le président Bédie pour construire un nouveau pont à Abidjan. Le prix agréé était de 120 milliards de francs Cfa (183 millions d’euros) ou 200 si le pont devait comprendre un tablier supérieur et un tablier inférieur. Gbagbo, parvenu au pouvoir, a été consterné par la dépense excessive à venir et a annulé le contrat. Lorsqu’il s’est rendu en Chine, les Chinois lui ont dit qu’ils pouvaient faire la même chose pour 60 millions (avec un tablier supérieur et inférieur). Et Gbagbo leur a octroyé le contrat en mai 2002. Les Français étaient furieux mais ne pouvaient rien faire d’autre que de comploter contre Gbagbo. Il y a eu d’autres conflits de cette nature lorsque Gbagbo a essayé de procéder à des appels d’offre internationaux.

Les Français se sont rencontrés avec Balise Campaoré et Ouattara, qui avait cherché refuge à l’ambassade de France au début de la rébellion. Ils décidèrent de profiter de la visite de Gbagbo à Rome et ont préparé un coup d’Etat, le premier d’une longue série. Lorsque Gbagbo était à l’étranger, les comploteurs français ont saisi leur chance. Ce mercredi de septembre 2002, lorsque la rébellion a commencé, il y avait environ 600 rebelles en attente à Bouaké. Ceux-ci avaient été nommés par Guei et expulsés de l’armée pat Gbagbo. Ils avaient peu d’équipements et de munitions, compte tenu du fait qu’ils croyaient que le conflit ne durerait pas plus de 5 jours. Le président rencontrait le pape à Rome et les rebelles étaient persuadés que le coup d’Etat se déroulerait rapidement avec le président à l’étranger.

Heureusement pour Gbagbo, son armée restée loyale, était menée par le ministre de la Défense Moïse Lida Kouassi, un ancien compagnon de cellule de Gbagbo lorsqu’ils ont été tous deux incarcérés par le Premier ministre de Houphouët- Boigny, Alassane Ouattara. La Sécurité intérieur était dans les mains d’un autre compagnon de cellule, le ministre de l’Intérieur Emile Boga Doudou. Alors que le coup d’Etat commençait dans la deuxième plus grande ville du pays, Bouaké, les troupes loyales, sous le commandement de Kouassi, ont réagi. Ils ont réussi à encercler les rebelles, les piégeant dans la ville et en tuant quelque 320. Ils s’apprêtaient à lancer l’attaque finale contre les 330 rebelles restants mais ont subitement été arrêtés par le commandant français d’un corps de l’armée française stationnée en Côte d’Ivoire. Ce dernier a demandé un délai de 48 heures pour évacuer les citoyens français et quelques Américains qui se trouvaient en ville.

L’armée de Gbagbo a exigé de pouvoir continuer son attaque sur Bouaké pour liquider les rebelles, mais les Français ont insisté pour avoir un délai. Dès le début de celui-ci, les Français ont envoyé les parachutistes dans Bouaké qui ont pris position aux côtés des rebelles. Ceci a rendu impossible l’attaque des loyalistes, en raison du risque de tuer un paquet de Français.

Au cours de ces 48 heures, le commandement militaire français a détruit trois Antonov 12, dont l’un devait transporter une cargaison d’armes de Franceville au Gabon et du matériel militaire stocké par les Français en Afrique Centrale. Deux autres avions étaient partis de Durban, chargés d’équipement militaire ukrainien et de personnel militaire. Les avions affrétés se sont rendus à Nimba County au Libéria, à la frontière de la Côte d’Ivoire et de là en territoire rebelle en Côte d’Ivoire (Bouaké et Korhogo) où la cargaison a été remise aux rebelles. Des bus entiers de troupes burkinabés habillées en civil (fournies à un prix par Campaoré) ont été transportées depuis le Burkina Faso à Korhogo où elles ont été équipées de matériels militaires apportés par la France depuis l’Afrique centrale et l’Ukraine.

Subitement, il y avait 2500 soldats armés aux côtés des rebelles. Des mercenaires provenant du Libéria et de la Sierra Leone ont été amenés par ces mêmes avions. Ils étaient tous équipés de Kalachnikovs et autres équipements qui n’ont jamais fait partie de l’arsenal de la Côte d’Ivoire. La France a fourni du matériel de communication sophistiqué. Une fois les rebelles armés et équipés, les Français se sont retirés graduellement, laissant aux commandes opérationnelles les mercenaires d’Europe de l’Est qui dirigeaient les rebelles en coordination avec le quartier général français à Yamoussoukro.

L’intervention française pour l’aboutissement de la création d’une force rebelle n’était pas vraiment une nouveauté pour l’Afrique. La France a une longue histoire de soutien à des rébellions violentes similaires sur le continent. Durant et après le génocide qui s’est déclenché au Rwanda en avril 1994, la France a joué un rôle similaire dans ce crime effroyable qui a causé la mort de 800 000 personnes. La Belgique, la France et les Nations Unies savaient à l’avance que des préparations étaient en cours pour exterminer la minorité tutsie du Rwanda et ils n’ont rien fait pour l’empêcher.

Le gouvernement français, qui a maintenu au pouvoir le gouvernement mené par les Hutus, a protégé les tueurs et leur a fourni les armes cependant que le massacre était en cours. L’ "Opération Amaryllis" nom de code français pour l’évacuation des civils européens au Rwanda en 1994, a aussi permis d’évacuer les "extrémistes" hutus impliqués jusqu’au cou dans l’organisation du génocide. En même temps, les militaires français ont refusé d’évacuer des employés tutsis de l’ambassade de France à Kigali, qui étaient menacés de mort. Une seconde évacuation, l’"Opération Turquoise", a été mise sur pied plus tard, pendant que l’offensive du Fpr (tutsi) était sur le point de prendre le pouvoir, afin de mettre en sécurité en France, le gouvernement hutu rwandais et les dirigeants militaires, pendant que des officiers français organisaient la "transition" vers le règne du Fpr.

Les Français ont armé les milices hutues pendant 10 jours après le début du génocide et sont intervenus lorsque les militaires hutus étaient en danger. Ils ont supervisé le départ des Interahamwe vers la République démocratique du Congo où ils ont poursuivi leurs déprédations. Des milliers d’autres Africains ont été tués lors de la suppression de la population anglophone dans le sud du Cameroun, sans oublier l’empoisonnement du président camerounais Félix Roland Moumié en 1960, par un groupe de terroristes du gouvernement français, "Mains Rouges", dont les agents ont subrepticement ajouté du thorium au cocktail du président à Genève.

