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Honni soit qui Mali pense

Rattrapé par la résolution 1973 visant l'assassinat – réussi - de Mouammar Khadafi, l'Occident chrétien a repris sa croisade contre des Islamistes qu'il a puissamment armés. Pour les chasser de leur dernier bastion au Mali, au nom des intérêts... de la France.

François Hollande n'a pas fait mieux que Nicolas Sarkozy dans la croisade de l'Occident contre l'extrémisme islamique au Maghreb. La bataille du Mali est de la même veine que celle d'Afghanistan, du Liban et du Sahara africain : elle vise à détruire le dernier bastion d'irrédentistes religieux vivant de trafic de drogue et d'êtres humains échangés contres des espèces sonnantes et trébuchantes.

La seule différence est que, dans le Nord malien, les coalisés occidentaux ont associé des Africains dans ce transfert de technologies et tous combattent ceux-là mêmes que la France avait armés en Libye, et même surarmés en 2011, lors d'une interprétation outrancière de la résolution 1973 ; celle-ci prévoyait uniquement en effet l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne, alors qu'elle a été comprise comme un soutien réel à la rébellion libyenne, dans la version locale du Printemps arabe.

L'originalité, avec le président français, est qu'il aura raffermi une image molle qu'on lui prêtait, qu'il reprenait pied sur le continent noir via le Mali, après le racolage en Algérie qui constitue la mauvaise conscience de la France coloniale en Afrique. Avec la bénédiction de l'inévitable troïka (Usa, Grande-Bretagne-Hexagone).

Le prétexte avancé d'un nid de repris de justice vivant de la drogue et du trafic d'êtres humains (otages) qu'il faut détruire au nom de la religion a malheureusement pris le temps d'une gestation, avec comme conséquences visibles l'anéantissement de trésors humains et matériels inestimables, dans l'indifférence générale atténuée par des condamnations du bout des lèvres de la destruction de biens culturels et du supplice de quelques suppliciés au nom de la charia islamique.

Le prétexte d'un Benghazi-bis que serait un déferlement vers Bamako a donné l'occasion à la France de répondre pudiquement à un appel présidentiel soudain valable, alors que les Etats-Unis émettaient pendant ce temps des doutes sur la capacité stratégique des états-majors africains en conclave permanent, dans une sorte de drôle de guerre contre des envahisseurs en place depuis avril 2012 et qui sévissaient jusque-là en toute impunité.

La guerre en vue de la conquête du Nord a démontré, avec In Amenas, un corollaire intéressant : la cour effrénée à l'Algérie pour la sécurisation du pétrole et du gaz, même si l'Asie en tire le principal parti. Elle est la conséquence de la liquidation de Ben Laden et des derniers soubresauts en Afghanistan : le Mali est le lieu idéal, avec le retrait des forces libres, entraînées dans la guérilla et prêtes pour des missions analogues. Le Sahara africain devenait en effet le dernier repaire qu'il fallait détruire au nom de la sécurité internationale. Bush avait dit la même chose avec l'Irak de Saddam Hussein.

La France ne perd pas le nord, dans cette lutte contre AlQaïda au Maghreb islamique : elle fera double coup, dans la reconquête du Sahara africain : couper toute retraite aux mercenaires islamistes, détruire le nid de vipères de cet islamisme outrancier et, cerise sur le gâteau, sécuriser ses intérêts dans la zone (uranium nigérien) et sauvegarder des richesses d'une Algérie que Paris ne parvient toujours pas à dérider avec les bienfaits de la colonisation. La retraite est coupée.

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** Pathé Mbodje est journaliste, sociologue

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