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En décidant l’expulsion de l’Usaid de son pays, le président Morales a levé le voile sur les agissements d’une organisation derrière laquelle se profilent les politiques de domination des Etats Unis. Par contre, en Afrique, c’est à peine si l’élite politique, syndicale et associative, de gauche comme de droite, ne se prosterne dès que l’on prononce le nom de l’Institution.

Tous les jours, les leaders du continent Sud américain, de par la défense de leur indépendance, leur souveraineté, leur dignité, face au gouvernement des Etats Unis, nous donnent de la fierté et des raisons d’espérer pour un autre monde possible. Marchant sur les pas des présidents de Fidel Castro et d’Hugo Chavez, du Venezuela, le président Evo Morales, a annoncé, le 1er mai, au monde libre, l’expulsion, de son pays, de l’Usaid, l’organisme disant faire dans l’aide au développement international. Or, comme le souligne le président Morales, cette organisation, avec d’autres liées à leur ambassade, ‘’conspirent contre le peuple et particulièrement contre le gouvernement national ’’.

En Afrique, c’est à peine si l’élite politique, syndicale, associative (gauche et droite), ne se prosterne dès que l’on prononce le nom de l’Institution. En Amérique du sud, la réalité se présente autrement, en raison de la politique de la terre brulée pratiquée par le gouvernement nord américain ‘’yankee’’ et ses ‘’Gringos’’, dans le sous continent, pendant des siècles. C’est pourquoi les patriotes sud américains tels que Zapata, Pancho Villa, Sandino, en passant par José Marti, Macéo, Bolivar, etc., ont refusé de se laisser berner ou asservir. Jusqu’au talentueux cinéaste et compatriote de Morales, Jorge Sanjines, qui, à travers son célèbre film ‘’Le Sang du Condor’’ (1), a démasqué les micmacs de cet organisme ‘’soit disant humanitaire, dont les objectifs cachés étaient en fait la stérilisation forcée des femmes quechua’’.

Cela dit, si nous soutenons, et défendons l’expérience qui se déroule en Amérique du Sud, c’est que, en tant que ressortissant du Sud, ce n’est pas faire preuve de ‘’Am Jott’’ (avoir du temps à revendre eu égard à nos propres problèmes). Nous croyons que leur combat est le nôtre et que par solidarité nous n’avons pas le droit de rester spectateurs ou d’être des souteneurs de ceux qui s’aplatissent devant les héritiers des ex-colonisateurs, décidés à perpétuer l’œuvre de leurs ancêtres. Là où ceux avec qui nous partageons des souffrances historiques, se battent, résistent et refusent le statu quo.

Comment peut-on se dire patriote et se taire face à la survivance du « colonial », qui est à la base des 99,99 % de notre mal développement ? Comment militer, en tant que syndicaliste, économiste, opérateur économique, leader politique et raser les murs dès qu’il est question de nous libérer de la main mise de la France sur notre économie ? Dans quel compte passe notre argent ? Où sont nos banques de développement ?

Voila des questions que les Sud Américains ne se posent même plus.

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** Ababacar Fall-Barros est ancien Conseiller municipal au Sénégal

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NOTES
1) ’À partir de faits précis (stérilisations d'Indiennes à leur insu par les médecins des Peace Corps), le « Sang du condor » évoque les agissements néocolonialistes qui, sous des prétextes humanitaires, provoquent un nouveau génocide indien en Amérique latine. Sous la pression des États-Unis, le film fut interdit. Devant la mobilisation des intellectuels, des étudiants et de la presse, le gouvernement bolivien revint sur sa décision. Après trois jours de diffusion, les Peace Corps cessaient leurs activités de stérilisation. C'est dire combien la clarté, la sobriété et la beauté visuelle de ce film politique furent efficaces’’. Commentaires : www.larousse.com (voir également, www.allocine.com, www.premier.fr)
Naturellement ce film n’a jamais été diffusé dans les salles commerciales normales d’occident, à fortiori dans celles du Sud. Notons qu’une importante communauté Afro-Bolivia na ou afro-quechua na , existe en Bolivie.