Les Français ont demandé que les forces des Nations Unies soient déployées afin de protéger les rebelles dans la partie nord du pays et de soulager la France d’une partie du poids financier de son empire. Ils ont demandé que des dispositions soient prises pour que les forces de l’Afrique de l’Ouest Ecomog viennent en Côte d’Ivoire pour servir au maintien de la paix. Toutefois, ces troupes africaines de "maintien de la paix" devaient être la chasse gardée de pays francophones, principalement du Sénégal. Ces pays francophones sont sous le contrôle direct ou indirect de l’armée française. Leurs officiers sont formés en France ou par des soldats français dans le pays. Leur armement et matériel militaire proviennent de France et sont fournies à crédit, lequel est garanti par le Trésor français. Leur service de renseignement étrangers et les systèmes de communication militaires, et souvent le système de transport, sont aux mains d’officiers français. Ils sont à tout égard, une force militaire française noire de substitution. Ils n’ont guère offert de secours aux patriotes de Côte d’Ivoire, mais ont réussi à déléguer aux Nations Unies une partie des coûts de l’occupation. Bien qu’ils aient perdu la rébellion, les Français ont créé un Etat rebelle au nord, dont les frontières sont patrouillées par les soldats français et de la Françafrique, financés par la "communauté internationale".

Peut-être que l’effet le plus désastreux de la rébellion a été la réaction à la division du pays par la communauté française et internationale. Dans un effort de restaurer l’ordre constitutionnel, les traités signés à Linas Marcoussis, Accra, Pretoria et Ouagadougou devaient ramener la paix et l’ordre en Côte d’Ivoire. Tous contenaient la notion de condominium. C'est-à-dire que la communauté internationale a insisté pour que le Premier ministre démissionne et soit remplacé par une personne nommée par elle et que des postes de ministre du Cabinet devaient être réservés à des personnes provenant de la partie rebelle. Gbagbo et le Fpi, qui avaient été démocratiquement élus en l’an 2000, ont dû accepter un Premier ministre qu’ils n’avaient pas choisi et un cabinet composé, en partie, de rebelles.

Ces nouveaux ministres exigeaient de gros salaires, des voitures et des emplois dans leur ministère respectif pour famille et amis. Aucune notion de compétence ou de formation n’a été prise en considération dans la sélection des nouveaux ministres. Seul critère : avoir été choisi par les rebelles. De fait, rares étaient ceux qui se présentaient au travail. L’administration civile du pays était incohérente et conflictuelle alors que les intérêts nationaux passaient au deuxième plan face aux exigences de ministres rivaux. Le Fpi était en effet coincé par les dissensions internes, entre un Premier ministre qui refuse d’obéir aux ordres du président et de l’Assemblée nationale et le cabinet qui refuse de se soumettre à toute loi hormis la loi de la jungle.

Le 29 février 2004, le Conseil de sécurité des Nations Unies donne son accord pour l’envoi d’une troupe de maintien de la paix de plus de 6000 soldats en Côte d’Ivoire, afin de superviser le désarmement des forces rebelles et de préparer les élections présidentielles qui devaient avoir lieu en octobre 2005.

Après un long délai, les ministres des Forces nouvelles ont pris leur place au cabinet. La violence a continué. La violence post-conflit n’était pas sensiblement différente de celle perpétrée durant le conflit, sauf que les hélicoptères armés français et des Nations Unies n’étaient alors pas en usage. Selon Guillaume Ngefa, le chef intérimaire des Droits de l’homme des Nations Unies pour l’opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (Unoci) : "Les violations commises incluent des cas avérés d’exécutions sommaires et extrajudiciaires, des arrestations et incarcérations illégales, la libération de personne en échange d’espèces sonnantes et trébuchantes, l’extorsion et un racket criminel à l’encontre de nombreux chauffeurs". Il y a eu, en une seule semaine, vingt-six exécutions extrajudiciaires documentées par les Nations Unies en Côte d’Ivoire, incluant un jeune enfant de dix-sept mois. Plus de cent violations des droits humains ont été perpétrés par la Frci en l’espace d’un mois. Elles n’ont pas eu lieu seulement dans les fiefs militaires sous la coupe de seigneurs de guerre d’opérette dans le nord depuis la rébellion de 2002, mais jusqu’au cœur même d’Abidjan.

M. Ngefa a aussi exprimé sa préoccupation quant aux confrontations violentes entre l’armée et les jeunes villageois dans diverses régions, dénonçant des "actes d’intimidations, d’extorsion, et de nombreux obstacles à la libre circulation, commis par des éléments de l’armée". Citant des traitements inhumains et dégradants, la violation des droits à la propriété, il a dit que de telles violations ont également été commises à l’encontre de certains groupes ethniques comme les Bété, les Bakwé, Attié, et Ebrié. Les gens sont attaqués, volés et tués pour leur identité ethnique. Voilà ce que la France et les Nations Unies ont réussi.

Qu’est-ce qu’ils attendaient ? Les rebelles, qui ont séparé le nord du sud du pays après leur rébellion de 2002, n’étaient pas des soldats réguliers. Il y avait moins de 1200 soldats réguliers dans les Forces nouvelles qui sont devenus, suite à un décret, le Frci. Ces troupes rebelles avaient été des cordonniers, des porteurs, des éboueurs, des travailleurs itinérants. Ils étaient rejoints par des mercenaires expérimentés, venus des guerres en Sierra Leone et au Libéria, qui leur ont montré les ficelles. Au moment de la rébellion, tous les fonctionnaires, éducateurs, médecins et autres catégories professionnelles se sont enfuis du nord. Les pauvres paysans qui restaient ne payaient pas d’impôts, pas de loyers, ni de droits de douane et aucun service au gouvernement central. Ces sommes, ils les payaient au commandant rebelle local. Système toujours en vigueur. Seulement, maintenant ce système s’est étendu à toute la Côte d’Ivoire lorsqu’il a été permis à ce rebut néfaste du nord de prendre le pouvoir dans le sud et dans les municipalités.

De nombreux Libériens qui combattaient en Côte d’Ivoire sont rentrés chez eux lorsque Charles Taylor s’est enfui du Libéria. Ceci a créé un vide du pouvoir au sein des rebelles. Il y a eu une petite guerre civile chez les rebelles. Ils ont commencé à lutter entre eux et plusieurs dirigeants ont été assassinés, tout le monde blâmant les Français pour ne les avoir pas protégés. En mai 2004, les Nations Unies ont découvert des fosses communes à Korhogo, ville du nord. Plus tard, il y a eu des batailles à coup de fusil entre les factions rivales qui ont fait 22 morts à Korhogo et dans la ville de Bouaké.

Ces combats ont commencé, tard le soir du 20 juin, lorsque "des éléments lourdement armés" ont attaqué un convoi venant du Burkina Faso et se rendant à Korhogo et qui transportait le chef rebelle Guillaume Soro. Les violences de juin ont été suivies par ce que les forces loyales à Guillaume Soro ont décrit comme une tentative d’assassinat par l’explosion de son avion. Ceci, ils l’ont mis sur le compte de son rival Ibrahim Coulibaly, connue sous le nom de IB. Les guerres intestines se sont étendues dans les régions tenues par les rebelles alors que des seigneurs de la guerre se disputaient le terrain. Les Français ont été incapables de reprendre la main pendant une longue période.

