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La donne est claire : la coalition d’inaction de la communauté internationale contre la maladie à virus Ebola n’est pas fortuite. Elle est dictée par tout un raisonnement capitaliste, mené par de grands et très puissants laboratoires pharmaceutiques, notamment américains et japonais, qui espèrent profiter de ce drame, du malheur des Africains donc, pour se signaler aux Etats décideurs de ce monde, qu’ils sont candidats pour produire l’antivirus contre Ebola.

S’il y a une pandémie qui hante le sommeil des Africains que nous sommes, c’est bien la maladie à virus Ebola, dont l’expansion supersonique face à une absence quasi- totale d’assistance sème le désarroi, occasionne des milliers de morts et crée une psychose chez les populations «noires» désorientées.

En réel, comme une traînée de poudre, ebola a déjà atteint des pays comme le Nigeria, le Liberia, la Sierra Leone, la Guinée, la République démocratique du Congo, le Sénégal et de nombreux autres pays africains s’attendent à être visités à leur tour par le «monstre». Surtout que, dans cette situation dramatique, l’Afrique est abandonnée à elle-même, se débattant toute seule sous le regard médusé et le silence assourdissant de la communauté internationale, (in)consciemment coupable de non-assistance à «continent en danger», face à ce qui est devenu une urgence de santé mondiale. Et la thèse officielle selon laquelle il n’existerait pas d’antivirus et que la seule réponse à Ebola consisterait dans l’isolement des malades et l’enterrement rapide des corps est un pur mensonge de l’Occident, digne de tartuferies honteuses, à l’image des Pharisiens de l’époque essénienne.

La bonne preuve que ces antivirus existent bel et bien et sont prêts à l’usage est qu’ils ont été utilisés pour sauver deux médecins américains infectés par Ebola alors qu’ils étaient gravement atteints et qu’au même moment l’immense majorité des personnes (Africains) atteintes comme eux continuent de passer l’arme à gauche, faute de ZMapp, cette fameuse molécule salvatrice... anti Ebola ! Mais en quoi la vie de deux citoyens américains serait plus importante que celle de milliers d’Africains ?

Plus d’hésitation, la donne est claire et qu’on ne s’y trompe plus, la coalition d’inaction de la communauté internationale n’est pas fortuite. Elle est dictée par tout un raisonnement capitaliste, mené par de grands et très puissants laboratoires pharmaceutiques, notamment américains et japonais, qui espèrent profiter de ce drame, du malheur des Africains donc, pour se signaler aux Etats décideurs de ce monde, qu’ils sont candidats pour produire l’antivirus contre Ebola.

Leur seule condition est que ces derniers décident d’en financer la production en masse, en millions de dollars. Quand bien même, ils sont conscients que leur posture attentiste envoie à une mort certaine des dizaines voire des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants... africains, ces industriels du médicament, loin d’être des philanthropes, ne se lanceront jamais dans la production de millions de doses d’antivirus sans au préalable recevoir des fonds colossaux que seuls de grands Etats peuvent débourser.

En termes simples, ces grosses firmes pharmaceutiques ne travaillent pas pour la santé, mais pour l’argent. Si on veut un vaccin pour stopper Ebola, il faudra que les pays riches en décident. Les micro-pays africains se montrant déjà incapables d’assurer la santé de leurs peuples en temps normal, a fortiori en période d’épidémie, ce n’est certainement pas de l’Afrique que pourront provenir ces fonds censés financer la production par millions de doses d’un antivirus.

Alors, il ne fait aucun doute que la santé est au service du profit. Constatons aisément, par ce qui se passe sous nos yeux, que le capital prime sur l’humain et que l’hypocrisie des puissants est toujours sans pudeur. Aucune !

Qu’on le sache bien, ce n’est pas la première fois qu’Ebola est identifiée comme fièvre hémorragique particulièrement dangereuse. Pas du tout ! La première grande épidémie de ce virus a eu lieu en septembre 1976, dans la ville de Yambuku, en République démocratique du Congo, près de la rivière Ebola ; d’où son nom.

Aujourd’hui, trente-huit ans plus tard, on est toujours à épiloguer sur l’absence de traitement ou de vaccin contre Ebola. Trente huit très longues années que la virulence et la nuisance de ce virus tueur sont connues de la communauté internationale et que rien n’a vraiment jamais été envisagé pour son éradication. Et pourtant en trente-huit ans, combien de laboratoires ont recherché des vaccins dans le monde, mais aucun sur Ebola. Oubli (in)volontaire ?

Il convient de savoir simplement que c’est parce qu’Ebola s’est longtemps contenu en Afrique, de la même manière que le virus du sida d’ailleurs, on s’en souvient, qui avait tellement tardé à être étudié et combattu, qu’il n’a jamais reçu un soutien mondial. En recevra-t-il un jour ? Probablement oui, mais seulement quand ces grandes firmes pourront tirer de gros profits et monnayer chèrement leur savoir auprès des grands Etats décideurs.

En analysant les déclarations de la présidente de Médecins sans frontières, Jeanne Liu, selon qui le monde était en train de «perdre la bataille» contre la progression de l’épidémie de la maladie à virus Ebola qui frappe l’Afrique de l’Ouest, nous sommes tentés de lui répondre avec haussement d’épaules, qu’on ne peut gagner ou perdre une bataille qu’on n’a pas menée, qu’on a égoïstement même refusé de mener.

Pour nous autres Africains, l’incertitude devra encore continuer et nos morts se décompteront malheureusement encore et encore en nombre.

La politique des Occidentaux en Afrique ? Dire qu’elle est pourrie, corrompue, sadique, mesquine est un euphémisme ! L’Occident, tout en pleurant comme le crocodile devant sa victime morte, n’est pas prête à sacrifier ses profits pour le bien des êtres humains,... de pauvres noirs Africains. Drôle de cynisme !

Certes, Ebola est en train de ronger le continent africain au point d’entra- ver même son développement, mais ce n’est pas pour autant que l’Afrique et les Africains, souffrant dans leur chair et menacés de «mise en quarantaine» internationale généralisée, ne mèneront pas le combat pour leur survie. L’Afrique a toujours su relever la tête et rester debout malgré les événements douloureux qui ont jalonné son histoire. L’esclavage, la colonisation, l’Apartheid, l’endettement, etc.

Juste, accordons-nous, une fois pour toute, que la gouvernance du monde par les capitalistes n’est synonyme que de menaces mortelles pour l’humanité ! Pour l’Afrique, n’en parlons même pas !

CE TEXTE VOUS A ETE PROPOSE PAR PAMBAZUKA NEWS



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