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L’humanité noire et le droit des Noirs de nouveau sur la sellette aux Etats-Unis
RCP

Le meurtre aux Etats-Unis de Trayvon Martin, âgé de 17 ans, appelle à un nouveau mouvement pour la dignité humaine rassemblant toutes les forces progressistes et ceux réellement engagés en faveur de la liberté, de la justice et de l’égalité pour tous en Amérique.

"Commençons par bannir de nos esprits qu’il s’agit d’une malheureuse victime de l’injustice. Le concept même d’injustice repose sur le postulat de droits égaux". Cette citation de Richard Wright, rappelle que les conséquences de l’esclavage font toujours partie du tissu social et politique des Etats-Unis d’Amérique.

De temps à autre, dans l’histoire des sociétés humaines, il y a des incidents ou des séries d’incidents révélateurs des contradictions centrales d’une société. L’acquittement de George Zimmerman, dans le cas du meurtre de Trayvon Martin à Sanford en Floride, est de ces incidents qui font ressortir toute l’histoire du racisme, du ciblage racial, des vigiles blanches et de la réalité que les Noirs et leurs alliés doivent organiser le changement du système.

Il n’y a guère de personne décente qui n’ait été émue par le verdict prononcé le 13 juillet 2013. Tout au long du procès et suite au verdict, il devenait évident que le système américain faisait le procès d’un adolescent désarmé, Trayvon Martin, qui a été assassiné par un traqueur armé.

Le procès a déshumanisé Trayvon Martin, ridiculisé son amie Rachel Jeantel et fait du meurtrier, George Zimmerman, une victime. George Zimmerman a été dépeint comme quelqu’un qui ne faisait que de se défendre et n’a pas été jugé coupable de meurtre ou d’homicide. Quel est ce système légal qui justifie des lois comme Stand your Ground (Ne vous laissez pas intimider !) qui ont, en partie, fait office de fil conducteur au jury qui a acquitté Zimmerman ?

Les lois Stand Your Ground contribuent davantage à la violence par les armes, en déclarant qu’un individu peut être en droit de faire usage de force létale, plutôt que de battre en retraite dans des situations dans lesquelles il peut éprouver "raisonnablement la crainte d’une mort imminente ou de blessures graves pour lui-même ou une autre personne lors de l’usage d’une force défensive dont l’intention ou la probabilité est de causer la mort ou de blesser grièvement". Bien qu’elle ne fût pas invoquée au cours de ce procès, l’application de cette loi, lors des délibérations du jury, a fait le jeu de Zimmerman qui, dans sa version des faits, a déclaré avoir eu recours à son arme dans un but d’autodéfense parce que il s’était senti en danger suite à la bagarre qu’il a commencée avec l’adolescent qui s’occupait de ses affaires ce soir-là.

Il y a eu de nombreux commentaires sur ce cas, offrant les illustrations les plus récentes du fait que les Noirs n’ont pas droit à l’égalité devant la loi aux Etats-Unis. Dans le monde entier, des gens se demandent quel genre de société a un système qui permet à un Georges Zimmerman d’être libre ? Lorsqu’on cherche la réponse à cette question, on découvre que ce système de terreur sociale n’avait jamais l’intention de servir les besoins de personnes comme Trayvon Martin.

La Floride est un Etat de l’ancienne confédération qui a combattu contre la liberté des Noirs. La Floride était et demeure un de ces Etats où l’empreinte de la suprématie blanche se trouve sur pratiquement tous les aspects de la vie et tous ses citoyens se souviennent de la déshumanisation et du lynchage des Noirs dans cette société. D’une certaine façon, le meurtre de Trayvon Martin et l’acquittement de son meurtrier sont un rappel pour beaucoup de gens qui vivaient dans l’illusion que les Etats-Unis sont une société post-raciale.

Comme résident de cette société, nous nous souvenons immédiatement des précédents meurtres de Noirs comme Emmet Till, Amadou Diallo, Oscar Grant et des milliers de Noirs qui ont inutilement perdu la vie.

Dans cet article nous voulons analyser la conjoncture actuelle et la façon dont le meurtre de Trayvon Martin a servi à sonner l’alarme pour galvaniser un nouveau mouvement pour la dignité humaine.