La guerre intestine des rebelles a eu des répercussions sur le gouvernement Gbagbo. Les bandes de rebelles, qui n’étaient pas contrôlées par la France, ont fréquemment attaqué les villages et les bases militaires des forces loyales à Gbagbo dans le sud. Les Français étant incapables de les contrôler, les rebelles ont multiplié leurs attaques dans le sud. Finalement, avec l’arrivée des forces de l’Ecomog, les Français ont réussi à graduellement contrôler les mouvements rebelles.

La France a fait savoir que ses 4000 soldats basés en Côte d’Ivoire ne participeraient pas aux troupes de maintien de la paix des Nations Unies. Les Français ont maintenu la paix et mis la main sur toute chose qui pouvait être volée. Douze soldats français en mission de maintien de la paix ont été arrêtés suite à l’attaque d’ une banque en septembre 2004. Ces troupes avaient été assignées à la protection d’une branche de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Ils ont été accusés d’avoir volé 120 000 dollars. Ils ont été jugés et condamnés par un tribunal en France. Ce cas de vol par des soldats français n’était pas unique. Il y en a eu plusieurs et quelques meurtres impliquant des soldats français, soit seul soit de concert avec les rebelles. Plusieurs ont été jugés et condamnés en France. Il existe plusieurs vidéos qui circulent en Côte d’Ivoire qui montre la complicité des militaires français dans la torture et le meurtre de citoyens ivoiriens.

Ces raids des rebelles du nord contre les villes et villages du sud et de l’ouest étaient une défiance manifeste des accords de désarmement des rebelles. Lors de plusieurs réunions internationales les rebelles s’étaient engagés à un programme de désarmement. Le désarment était crucial pour résoudre les problèmes qui séparaient le nord du sud. Avec la bénédiction des Français, les rebelles ont refusé de désarmer.

Lorsque la pression est devenue trop forte, le gouvernement de Côte d’Ivoire a tenté de mettre un frein aux excès les plus sauvages des rebelles. En représailles, les troupes françaises ont saisi l’aéroport, détruit la force aérienne du pays et tenté de marcher sur le palais présidentiel pour capturer Gbagbo. Les citoyens d’Abidjan se sont rassemblés à l’hôtel Ivoire, sur le chemin de la résidence du président, et, à main nue, ont tenté d’empêcher les Français d’attaquer le palais présidentiel. Le 6 novembre 2004, les troupes de maintien de la paix français ont ouvert le feu sur des Ivoiriens non armés, à partir de tanks et de voitures blindées. Il y a plusieurs vidéos de cette période de barbarie disponibles sur YouTube. Les plus complète se trouvent sru http://www.youtube.com/watch?v=eiBGEJs3G3g et http://www.youtube.com/watch?v=5A4l3xg-jvE

Le deuxième montre le rôle des francs-tireurs français dans les étages supérieurs de l’hôtel. Soixante-quatre Africains ont été tués et 1300 blessés. Tout ceci avait été prévu à l’avance comme le montre les positions des francs-tireurs dans les chambres aux étages supérieurs.

Un colonel de la gendarmerie ivoirienne affirme que les forces françaises ont tiré directement et sans sommation sur la foule des protestataires rassemblée devant l’hôtel Ivoire à Abidjan. Le colonel Georges Guial Bi Poin, responsable du contingent de soldats ivoiriens envoyé pour contrôler la foule et se coordonner avec les Français, a dit que l’ordre de tirer est venu du commandant français, le colonel d’Estremon. Le colonel Gaia Bi Poin est cité pour avoir dit que "Les troupes françaises ont directement tiré sur la foule. Elles ont ouvert le feu sans sommation, sur l’ordre de leur chef, le colonel d’Estremon."."Aucun de mes hommes n’a tiré le moindre coup de fusil" a-t-il dit. "Il n’y a eu aucun tir provenant de la foule. Aucun des manifestants n’étaient armés, ni de bâtons, de couteaux ou de cailloux"

Les commentaires de "la communauté internationale" étaient discrets et prudents. Voilà un pays occidental, avec un siège au Conseil de Sécurité qui détruit les forces aériennes d’un autre pays, qui massacre ses citoyens de sang froid et cela crée à peine un remous parmi les commentateurs occidentaux. La prochaine étape a été d’exiger que la Côte d’ivoire dissolve son Assemblée Nationale. C’était une suggestion d’Obasanjo du Nigeria. Les Nations Unies étaient d’accord. Toutefois, les Ivoiriens ont résisté et ont commencé à confronter les soldats du maintien de la paix des Nations Unies. Les Nations Unies ont cédé.

La question qu’il y a lieu de poser c’est : comment est-il possible qu’au 21ème siècle une pareille politique de meurtres et de chaos soit menée par un gouvernement occidental contre des Africains désarmés, au nom de la"communauté internationale". Il était clair que les citoyens ivoiriens ne voulaient pas être massacrés par les Français et autres forces de maintien de la paix. La réponse de la communauté internationale a été encore plus effrayante, perturbante et de sinistre présage. La rébellion a été soutenue dans le nord de la Côte d’Ivoire par l’installation des Nations Unies qui comprenaient presque exclusivement des soldats provenant des pays musulmans comme le Pakistan, le Bangladesh, le Maroc et la Jordanie. A ce jour les Musulmans sont largement majoritaires.

Les rebelles musulmans hébergent les forces des Nations Unies presque exclusivement composées de musulmans faisant partie des Casques bleus des Nations Unies et ces mêmes Casques bleus sont maintenant aussi dans le sud. La première raison de la rébellion est que les musulmans ont été traités comme des citoyens de deuxième zone. Le problème n’est pas religieux. Il est culturel et présente un danger du fait de l’incorporation de grands groupes de jihadistes radicalisés dans le contingent des Nations Unies. Le fondamentalisme n’est pas leur seul vertu.

En plus des dix huit soldats français pour le maintien de la paix, qui ont été jugés et condamnés par les tribunaux français pour viols, meurtres, vols, attaques de banques et intimidation en Côte d’Ivoire, il y a des dizaines de soldats pour le maintien de la paix en Côte d’Ivoire et ailleurs en Afrique, accusés de crimes similaires. En 2003, des Casques bleus ont été rapatriés du Burundi pour des violations. Des dizaines de soldats des troupes des Nations Unies ont été condamnées pour des abus sexuels au Soudan. Les nombres sont encore plus élevés en République démocratique du Congo et au Libéria et de nombreuses accusations et procès de cette nature étaient en cours en Côte d’Ivoire au moment de l’éviction de Gbagbo. Les Nations Unies ne sont pas, n’ont jamais été, une présence neutre dans les pays où ils opèrent. De même, elles n’ont jamais démontré qu’elles sont meilleures que n’importe quelle autre armée qui vit sur le dos de la population locale en toute impunité.

