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DS

Ce n’est pas un énième appel au secours financier des pays occidentaux, de la France en particulier, qui permettra d’avancer dans la solution des problèmes tunisiens. L’amorce de leur solution passe par la mise en œuvre d’un plan souverain de développement et l’ouverture de négociations avec des partenaires susceptibles de le soutenir.

Les protestations de masse ont repris en Tunisie, depuis le 20 janvier, à Kasserine, puis à Tunis et dans tout le pays. Comme prévu, la poursuite par le gouvernement d’une prétendue « union nationale » (qui va des islamistes de Nahda à la gauche, en passant par les Bourguibistes et les rescapés du régime défunt de Ben Ali) d’une politique néolibérale, n’a permis aucun progrès social depuis cinq ans et a même conduit à la poursuite de la dégradation des conditions sociales. Les éloges inconsidérés prodigués à l’encontre de ce gouvernement par les « démocrates » occidentaux de tous poils ont démontré leur futilité.

Dans la table ronde que nous (Forum du Tiers monde-Fma) avions organisée au Forum social mondial de Tunis en mars 2015, nous avions expliqué que l’amorce d’une réponse aux justes revendications du peuple tunisien exigeait une autre politique économique, en rupture avec le néolibéralisme. Le Secrétaire Général de l’Ugtt, Hussein el Abassi, rappelait dans son intervention, avec des arguments puissants et convaincants, que « rien n’était encore réglé en Tunisie, et que la démocratie électorale, sans la mise en œuvre parallèle de politiques économiques et sociales nouvelles et audacieuses, ne donnerait rien de bon qui puisse stabiliser le pays».

Ce n’est pas un énième appel au secours financier des pays occidentaux, de la France en particulier, qui permettra d’avancer dans la solution des problèmes tunisiens. L’amorce de leur solution passe par la mise en œuvre d’un plan souverain de développement et l’ouverture de négociations avec des partenaires susceptibles de le soutenir : la Chine, voire l’Algérie voisine, les Brics.

Il est temps, maintenant que le peuple tunisien reprend l’initiative, que tous les démocrates du monde comprennent enfin ce que sont les objectifs réels de la stratégie des puissances impérialistes, de leurs amis locaux (les Islamistes de Nahda, les Bourguibistes et les « rescapés » du régime défunt de Ben Ali), et même d’un bon nombre d’organisations engagées dans les combats démocratiques sur de multiples fronts.

Les forces réactionnaires dominantes poursuivent un seul objectif : maintenir la Tunisie dans son statut de pays subordonné aux exigences du déploiement du capitalisme impérialiste des monopoles financiers ; rien de plus. Les discours sur « la démocratie », les propos faussement naïfs tenus à l’égard de la Nahda qualifiée de « convertie à la cause démocratique », ne sont là que pour jeter de la poudre aux yeux et retarder la prise de conscience politique nécessaire des classes populaires engagées dans le combat.

La poursuite de la politique imposée par les puissances occidentales ne peut qu’encourager l’implantation des réseaux « terroristes ». Les dirigeants de l’Occident « démocratique » le comprennent certainement ; mais c’est ce qu’ils veulent ; leur unique crainte est que les peuples prennent en mains la conduite de leurs affaires.

A luta continua.

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** Samir Amin est président du Forum du Tiers monde

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