SOUVENIRS DU RACISME ET D’UN SYSTEME JUDICIAIRE DESHUMANISANT AUX ETATS-UNIS ET EN FLORIDE

Le cas Zimmerman ramène en mémoire l’époque où le racisme aigu s’épanouissait aux Etats-Unis et en Floride particulièrement. Cette histoire se caractérise par les meurtres de Noirs par des Blancs en toute impunité, une vigilance blanche (qui permet à tout Blanc d’arrêter, d’interroger et de violer l’humanité de la personne noire) et un système légal conçu pour protéger les Blancs et leurs propriétés de l’homme noir.

Après le meurtre de Trayvon Martin par Zimmerman, il a fallu des mobilisations de masse et des protestations pour que les autorités locales arrêtent et inculpent le tueur qui était libre comme l’air plus d’un mois après avoir commis son crime. Ce genre d’indifférence des autorités face à la perte de la vie d’un Noir n’est pas nouveau en Floride. En 1923, Rosewood,, une ville noire de Floride, vivait dans la terreur. La ville avait été incendiée et abandonnée suite à un massacre des Noirs par des Blancs. Pourtant personne n’a été arrêté et on n’a demandé de compte à personne. Une femme blanche de la ville voisine de Sumner avait accusé un homme noir de l’avoir agressée et il s’en est suivi le lynchage d’un homme noir de Rosewood par des vigiles blancs. Les mesures défensives prises par la population de Rosewood contre d’autres attaques ont conduit à une chasse à l’homme et au massacre des Noirs, conduisant l’abandon de cette ville noire. Il n’y eut aucune arrestation.

Pendant que le système judiciaire garantissait l’absence d’arrestations et de véritable enquête sur des crimes contre les Noirs comme ceux commis à Rosewood, ces mêmes Noirs étaient immédiatement jugés coupables et déshumanisés à la moindre accusation provenant de Blancs. En 1949, à Groveland, en Floride, une femme blanche, Norma Padget, disait avoir été attaquée, elle et son mari, par quatre hommes noirs. En conséquence de quoi, les autorités de Floride ont procédé à des exécutions extrajudiciaires. Cet épisode est maintenant connu sous le nom de Groveland shooting

Cette même ville de Sanford où Zimmerman a tué Trayvon est l’une des deux villes de Floride (l’autre étant Jacksonville) qui, en 1940, a renforcé les lois ségrégationnistes afin de mobiliser la population contre l’icône du baseball afro-américain Jackie Robinson. Les actions de la population de ces villes ont fait que l’équipe de Robinson, les Dodgers, ont déplacé leur lieu d’entraînement vers la City Island Ball Park, en 1947. Aujourd’hui, les jeunes qui n’ont pas entendu parler de l’héritage de Sanford, en Floride, peuvent se faire une idée de ce legs raciste en voyant le film "42, sur l’expérience de Jackie Robinson dans la raciste Amérique.

Tous les citoyens des Etats-Unis, lorsqu’ils ont entendu la manière dont Zimmerman avait accosté Trayvon Martin, se sont souvenus de la Fugitive State Laws (la loi des esclaves fugitifs), qui donnait à tout Blanc le droit d’arrêter un Noir et de vérifier son statut. En 1793, le Congrès américain avait adopté des lois sur les esclaves fugitifs qui avaient encore été renforcées par ce même Congrès le 18 septembre 1850, comme partie du Compromis de 1850. Ces lois stipulaient que les esclaves fugitifs capturés devaient être ramenés à leur maître. N’importe quelle personne blanche pouvait arrêter une personne noire. C’est la tradition des vigiles blancs que George Zimmerman perpétue.

L’HUMANITE DES NOIRS ET LES DROITS EN AMERIQUE

L’argument avancé par les supporters de Zimmerman, y compris les avocats de la défense et un membre du jury (B37) est qu’il a tué Trayvon Martin dans un acte de légitime défense. Ils ont même prétendu que Trayvon a largement causé ou contribué à sa propre mort. Je ne suis pas surpris que cet argument ignore le droit de Trayvon, désarmé, de se défendre contre un étranger armé qui l’a suivi et l’a accosté dans l’obscurité. Ce qui suscite la question de savoir si les Noirs sont égaux aux Blancs devant la loi. Cette question est au cœur de la lutte des Noirs pour la dignité en Amérique.