Dans le sillage des troubles civils, générant des massacres de civils et du ralliement des Ivoiriens contre la dissolution proposée de l’Assemblée Nationale, les Français ont décidé qu’ils feraient mieux d’orchestrer un coup d’Etat, ostensiblement le fait d’Africains. Parmi les communications interceptées par les services de renseignement ivoiriens, qui ont été enregistrées, il y a un rapport qui explique le plan français pour un tel coup et la participation active d’Alassane Ouattara et Blaise Campaoré

Ils ont décidé de faire leur coup d’Etat à Abidjan les 22 et 23 mars 2006. Selon les informations des services de renseignements, cette planification remontait loin dans le temps. Il y a eu une réunion le dimanche 10 octobre 2004 à la mairie de Korhogo, de 9h30 à 12h45. Parmi les présents il y avait les présidents du Burkina Faso, Blaise Campaoré, et du Mali, Amadou Toumani Touré. Egalement présent, le chef des forces rebelles et président du Rdr Alassane Dramane Ouattara. Les Français étaient représentés par Philippe Pouchet (porte-parole de M. Chirac), ainsi que Adama Tounkara, maire d’Abobo, Issouf Sylla, maire de Adjamé, Issa Diakite, Kandia Camara, Georges Koffi et Morou Ouattara.

Alassane Ouattara a ouvert la réunion et a présenté Pouchet. Ce dernier a dit venir directement du bureau du président avec le message "Ado (Ouattara), votre fils, votre frère sera président de la République de la Côte d’Ivoire avant les élections de 2005". Chirac a promis : "Il n’y aura pas de désarmement en Côte d’Ivoire sans notre accord. Il est nécessaire que les accords de Accra III soient votés avant qu’ils insistent sur un désarmement. Toute la France et Jacques Chirac soutiennent Ado sur le chemin du pouvoir dans les cinq mois, c'est-à-dire en mars. Nous avons recruté des mercenaires qui sont en train d’être formés au Mali et au Burkina Faso. En mars, nous conduirons Ado au pouvoir avec l’assistance des mercenaires en formation par des officiers burkinabé et maliens. C’est notre but que de mettre Ado au pouvoir." "Je reviendrai en décembre avec le président Blaise Campaoré et vous présenterai les mercenaires. Ouattara reviendra en mars pour prendre le pouvoir."

L’orateur suivant fût Blaise Campaoré, le président du Burkina Faso qui a remercié Pouchet et Chirac. Il a critiqué le gouvernement de Côte d’Ivoire pour avoir ignoré les droits de Ouattara et a dit : "C’est mon nom qui est terni avec cette question. Au Burkina, mes officiers font un travail remarquable avec les mercenaires pour les préparer. Je vous soutiens. Nous sommes en train de préparer les choses pour vous depuis là-bas. N’ayez crainte, nous gagnerons cette bataille sous peu. Dans cinq mois tout sera prêt".

Fofie Kouakou, un dirigeant local s’est levé pour se plaindre. Il a dit : "C’est cette rébellion qui a tué nos enfants. Je reconnais que nous sommes fatigués et que nous ne pouvons poursuivre la rébellion dans notre région. Le nord n’a en rien profité de cette rébellion. Ado est notre fils. Nous luttons aussi pour lui mais ses hommes ne cessent de nous punir chaque jour. Mais si c’est comme le dit l’homme blanc, nous serons au pouvoir en mars et nous lutterons aussi pour cela.Mais avant de partir, s’il vous plaît instruisez vos hommes de ne pas maltraiter nos enfants, surtout nos filles".

La prochaine réunion importante a eu lieu le 20 février de 10h00 à 14h.20 à Sikasso, au Mali. Il y avait à cette réunion le président Campaoré, le président et hôte Touré, Philippe Pouchet, représentant de Chirac, le colonel Cyrille Dubott, représentant l’armé française basée au Gabon, Wattao, l’imam Idriss Koudouss, plusieurs maires et commandants militaires de la "Brigade Bleue". La réunion a été ouverte par Touré qui a dit regretter que tout le monde doive faire ce voyage mais que c’était mieux de se rencontrer en-dehors de la Côte d’Ivoire. Il a dit que la victoire était à portée de main et que Pouchet allait l’expliquer.

Pouchet a pris la parole et a présenté le colonel Dubott, spécialement choisi par le président Chirac."Il a été choisi pour cette mission parce qu’il est inconnu en Côte d’Ivoire". Pouchet a continué en disant que le colonel l’accompagnerait à Abidjan pour demeurer à l’hôtel Tiama pendant quatre jours. Là, ils planifieraient les détails du coup et coordonneraient les attaques des mercenaires sur la capitale. "La ville d’Abidjan sera prise dans la nuit du 22 au 23 mars et la prise de pouvoir devrait être achevée dans l’après-midi du 23". Le plan prévoit de mettre en scène une "invasion" par les mercenaires et les soldats français pour le maintien de la paix interviendront aux côtés des mercenaires, proclamant que des attaques contre des étrangers étaient perpétrées par les forces loyales à Gbagbo. A cette fin, plusieurs provocations et incidents auront lieu afin de convaincre le monde que les troupes de Gbagbo s’agitent.

Pouchet a souligné que la raison du calendrier réside dans le fait que les Forces Licorne (le contingent militaire français) sera obligé de quitter aux alentours du 4 avril si le mandat des Nations Unies n’était pas renouvelé. "Ainsi nous avons le devoir d’évincer Gbagbo pour le remplacer par Ouattara avant cette date". Pouchet et Ouattara attendront au Gabon à partir du 18 mars. Les mercenaires formés par Campaoré attendront à Bouaké jusqu’au 17 mars, après quoi ils seront transférés à Port Bouet. Le nouvel équipement sera rendu disponible par des convois de 4x4 conduit par Idriss Koudouss. Ils rejoindront les rebelles qui commenceront à s’infiltrer à Abidjan dès le 20 mars. A ce moment l’équipement lourd et les armes provenant du Burkina Faso seront rendus disponibles et les rebelles se mettront à leur place désignée à Abidjan. Le matin du 22, le Rdr a prévu de mettre en scène une marche à travers Abidjan à laquelle participeront des rebelles. Le colonel Dubott dispersera ses mercenaires en des endroits choisis de la ville. Puis après une perturbation programmée, le coup commencerait. Les supérieurs services de renseignement ivoiriens a fait avorté ce coup.

