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il semble clairement établi que le vent qui porte le développement de l'économie numérique sur le continent africain, souffle désormais de l'Est. Les grands projets structurant dans le domaine des Tic sont quasi inexistants dans le reste de l'Afrique subsaharienne, et plus particulièrement en Afrique de l'ouest, si l'on excepte la mise en service des câbles sous-marins Main One, Glo 1 et ACE.

L'analyse des informations régulièrement diffusées sur les initiatives visant au développement de la société de l'information en Afrique, montre que la partie orientale du continent a résolument pris une longueur d'avance sur le reste des pays africains. Cette situation ne doit bien rien au hasard, bien au contraire, puisqu'elle résulte de la mise en œuvre de politiques publiques hardies qui s'inscrivent dans la durée.

Ainsi les autorités mauriciennes ont-elles récemment révélé que des pourparlers étaient en cours entre les secteurs privé et public en vue de créer des zones Wifi gratuites dans tout le pays dans le cadre d'une initiative intitulée « Wifi Mauritius ».

Cette décision, qui fait suite à une expérience pilote qui avait vu la couverture de onze sites, a pour objectif de créer des zones Wifi gratuites dans les vingt régions de l'ile Maurice, avec un accent particulier sur la couverture des deux principales institutions d'enseignement supérieur que sont l'Université de Maurice et l'Université de technologie.

Dans les régions qui ne seront pas couvertes par le projet, il a été décidé d'installer des cybercafés, appelés « Computers Clubs », dans lesquels il sera possible d'accéder gratuitement au haut débit internet. Ce projet novateur, mis en œuvre par l'organe de régulation grâce aux fonds collecté auprès des opérateurs dans le cadre du fonds du service universel créé en 2008, s'intègre dans la vision des autorités mauriciennes qui ont décidé de faire de l'Ile Maurice « une ile intelligente ».

Un des symboles de cette politique est la cybertour d'Ebène, un bâtiment relié au câble sous-marin en fibre optique Safe et bénéficiant d'un accès satellite, dans lequel les entreprises peuvent travailler 24 heures sur 24 avec une connexion à Internet à très haut débit depuis…2004.

Quelques milliers de kilomètres plus à l'ouest, le Kenya a également décidé de se positionner comme un hub pour les technologies de l'information et de la communication (Tic) en Afrique en lançant la construction de la Konza Technology City. Présentée comme la future « Silicon Savannah », dont la première phase devrait voir le jour en 2017, ce projet de quelques 7,5 milliards d'euros, vise la création de 200 000 emplois dans le domaine du numérique à l'horizon 2030 et une contribution de 25% du secteur des Tic au Pib dès 2017.

Ces dernières années, le Kenya s'est illustré dans le domaine de l'économie numérique avec le formidable développement du paiement mobile via le système M-Pesa de Safaricom, qui compte près de dix millions d'abonnés, sans parler du développement de nombreuses start-up dont la figure de proue est « Ushahidi », la plateforme open source de crowd-sourcing. Si l'on ajoute à cela, la mise en service de plusieurs câbles sous-marins en fibre optique à très haut débit (Seacom, EASSy, TEAMs, Lion, etc.) au cours de ces dernières années, il semble clairement établi que le vent qui porte le développement de l'économie numérique sur le continent africain, souffle désormais de l'Est.

A contrario, les grands projets structurant dans le domaine des Tic sont quasi inexistants dans le reste de l'Afrique subsaharienne, et plus particulièrement en Afrique de l'ouest, si l'on excepte la mise en service des câbles sous-marins Main One, Glo 1 et ACE. Le Sénégal, qui faisait jadis figure de pionnier dans le domaine des Tic, n'est plus aujourd'hui cité lorsqu'on évoque les pays qui se distinguent par le niveau de développement de l'économie numérique. Et pourtant, dès 1996, le pays s'était doté d'une loi créant un technopole qui se voulait une zone économique aménagée dont la vocation était d'accueillir des centres de recherche et des institutions d'enseignement supérieur, ainsi que des entreprises développant l'innovation technologique.

Faute de volonté politique et de suivi dans la mise en œuvre des politiques publiques, le Technopole, devenu Cybervillage en 2004, n'a jamais vu le jour et la zone en question n'a connu aucun aménagement conséquent en dehors de l'installation de la Sonatel et de l'Agence de l'informatique de l'Etat. Certes, une convention vient d'être signée avec la société Telecommunications Consultants India Limited (TCIL India) pour le développement du cybervillage, mais on ne peut que déplorer le temps perdu et s'interroger légitimement sur celui qu'il prendra encore pour la réalisation du projet si jamais celui-ci doit effectivement voir le jour.

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** Amadou Top est président de l’Observatoire sur les Systèmes d’Information, les Réseaux et les Inforoutes au Sénégal (www.osiris.sn)

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