De nombreux observateurs dans le monde doivent maintenant considérer cette réalité historique qui est que, dans de nombreux endroits des Etats-Unis, les Noirs ne sont pas véritablement considérés comme des citoyens à part entière. Depuis leur mise en esclavage, ils ont été considérés comme pas tout à fait humains. Ce point de vue qui présente les Noirs comme une sous-espèce avait été entériné dans la Constitution américaine où les Noirs ont eu à être désignés comme des 3/5 de personne. Il a fallu une grande guerre, la Guerre civile américaine, pour que les Noirs d’Amérique soient considérés comme des citoyens. Avant cette guerre, il y a eu des luttes légales et politiques, comme le cas Dredd Scott qui a vu la Cour suprême des Etats-Unis déclarer "qu’aucun Noir, esclave ou homme libre, ne peut revendiquer la citoyenneté américaine".

Le mois dernier, la Cour Suprême a rejeté le Voting Rights Act de 1965. Dans tous les aspects de la vie, les Noirs et les opprimés découvrent qu’ils doivent développer de nouvelles formes de lutte afin de changer le système social. Après la Guerre civile, après les mouvements pour les droits civiques, après l’élection d’un président afro-descendant, les progressistes découvrent que l’élimination du racisme requiert un changement de système. Depuis qu’un homme noir est devenu président des Etats-Unis, les forces conservatrices ont œuvré et manœuvré dans les bastions de nombreux Etats, pour élaborer des moyens destinés priver les Noirs et les minorités du droit de vote.

Après les luttes majeures contre l’esclavage et les rébellions pour les droits civiques, les cercles dirigeants des Etats-Unis avaient proclamé avec complaisance que les Etats-Unis étaient entrés dans une époque post-raciale. En fait, les médias n’ont spécifiquement pas fait usage du terme "racisme", le remplaçant par le concept de "race" pour déguiser et camoufler le racisme qui s’intensifiait ainsi que la brutalité à l’égard des Afro-américains. Ce camouflage n’a pu occulter le fait que dans les aspects de la vie les Noirs sont opprimés. Le pipeline qui mène de l’école à la prison a mis la population noire et de couleur dans un système carcéral lucratif dans lequel 70% des détenus sont issus de ces groupes. Les meurtres de Noirs par des racistes et la police n’ont pas diminué. Que la victime soit Amadou Diallo, Oscar Grant ou Trayvon Martin, les Noirs sont tués de façon routinière aux Etats-Unis.

L’acquittement de George Zimmerman a ouvert les yeux à des millions de personnes sur les conditions des citoyens de couleur ou des Noirs. Dans un effort pour créer la division entre les Noirs et les populations opprimées, les média ont prétendu que Zimmerman est un Latino. Mais ceci n’a pas caché ses intentions racistes et le ciblage dont Trayvon Martin a été l’objet. Toutes les classes de Noirs ont maintenant pris l’initiative et exigent que le département de la justice fasse comparaître Zimmerman dans un procès civil.

Le procureur général des Etats-Unis, Eric Holder, dans son discours le 16 juillet à la convention annuelle de la National Association for the Advancement of Colored People (Naacp) a parlé de sa propre expérience du ciblage racial, rappelant à l’audience que ces pratiques ont toujours cours. Il a, en partie, soutenu : "Il y a des années, certains de ces thèmes ont amené mon père à s’asseoir avec moi pour avoir une conversation - ce qui paraîtra familier à de nombreux d’entre vous. Il m’expliquait comment un jeune homme noir doit interagir avec la police, ce qu’il faut dire et comment me conduire si je suis arrêté ou confronté de façon que je juge injustifiée. Je suis sûr que mes parents avaient la certitude - à l’époque - que leur génération serait la dernière à devoir se soucier de telles questions pour leurs enfants".

Ce même Eric Holder est maintenant poussé par la colère d’une communauté nouvellement renforcée et mobilisée pour la justice sociale. Le jour d’avant son discours à la Naacp, il a fait de fortes déclarations devant l’influente association d’étudiantes afro-américaines Delta Sigma Theta. Holder s’adressait à sa convention nationale, tenue à l’occasion de son centenaire. Cette organisation a été fondée il y a cent ans, au milieu de la ségrégation et des lynchages, pour être un mouvement pour les droits civils, par des Afro-américaines bien éduquées, à l’université de Howard. Delta Sigma Theta est la plus importante organisation féminine des Etats-Unis. Depuis les années 60, ces femmes ont conquis les échelons inférieurs de la classe dirigeante et elles représentent le "who is who" des militants, politiciens et professeurs afro-américains.