Ce n’était pas la première fois que les Français tentaient un coup d’Etat en Côte d’Ivoire. Il y a eu trois tentatives, bien documentées, de coup d’Etat contre Gbagbo. En effet, les intéférences et les actions meurtrières de la Force Licorne française ont été documentées par ses propres chefs. Un livre récent du lieutenant-colonel Georges Peillon, "le Grand Silence", décrit le soutien français aux rebelles ivoiriens et ne laisse aucun doute quant aux interférences françaises dans la démocratie et le soutien clandestin aux rebelles qu’il décrit dans des termes cinglants. Il écrit : "Le problème de la zone du nord est qu’elle n’a pas d’organisation administrative qui fonctionne. Il y avait des bandes armées appelées les Forces Nouvelles qui ont pillé tout ce qui rappelait l’administration. On pouvait acheter au marché de Bouaké des patates frites emballées dans des certificats de naissance".

Peillon, écrivant sous le nom de plume Georges Neyrac, était le porte-parole de la Force Licorne. Le rôle perfide de Chirac et de son acolyte de Villepin est décrit en détail dans le livre ainsi qu’en 2004, l’ordre, scandaleux, de tuer des manifestants innocents, donné par Michèle Alliot-Marie. Pouchet, "l’agitateur résident" de Chirac, a participé à de nombreuses réunions au Burkina Faso, au Mali et en territoire rebelle et a fomenté des coups d’Etat contre le gouvernement de Gbagbo. Les procès-verbaux de plusieurs de ces réunions ont été rendus publics.

Le 20 août 2005, le général Matthias Doué, que le président Gbagbo a remplacé dans son rôle de chef d’Etat-major, au mois de novembre précédent, par le Général Philippe Mangou, a publiquement appelé à la démission du président Gbagbo et a menacé de recourir à "tous les moyens nécessaires" si la communauté internationale n’assurait pas son départ. Dans l’un des enregistrements, il a annoncé une mutinerie des troupes de Gbagbo. Doué et ses complices se sont réunis à Korhogo le 22 août 2005 pour comploter leur révolte. Doué est arrivé dans un convoi de 4x4 donnés par Campaoré. Là, il a rencontré Sherif Ousmane, Wattao, Soumaila Bakayoko et Kousako Koffie (tous des seigneurs de la guerre d’opérette).

Au cours d’une réunion de quatre heures, il les a assurés qu’il était de leur côté et a promis qu’il y aurait des mercenaires"burkinabé, tchadiens gabonais, etc", formés par les Français , pour les aider. "Nous avons le soutien d’un certain nombre de chefs d’Etat africains et européens. Cette opération aurait pour nom de code " Opération Tulipe Rouge".

Pour ces attaques, Sheriff Ousmane, Wattao, Hervé Vetcho et Morou Ouattara conduiraient les troupes sur le terrain. A Abidjan, pendant que ces attaques simultanées auraient lieu sur tous les fronts, Doué et ses nouveaux compagnons de rébellion avaient l’intention de générer un soulèvement populaire. Ils ont échoué.

Doué n’a pas été le seul officier supérieur a exprimer son insatisfaction. En juin 2006, le colonel Yao Yao, ancien porte-parole de l’armée, a été licencié et arrêté et interrogé quelques jours plus tard, ensemble avec le colonel major Désiré Bakassa Traoré, le commandant du Bureau national de protection civile, le général à la retraite Laurent sa Traoré, commandant du Bureau national de protection civile ainsi que le général à la retraite Laurent M’Bahia. A sa libération, le colonel Yao Yao est parti se cacher et a ouvertement défié la présidence de Gbagbo, par exemple, en menaçant que, lui et Doué reviendraient "assumer leurs responsabilités".

Les Français ont encouragé, soutenu et hébergé ceux qui tournaient leur veste ainsi que les dissidents et leur ont donné une voix sur la scène internationale. On doit préciser que lorsqu’on dit " les Français", ceci a une signification particulière. A la différence des démocraties habituelles, la version française de démocratie est un cas spécial. Traditionnellement, les Affaires étrangères sont la prérogative particulière du président. Le ministre des Affaires étrangères ne fait rien de plus qu’entériner ses politiques. La France est le seul pays occidental où les affaires étrangères ne sont pas débattues à l’Assemblée nationale. La souveraineté du peuple français est inexistante, pas plus qu’elle ne peut être exprimée, même si le peuple élit le président directement.

La guerre contre la Côte d’Ivoire et Gbagbo était celle de Jacques Chirac. C’est dans un accès de colère qu’il a ordonné aux soldats français, "pour le maintien de la paix", d’attaquer et détruire les forces aériennes de Gbagbo. C’était son ordre d’envoyer une centaine de tanks encercler l’hôtel Ivoire et la résidence du président Gbagbo. C’était sa décision de permettre aux soldats d’ouvrir le feu sur la foule de jeunes qui chantaient, sans armes et qui ne menaçaient personne, cherchant seulement à empêcher les Français d’orchestrer un coup d’Etat ou de tuer le président Gbagbo. C’était lui, Michel de Bonnecorse, le conseiller pour l’Afrique, la ministre de la Défenses Michèle Alliot-Marie et le chef du Dgse, Pierre Borchand, qui ont fait et contrôlé la politique et les programmes français en Afrique. Ils étaient aidés par des agents français, assignés à des tâches clandestines sous couvert de compagnies françaises comme Bouygues, Delmas, Total et d’autres multinationales, posant comme des employés expatriés. Ceci est une attitude néocoloniale normale. Toutefois, cette fois-ci les Français ont réussi à impliquer la "communauté internationale" et même à obtenir son soutien.

Ces constantes attaques contre Gbagbo, le FPI et les Ivoiriens n’ont jamais cessé. Pas plus qu’il n’y a eu le moindre mouvement en faveur du désarmement promis. Les rebelles ont refusé de désarmer. Ils exigeaient d’être intégrés dans les Fanci (l’armée nationale), tout en gardant leur grade et en recevant les arriérés de solde pour la période durant laquelle ils étaient dans la rébellion. L’absence de désarmement a été cruciale. Afin de procéder à la prochaine élection, il était nécessaire de préparer le registre des électeurs et de mettre sur pied une infrastructure minimale pour exécuter les fonctions administratives de gouvernance.

Pratiquement tous les fonctionnaires, les enseignants, les médecins, les ingénieurs et autres professionnels avaient fui le nord lorsque la rébellion a commencé. Il n’y avait pas d’écoles, d’universités, de banques, d’hôpitaux ou d’administration urbaine qui fonctionnent entre 2002 et 2010, lorsque les élections étaient prévues. Les rebelles ont détruit presque tous les dossiers administratifs : les enregistrements de naissance, les certificats de décès, de mariage, de propriété, d’impôts, les certificats scolaires, de citoyenneté, de permis de conduire, les dossiers médicaux, les dépôts bancaires, etc. Personne dans le nord ne payait d’impôts sur le revenu, de droits douaniers ou autres taxes au gouvernement de Côte d’Ivoire. Toute l’électricité dans le nord provenait du gouvernement dans le sud comme l’eau, le carburant, les systèmes de communication Ces prestations étaient maintenues par les Français, propriétaires de ces monopoles au cours de la sécession du nord bien que nombreux ont été ceux qui imploraient Gbagbo de priver le nord d’eau, de carburant et du téléphone pour le renvoyer à l’âge de la pierre.

