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Cette lettre a été postée sur le site web le 6 décembre, 10h05 GMT environ. J'ai écrit cette lettre comme un citoyen tunisien, avant janvier 2011, écrirait à M. Sarkozy, alors que le président de la République française s'apprêterait à recevoir M. Ben Ali, président "élu" de la Tunisie. Accordons à cette lettre autant d'impact qu'il est possible d'avoir avec la France officielle. Elle nous semblait indispensable à écrire.

Monsieur le Président de la République française,

Vous allez recevoir M. Andry Rajoelina, dit président de la Transition de Madagascar demain mercredi 7 décembre.

M. Rajoelina est un produit de M. Ravalomanana, ce président élu qui a commis autant de fautes graves de gouvernance que d'avancées dans certains secteurs à Madagascar et qui a favorisé finalement l'accession de manière brutale du premier au pouvoir.

Ce serait vous insulter que de vous informer de l'infréquentabilité (terme employé par votre conseiller Rémi Maréchaux en mai 2009 et qui est bien approprié) de M. Rajoelina arrivé au pouvoir par un coup d'Etat (vous avez été le premier à l'affirmer vers mars 2009) et son équipe, depuis bientôt 3 ans : jamais Madagascar ne s'est détérioré aussi vite sur le plan économique, social et environnemental, avec une perte de repères préjudiciable pour les habitants.

Respectueusement, en tant que citoyenne de Madagascar : prenez garde ainsi que le soutien que vous lui apportez depuis le début de cette crise ne revienne en boomerang à la France elle-même à terme.

Ce que la France officielle peut faire pour Madagascar est de montrer de l'objectivité et de l'impartialité dans nos affaires nationales, comme l'Union Européenne fait depuis le début de cette crise, en étant prudente : ce qui n'est certainement pas le cas à ce jour.

Car cette posture objective permettrait aussi à Madagascar d'avoir un avenir sain et stable : quel avenir a Madagascar d'être dirigé à l' heure actuelle par quelqu'un qui a commis un coup d'Etat ? Quel avenir stable, après cet exemple ? Serait-ce que la France souhaite à et pour Madagascar ? Nous sommes en droit de nous poser cette question en toute honnêteté...

En tous les cas, je vous remercie infiniment de nous permettre de vous écrire.

Bien respectueusement,
Madame Faraniaina Ramarosaona
6 Décembre 2011

PS : j'ai été reçue par M. Rémi Maréchaux, conseiller du Président de la République, en mai 2009 à l'Elysée, grâce aux amis de la société civile française, après hésitation je l'avoue de ma part. Je remercie encore M. Maréchaux de son accueil.