Alors que nombre de ces femmes estiment avoir réussi, l’acquittement de Zimmerman leur a rappelé que le système ne pourvoira jamais à l’égalité pour les Noirs. C’est cette réalité qui contraint les femmes d’associations comme Delta Sigma Theta à continuer à s’impliquer dans la lutte pour les droits civils. Excepté que dans cette période de crise capitaliste, les luttes pour les droits civils ne concernent plus simplement le droit de vote et un accès égal au logement, à l’instruction et l’emploi. Il y a soixante ans, les Etats-Unis auraient pu promouvoir la fiction que la lutte légale était distincte de la lutte pour un nouveau système social, mais la crise économique de 2007 a mis en lumière les réalités nues des polarisations raciale et de classes sociales, tant et si bien que même la façade "démocratique" des Etats-Unis est maintenant fragilisée.

DIVISER LES OPPRIMES

Au cours du procès de George Zimmerman, c’est Trayvon Martin qui était l’accusé pendant que Zimmerman était présenté comme la victime. La façon de Trayvon de s’habiller, le fait qu’il avait un capuchon sur la tête ont été présentés comme une forme de "déviance". Au cours du procès, les avocats de Zimmerman ont beaucoup mis l’accent sur Trayvon. Son dossier scolaire a été présenté. Pendant qu’on procédait à des analyses sur le cadavre de ceette victime du ciblage racial, le vigile qui l’a tué n’a subi aucun examen pour rechercher de l’alcool ou des drogues. La Cour a entendu dire comment Trayvon était déterminé à avoir de la marijuana dans le système et a été qualifié de "voyou". Par une de ces ironies que l’histoire a en réserve, le lendemain du verdict, la "Glee" star de cinéma, Cory Monteith, est morte d’une overdose d’héroïne et d’alcool. Mais les médias ne l’ont pas décrit comme un drogue, faisant preuve d’empathie et parlant "d’une histoire tragique".

En même temps, les médias se sont échinés à dépeindre Zimmerman comme un Latino, tandis que les conservateurs pesaient aussi dans la balance en disant que les passions soulevées par cette affaire reléguaient au second plan le crime rampant à l’intérieur des communautés opprimées. Pour ces conservateurs, il s’agissait d’un crime de "noir sur noir", terme devenu populaire chez ceux qui veulent détourner l’attention du contexte de terreur et de déshumanisation historique qui sous-tendent les crimes raciaux et la brutalité dont sont l’objet les Noirs et les populations de couleur aux mains des Blancs et de la police aux Etats-Unis. Ils sont prompts à attirer l’attention sur les crimes dans certaines communautés noires.

Il est vrai que le crime est indésirable dans tous les secteurs de la société et davantage doit être fait pour le combattre. Mais le terme crime "noir sur noir" est un mauvais terme dont l’intention n’est pas de prendre le mal à sa racine mais de concocter une excuse pour minimiser la gravité des crimes racistes. Les personnes qui utilisent ce terme ne diraient pas "un crime blanc sur blanc" pour décrire les vagues de tueries dans les écoles, les théâtres ou les centres commerciaux aux Etats-Unis, dont aussi bien les tueurs que les victimes sont des Caucasiens. Plutôt, les efforts comme le contrôle des armes et la disponibilité des ressources pour combattre ces crimes - que ce soit ceux prévalant dans les communautés noires ou blanches- sont sabotés par les marchands du complexe militaro-industriel et du complexe des prisons industrielles qui profitent d’un système perverti.

L’OPPRESSION DES NOIRS ET LA CRISE CAPITALISTE

La crise du capitalisme a été ressentie de façon disproportionnée par les populations noires et de couleur aux Etats-Unis. Les capitalistes ont utilisé la crise pour transférer de la richesse des pauvres vers les riches et ont réduit les pauvres à l’impuissance. Detroit, une ville à prédominance noire, n’est que le cas le plus spectaculaire d’une cité où les citoyens noirs sont réduits à l’impuissance, où un gouverneur républicain a mis la ville dans les mains d’un administrateur provisoire dont la tache consiste à déplacer la responsabilité dans la crise du capitalisme pour la mettre sur le dos des plus vulnérables plutôt que sur celui des banquiers, des Pdg et des gestionnaires des hedge funds. Dans le cas de Detroit, ces pauvres représentent les pauvres et la classe ouvrière afro-américaine qui représente la majorité de la population de la ville.