L’ardoise est échue au sud à des taux de change extraordinaires imposé par les Français. Gbagbo aurait facilement pu mettre un terme à ces services simplement parce que le nord ne payait pas ses factures et non pour des raisons politiques. Gbagbo a refusé et donc le sud subventionnait le nord.

Sans désarmement, les administrateurs envoyés enregistrer les électeurs avaient peur. Les rebelles les ont harcelés et la population qui s’enregistrait était incapable de fournir la preuve quant à leur identité. Les rebelles tenaient des rallyes en plein air, entourés de soldats, lors desquelles le nom de personnes était ajouté au registre électoral, au petit bonheur la chance. C’était un exercice frauduleux, particulièrement lorsqu’ils enregistraient des rebelles burkinabés, libériens et maliens comme citoyens ivoiriens ayant le droit de vote.

Les Français sont intervenus et ont pris sur eux la responsabilité d’établir le registre des électeurs. Au cours de la longue période de préparation pour les élections en Côte d’Ivoire, les Français ont imposé la compagnie Sagem, une filiale de Safran, comme élément de préparation, ensemble avec l’organisation nationale Inec, afin de compiler la liste des électeurs pour les prochaines élections. Le contrat devait initialement coûter 120 millions d’euros. Ceci devait inclure la préparation d’un registre électoral et les bulletins de vote appropriés. Non seulement ceci a pris un temps considérable mais en plus c’était peu fiable et plein de défauts.

Le problème fondamental était que la volonté de trouver une solution à ces conflits s’est évanouie. Jusqu’en mars 2007, lorsque les parties au conflit se sont rencontrées à Ouagadougou pour signer l’Accord de Ouagadougou , qui formait la base de la structure politique révisée, le nord et le sud montraient au moins qu’ils avaient un point de vue. Après Ouagadougou, le conflit d’idées et d’initiatives politiques ont fait place aux jeux de coudes pour l’obtention d’avantages dans une élection constamment repoussée.

Le résultat en a été du retard et de l’insatisfaction. Ils avaient un gouvernement, fait d’un cabinet composé de partis bâtards et traîtres, totalement incapables de se mettre d’accord sur une cohérence économique ou une politique sociale ou politique.. Il y avait une armée qui mêlait les rebelles et les loyalistes qui n’acceptaient pas les ordres d’un commandement central, affaiblie par des rumeurs continuelles de complots et de coup d’Etat. Les seigneurs de la guerre de la Nouvelle Force n’étaient pas satisfaits de Soro (leur commandant) qu’ils menaçaient régulièrement de tuer.

Les seuls à être satisfait de cet état des choses étaient les Français. Ils avaient réussi à rétablir leur mainmise néocoloniale sur le pays. Leurs compagnies étaient revenues en force en Côte d’Ivoire et contrôlaient 65% de tout le commerce. Les Nations Unies avaient été d’accord pour payer pour la plupart des troupes de maintien de la paix, incluant les Français. Les nations de la Communauté européenne subventionnaient en partie le processus "d’identification", ce qui a mis des millions d’euros dans la bourse des compagnies françaises. Les Ivoiriens au nord comme au sud étaient impuissants et ont dû se contenter de se disputer les meilleures places dans le Titanic ivoirien.

Lors du cinquantième anniversaire de son indépendance, les politiciens de la Côte d’Ivoire ont annoncé que les élections tant de fois repoussées auraient lieu le 31 octobre 2010. Malheureusement, pour la plus grande partie de la population ivoirienne, les élections ne seront qu’une plaisanterie cruelle. Les élections sont supposées résoudre des problèmes, clarifier des questions politiques et donner la responsabilité aux partis et aux vainqueurs de mettre en œuvre les programmes annoncés durant la campagne.

Dans cette élection les partis n’avaient au programme. La moitié du pays était occupée par un ramassis de pirates et de soldats ratés. Aucun désarmement effectif des bandits n’avait eu lieu. Les registres électoraux n’avaient aucune légitimité pas plus que le processus électoral. Les forces françaises et leurs supporters des Nations Unies dominaient la sécurité du pays et les anciens partis politiques évanescents étaient empêtrés dans l’indécision. C’était la pagaille. Bien que Gbagbo ait l’avantage sur son rival au premier tour, un deuxième tour était nécessaire pour départager Gbagbo et Ouattara. Le scrutin décisif a été frauduleux, avec des trucages dans les bureaux de vote du nord, l’intimidation des soldats et l’incompétence mathématique dans l’évaluation des résultats.

Alors que les résultats provenaient de tout le pays, les observateurs donnaient l’avance de Gbagbo par rapport à Ouattara. Vers la fin du dépouillement, l’équipe de Ouattara a déclaré que ce dernier était le vainqueur. Sa victoire fût annoncée au quartier général de campagne de Ouattara par son directeur de campagne. Ce qui n’avait ni légalité ni légitimité, mais la communauté internationale a commencé à claironner que Ouattara avait gagné. Les urnes contenant les bulletins de vote ont été récoltées par la Commission électorale et remises à la Cour Constitutionnelle, l’organe légal créé pour décider de la validité constitutionnelle d’une élection.

Français, vivement stimulés par leur récente intervention en Guinée où ils ont réussi à avancer leur pion, Alpha Condé, jusqu’ à la présidence, étaient persuadés que leurs manipulations du registre électoral et leur protection du leadership rebelle du nord leur donneraient un avantage indiscutable dans le résultat des élections. Toutefois, le truquage manifeste dans plusieurs districts électoraux du nord (où plus de personnes ont voté qu’il n’y en avait dans le registre électoral) et où des rebelles armés encerclaient les bureaux de vote afin de s’assurer que les électeurs voteraient "correctement", étaient si flagrant, qu’un véritable décompte n’a pas pu avoir lieu dans le temps imparti.

La Cour constitutionnelle a examiné la situation et les procédures de vote et a déclaré que le président Gbagbo avait été réélu.

A ce moment, les Français, les Nations Unies et leurs acolytes (l’Union européenne et Hillary Clinton) ont dit que Gbagbo devait se retirer malgré sa victoire. Ils ont fait l’effort de persuader la Cedeao d’utiliser la violence contre la population civile de la Côte d’Ivoire. Les Français étaient plus déterminées que jamais d’en persuader d’autres à livrer leurs batailles si les méthodes de cow-boy ne suffisaient pas. Les gouvernements du Ghana, d’Afrique du Sud, du Zimbabwe et d’autres ont exigé que la Cour Constitutionnelle soit entendue et que sa décision soit respectée. Mais les fédérations des mendiants, des bouffons et des imbéciles, qui constituent la majeure partie de la grande dépendance africaine à la Françafrique, ont remporté la partie au sein de la Cedeao.

