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Les communications par Internet de deux Africains résidant dans la même localité, dans le même pays, dans la même sous-région ou en Afrique, transitent par des circuits de télécommunications internationaux là où des liaisons locales auraient été suffisantes, plus efficientes et surtout plus économiques. Malgré les nombreuses déclarations de bonnes intentions, seuls une quinzaine de pays africains disposent d'un point d'échange Internet pour réguler le trafic national et aucun point d'échange à vocation sous-régionale voire continentale n'est disponible.

Depuis la connexion de l'Afrique du sud à Internet il y a de cela près d'un quart de siècle (1990), les autres pays africains se sont peu à peu connectés à Internet jusqu'à ce que le continent soit complètement intégré au « réseau des réseaux ». Au fil du temps, ce qui apparaissait au début comme un instrument réservé à une élite est devenu un outil banal pour des millions d'Africains, notamment parmi la jeunesse, qui l'utilisent désormais au quotidien sur leur lieu de travail, à domicile, dans les cybercafés ou en situation de mobilité dans un cadre professionnel, scolaire, académique ou purement privé.

Le web, la messagerie électronique, la téléphonie par Internet via Skype ou Viber, et plus récemment les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Google +, LinkedIn, Viadéo, etc.) sont utilisés par un nombre croissant d'entreprises, d'administrations, d'institutions, d'associations et de personnes pour informer et communiquer à l'échelle locale, nationale, régionale voire mondiale. L'écrasante majorité des Africains utilisent des comptes de messagerie électronique et ou des réseaux sociaux dont les serveurs sont hébergés hors du continent africain et avec le développement du « cloud computing », applications, services et données sont de moins en moins stockés sur les machines des utilisateurs.

Tout cela se passe dans un contexte où la libéralisation du marché des télécommunications ayant été imposé dans quasiment tous les pays africains, rares sont les situations dans lesquelles il n'existe qu'un seul fournisseur d'accès Internet. Conséquence de tout cela, en règle générale, les communications par Internet de deux Africains résidant dans la même localité, dans le même pays, dans la même sous-région ou en Afrique, transitent par des circuits de télécommunications internationaux là où des liaisons locales auraient été suffisantes, plus efficientes et surtout plus économiques. En effet, en raison d'un routage aberrant lié au fait que chaque opérateurs utilise les voies de communication qui lui sont propres en fonction de l'infrastructure dont il dispose et des accords de partenariats qu'il a signé avec d'autres opérateurs, aucune disposition n'est prise pour optimiser les transferts d'information et surtout en réduire le coût.

Cette situation n'est ni propre à l'Afrique ni sans solution. Un peu partout dans le monde, des points d'échanges Internet ou Internet Echange Point (IXP) ont été mis en place en vue d'organiser l'échange de trafic entre opérateurs de manière rationnelle sur la base d'accord dit de « peering ». Ces derniers permettent d'optimiser les coûts en ayant recours à des liaisons internationales que si nécessaires, de réduire le temps de latence en utilisant les circuits les plus directs et de rationaliser l'utilisation de la bande passante internationale.

Malheureusement, malgré les nombreuses déclarations de bonnes intentions, seuls une quinzaine de pays africains disposent d'un point d'échange Internet pour réguler le trafic national et aucun point d'échange à vocation sous-régionale voire continentale n'est disponible. Résultats, chaque année l'Afrique dépense, sans raison valable, plusieurs centaines de millions de dollars destinés aux paiements de frais de télécommunications internationaux qui auraient pu être évités et qui constituent par ailleurs une importante perte de devises.

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** Amadou Top est président de l’Observatoire sur les Systèmes d’Information, les Réseaux et les Inforoutes au Sénégal (www.osiris.sn)

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