L’oppression a toujours été intense contre les descendants d’Africains aux Etats-Unis, mais elle s’est intensifiée depuis 2008. Avec plus de 25% de la population noire au chômage, on note une augmentation des attaques raciales avec une spirale de violence et de brutalité policière, l’emprisonnement, la destruction d’écoles publiques, les attaques gouvernementales sur le droit de vote des Noirs, etc. A New York, l’establishment a promu un programme de fouille corporelle qui permet à un policier de raisonnablement penser qu’une personne a commis, est en train de commettre ou va commettre un crime, de l’arrêter et de l’interroger. Lorsque le policier soupçonne raisonnablement qu’il est en danger, il fouille la personne à la recherche d’une arme. Sur plus de 700 000 personnes arrêtées chaque année, plus de 90% sont des Noirs ou des gens de couleur.

UN CHANGEMENT DE SYSTEME POUR UN CHANGEMENT DE JUSTICE

Lorsqu’au soir du samedi 13 juillet le verdict a été rendu public, l’establishment a fait de son mieux pour calmer la colère des populations en soulignant que la Cour avait parlé. Mais des manifestations spontanées ont eu lieu dans tout le pays. Jeunes et vieux, Noirs, Blancs et populations de couleur, homosexuels, hétérosexuels se sont élevés contre cette déshumanisation criante de Trayvon Martin. En dépit des efforts destinés à diviser les Noirs et les Latinos, à Washington Height, un quartier à prédominance dominicaine de New York, il y a eu des protestions massives. De San Francisco à Washington et de Los Angeles à Atlanta, la population est descendue dans la rue pendant que les conservateurs utilisaient les média pour invectiver les Noirs. Dans tous les médias, que ce soit les journaux, la télé, les médias sociaux ou les blogs, il y a eu une vague sans précédent d’opinions exprimées.

Robin D. G. Kelley, dans son excellent article "The US vs Trayvon Martin", a résumé l’opinion de nombreux progressistes lorsqu’il écrit : "Le fait est que la justice allait toujours éluder Trayvon Martin, non pas parce que le système a failli mais au contraire parce qu’il a fonctionné. Martin est décédé et Zimmerman est libre parce que toutes nos fondations légales et politiques sont construites sur une idéologie de colons, une idéologie dans laquelle la protection de la propriété des Blancs est sacro-sainte. Les prédateurs et les menaces contre ces privilèges ont toujours été noirs, bruns ou rouges et l’objectif de la puissance policière a toujours été de discipliner, de surveiller et de contenir les populations qui pourraient menacer la propriété blanche et les privilèges. Ceci a été la norme légale pour les Afro-américains et autres groupes raciaux aux Etats-Unis. Longtemps avant que que Alec et la Nra ne voient le jour". Le meurtre de Trayvon Martin et l’acquittement du tueur Zimmerman ainsi que la défense vigoureuse de ce dernier par une section de la société américaine qui clame que "le jury a parlé" et que "le procès a été conforme à la règle de la loi/justice" souligne le fait que ce cas ne concernait pas la Floride ou Zimmerman. Il concernait le système de justice des Etats-Unis et le concept sociétal construit sur la dualité et les contradictions d’"humain et de sous- humain", "de suprématie blanche versus l’infériorité des Noirs et des gens de couleur"," les droits d’une citoyenneté pleine et entière versus des droits sélectifs".

Partout les gens se demandent " maintenant que faire ?" Certains pointent vers des voies légales, faisant appel au procureur général des Etats-Unis pour qu’il prenne des mesures. Dès le mercredi 17 juillet, un million de personnes avaient signé la pétition de la Naacp, demandant au département de la justice de poursuivre George Zimmerman avec une plainte civile au niveau fédéral. La stratégie de la Naacp consiste à faire pression sur le procureur général afin d’enquêter pour savoir si l’action de Zimmerman peut passer pour un crime haineux sous la loi fédérale. Le département de la Justice a suivi le cas attentivement depuis le mois de mars et n’a suspendu ses investigations que pour respecter la tenue du procès dans l’Etat de Floride. Depuis le verdict et l’immensité de la réaction, le procureur général, Eric Holder, a consenti à rouvrir l’enquête. Toutefois ce serait une erreur majeure de se concentrer sur la seule action légale.

Un changement de système est requis pour se débarrasser des contradictions de la déshumanisation des Noirs au sein du système social. Des forces progressistes et des hommes de bien doivent faire de cet idéal le point central de la prochaine phase de la lutte historique en faveur de l’humanité de tous aux Etats-Unis

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** Horace Campbell est professeur d’Etudes afro-américaines et de sciences politique à l’université de syracuse. Il est l’auteur de "Global NATO and the catastrophic failure in Libya" - Texte traduit de l’anglais par Elisabeth Nyffenegger

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