Cette confrontation a duré plus ou moins un mois, avec Ouattara et ses acolytes retranchés à l’hôtel Golf à Abidjan, protégés par l’armée française et les Casques bleus des Nations Unies. La violence a commencé à éclater dans les campagnes, dans l’ouest où des bandes de rebelles enragés ont rejoint les Dozos dans un programme massif de massacres et de génocide. Des milliers ont été tués, blessés, violés, chassés de leur maison cependant que les gens du nord, soutenus par les Français et les troupes des Nations Unies ont déferlés sur les villages de civils. Des combats ont aussi éclaté à Abidjan.

Les Nations Unies ont emprunté trois hélicoptères armés MI-24 à l’Ukraine. Ils ont été acquis par les Casques Bleus des Nations Unies qui les ont stationnés à Bouaké dans le nord. C’est là que se trouvait le quartier général des rebelles. Le brigadier général Benjamin Freeman Kusi, le commandant en chef des Casques Bleus en Côte d’Ivoire (Onuci) a donné l’information le 27 février 2011 concernant l’arrivée des 24 hélicoptères. Sans aucun sens de l’ironie, il a écrit : "Mission : afin de renforcer temporairement la capacité d’action de l’ONUCI nous avons déployé trois Coast 3x MI-24 hélicoptères de combat, ce qui permettra aux forces des Nations Unies de maintenir la paix et la sécurité dans le pays. Ce sera initialement une force de dissuasion et de défense. Cette unité opérera particulièrement sur l’axe Bouaké-Yamoussoukro.Abidjan mais avec des capacités opérationnelles sur tout le territoire national". Ces hélicoptères ont été utilisés presque exclusivement contre la population civile de Côte d’Ivoire, se positionnait à environ 2 miles (environ 3,2 km) de leurs objectifs et tirant sans discrimination aucune sur l’objectif, tuant et blessant des civils par milliers. Des tanks et des hélicoptères français se joignaient à eux dans ce barrage de tirs dans les régions civils, tuant de nombreux autres. Après une résistance acharnée, les Nations Unies et les hélicoptères français ont lâché de la grosse munition sur le palais présidentiel. Les Forces spéciales françaises ont pénétrés dans la maison du président et ont capturé les dirigeants qui y étaient rassemblés. Les soldats français ont alors remis leurs prisonniers aux forces de Ouattara.

Nombreux sont ceux capturés qui ont été maltraités, insultés, battus sur les lieux même de leur capture. D’autres ont été emmenés par les rebelles pour être torturés. Le président et son épouse ont été emmenés hâtivement hors d’Abidjan vers les prisons du nord pour éviter toute tentative de sauvetage. Par la suite, Gbagbo a été remis au Tribunal Pénal International (Tpi). Son épouse est toujours détenue dans le nord. De nombreux soldats policiers loyaux ont fui vers le Ghana et le Liberia en quête d’asile. Ouattara s’est proclamé président et les rebelles ont tous pris des emplois dans la nouvelle administration.

L’implication des forces des Nations Unies est de la responsabilité directe de M. Ban Ki Moon. Il n’y a pas eu d’autorisation du Conseil de sécurité des Nations Unies pour cette politique de violence et d’extermination. Il y avait un embargo international de livraison d’armes à ce pays, émis par les Nations Unies. Le feu vert pour tuer des civils désarmés a été donné le 26 février 2011 par le sbire et combinard Ban Ki Moon, Choi, qui avait été nommé représentant des Nations Unies en Côte d’Ivoire.

Lors d’une interview donnée par les Casques Bleus à Abidjan à l’hôtel Sebroko, ils ont déclaré avoir reçu un ordre clair de Jin Choi, d’ouvrir le feu sur toute personne qui se trouverait sur le chemin de l’opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire. Lorsqu’ils ont demandé à Choi si cela incluait des civils désarmés, Choi a répondu " tirer sur tous ceux qui interfèrent avec l’exercice de votre devoir, le Boss (Ban Ki Moon) nous a donné le feu vert. Il ne se passera rien" (TWN radio 26/2/11)

L’implication des Nations Unies dans un génocide n’est pas sans précédent mais devrait néanmoins être passé en revue. Les conséquences immédiates se sont présentées dès le lendemain à Daloa, la troisième ville du pays. Là un officier de police, le fils de Martin Groguhet, ancien adjoint du maire PDCI de Daloa, a été abattu d’une balle dans le dos au moment où il quittait le quartier général de UNOCI, après avoir libéré, par des négociations pacifiques, trois jeunes patriotes pris en otage par des soldats. Il n’y a eu aucune sommation. Pas plus que de suite judiciaire. Dans toute la Côte d’Ivoire, les rebelles, qui avaient été pourvus d’armements lourds par les Nations Unies ont attaqué Fanci et Fds (forces gouvernementales) Lorsqu’ils répliquaient, les rebelles- généralement revêtus de l’uniforme des Nations Unies - faisant usage de leur "ordre de tuer", selon la permission donnée par Choi d’utiliser leurs armes lourdes contre des populations civils. Les hélicoptères des Nations Unies ont été utilisés pour détruire un supermarché à Cocody.

Où, hormis dans le plus grand asile de psychopathes non surveillés de Turtle Bay, une telle situation fait-elle sens ? Qui a donné autorisation pour une politique de "shoot to kill" (tirer pour tuer) aux troupes des Nations Unies ? Les rebelles étaient supposées avoir été désarmés. Ceci faisait en effet partie de tous les traités et accords signés. Comment se fait-il que les Nations Unies contribuent des lance-roquettes, des mines, des tanks et des hélicoptères en dépit de son propre embargo sur les livraisons d’armes ? Quel genre de folie est-ce là lorsque le matin, les Nations Unies débattent de sanction contre la Libye pour faire précisément ce que les Nations Unies s’apprêtent à faire contre la Côte d’Ivoire lors de la session de l’après-midi ?

Le corpus delicti au sommet : le Secrétaire Général.. Il est non seulement incompétent et ignorant mais aussi un imbécile moral qui a couvert de honte les Nations Unies. Dans un discours lors de l’International Defense Dialogue (mars 22-25 2012) à Jakarta, en Indonésie, Ban Ki Moon a reconnu que la réussite de l’opération de maintien de la paix en Côte d’Ivoire n’aurait pas été possible sans les troupes ukrainiennes "… Nous n’aurions peut-être pas prévalu sans la contribution d’un pays : l’Ukraine qui nous prêté trois hélicoptères de combat à un moment crucial".

Trente-huit Casques bleus du 56ème escadron séparé des Forces Armées Ukrainiennes, participant à la mission des Nations Unies au Liberia, ont participé à l’opération de maintien de la sécurité dans la période précédant les élections présidentielles en décembre 2011 en Côte d’Ivoire. Le 19 janvier 2011, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a adopté la résolution 1967 qui doit renforcer la mission de maintien de la paix en Côte d’Ivoire. A ce moment l’Ukraine a reçu une note officielle du secrétriat des Nations Unies sollicitant de l’assistance et une requête personnel du secrétaire général Ban Ki Moon pour du soutien aux forces de maintien de la paix de la région.. Ban Ki Moon a ajouté dans sa note personnelle, la permission aux Ukrainiens d’étendre leur rôle au-delà de la défense

Puis Ban Ki Moon a annoncé qu’il avait demandé des drones pour les Nations Unies afin de surveiller la frontière entre la Côte d’Ivoire et le Libéria. L’envoyé des Nations Unies croit que des drones sont nécessaires pour compenser la diminution du nombre du personnel des Nations Unies. Il avait déjà procédé à de tels arrangements pour la République démocratique du Congo pour surveiller la frontière avec le Rwanda et l’Ouganda. L’ouest de la Côte d’Ivoire a déjà été le théâtre de raids de supporter de l’ancien président Gbagbo, destitué pendant la guerre de 2011.

Il y a en effet eu beaucoup d’agitation dans l’ouest. Là, de nombreux paysans de cette riche région de culture du cacao, las d’être attaqués, tués et battus par les forces de Ouattara et les Dozos, ont abandonné leur ferme et sont allés chercher asile, qui dans son ethnie au Liberia, qui dans des camps de réfugiés. Leurs anciens travailleurs, connus sous le nom générique de "Mossi" (immigrants du Burkina Faso et du Mali) ont pris en charge ces fermes et se les ont appropriées. Ouattara vient juste de déclarer que ces travailleurs burkinabés sont maintenant des citoyens ivoiriens par voie de décret (méthode selon laquelle il est devenu ivoirien) et ont reçu les titres de propriété des terres qu’ils ont accaparées au détriment de leurs anciens employeurs qui avaient cultivé ces terres pendant des générations. S’emparer du patrimoine des paysans est un sûr moyen de créer des turbulences.

Au jour d’aujourd’hui, la Côte d’Ivoire est une fois de plus une colonie française, sinon en titre, du moins dans les faits. Ouattara n’a pas de base politique, à l’exception des Français, et vit dans la peur de se faire assassiner. Il voyage en permanence parce qu’il craint que ses amis rebelles ne lui fassent la peau. Les seigneurs de la guerre, Vetcho et Ouattao sont toujours occupés à leur trafic de diamants avec leur partenaire, Campaoré. Avec la mort de IB Coulibaly, Soro est un plus en sécurité mais toujours nerveux. Le pays est en déclin et Ouattara – comme Pétain- vient d’annoncer qu’il allait gouverner par décrets.

Pour faire court, malgré les milliers de morts, le déplacement de milliers d’autres, il n’y ni sécurité, ni justice ou progrès en cours dans le pays. Deux rapports récents de Human Rights Watch et d’Amnesty International dénoncent la situation. Il y a une "justice du vainqueur" dans une opération qui a incarcéré des centaines de supporters de Gbagbo et du Fpi dans tout le pays. Le Front Populaire de Côte d’Ivoire) a toujours quelque 670 supporters emprisonnés dans tout le pays deux ans après l’arrestation de leur chef, Laurent Gbagbo, transféré le 30 novembre 2011 au TPI à La Hayes., selon Amnesty International (26 février 2013), La Ligue ivoirienne des Droits de l’homme (3 avril) et Human Rights Watch (4 avril).

Ces organisations ont identifié 668 détenus ( le 29 mars 2013), personnel militaire et civil incarcérés dans des douzaines de prisons d’Abidjan à Korhogo, en passant par Bouna, Dimbokro, Boundiali, Man, Seguela, Katiola, Toumodi et Odienné. La prison principale, Maca, en détient 514. La plupart d’entre eux sont poursuivis pour "atteinte à la sécurité de l’Etat", "violation de la défense nationale", "génocide", "perturbation de l’ordre public" en relation avec le deuxième tour de l’élection présidentielle en novembre 2010. D’autres ont retrouvé la liberté. La plupart des dirigeants restent en prison ou en résidence surveillée.

Les anciens ministres, Geneviève Bro-Grebe et Abou Drahamane Sangaré, ainsi que l’ancien chef de Cabinet de Gbagbo, Narcisse Kuo Téa, sont emprisonnés à Katiola au centre du pays. L’ancien Premier ministre Pascal Affi Nguessan à Bouna, près de la frontière avec le Ghana, ensemble avec le fils de l’ancien président, Michel Gbagbo et l’ancien ministre Moïse Lida Kouassi, extradé du Togo en juin 2012. L’ancien gouverneur de la Bceao, Philippe Henri Dacoury Tabley, est détenu à Boundiali, l’ancienne Première dame de Côte d’Ivoire, Simone Ehivet, est incarcérée à Odienné, dans le nord-ouest. Charles Blé Goudé est détenu au quartier général de la Dst à Abidjan.

Aucun des criminels, violeurs, voleurs, bandits et meurtriers du parti de Ouattara n’a été arrêté bien que leurs crimes soient notoires. Voilà une étrange forme de justice. Les Français prospèrent. En fait, ils ont demandé des compensations pleines et entières pour des dommages à leurs propriétés au cours des émeutes, après avoir tué des innocents à l’hôtel Ivoire, plus le doublement des compensations pour le manque à gagner.

Toutefois, il y a une recrudescence de l’agitation dans le pays alors que le pillage du pays perdure. Des pseudo élections municipales ne sont pas le remède. La France est maintenant au plus bas dans le monde entier. Son économie est en ruine, son armée a atteint ses limites au Mali et en République centre africaine et sa capacité militaire est grandement réduite. Il n’y a jamais eu d’époque où elle était plus vulnérable et dépourvue d’argent, de cohésion et de soutien international. Ceci nous semble le moment propice pour examiner comment sa faiblesse peut être exploitée pour la libération de la Côte d’Ivoire et pour mettre un terme, une fois et pour toute, aux liens coloniaux français.

Il y a des esprits qui hantent la terre, les esprits des morts, des torturés, des disparus. Et les esprits des ancêtres murmurent que la terre qu’ils ont cultivée, sur laquelle ils ont élevé leurs enfants, la terre dans laquelle ils sont ensevelis, il ne doit pas être permis aux étrangers de prendre cette terre. C’est peut-être le bon moment.

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** Dr Gary K. Busch, de nationalité américaine, est un spécialiste de la politique en Afrique. Texte traduit de l’anglais par Elisabeth Nyffenegger.

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