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Herman Wallace est mort le 4 octobre, trois jours après sa sortie de prison. Membre des Black Panthers, il venait de passer plus de 40 ans prison sur la base de fausses accusations. Ains, dans le pays qui donne des leçons de démocratie à travers le monde, on compte au moins 150 de détenus comme Wallace, éparpillés dans les différentes installations correctionnelles dans tout le pays. Mais la lutte pour dénoncer leur statut et les faire libérer s’organise en enfle.

Une lutte de plusieurs décennies menée par des personnalités diverses du Black Liberation Movement et des organisations des droits humains et de soutien aux prisonniers, ont abouti à la libération d’Herman Wallace de la prison plantation Angola, en Louisiane aux Etats-Unis (Ndlr : le 1er octobre 2013). Wallace, avec Albert Woodfox et Robert King, étaient connus mondialement sous le sobriquet Angola 3. Sa condamnation injuste, pour le meurtre d’un gardien de prison, en 1972, a toujours été contestée par lui-même et par ses soutiens. Tous les trois détenus étaient des organisateurs du Black Panthers Party à l’intérieur de la redoutable prison qui avait été, dans la période d’avant-guerre, une plantation avec des esclaves.

Sa condamnation annulée le 30 septembre, Wallace a été libéré de prison le lendemain. Trois jours plus tard, le 4 octobre, il mourrait. Wallace souffrait d’un cancer terminal, dû en bonne part aux conditions effroyables endurées dans une prison connue pour être l’une des pires aux Etats-Unis.

Wallace, Woodfox et King avaient été mis en détention solitaire après avoir été jugés menaçants pour les autorités carcérales au début des années 70’. King a été libéré en 2001 après avoir passé 29 ans en détention solitaire. Woodfox est resté en prison.

L’injustice des Trois d’Angola n’est pas une situation exceptionnelle. Il y a de nombreux prisonniers politiques aux Etats-Unis maintenus en détention solitaire. Bien que le gouvernement américain nie leur existence, beaucoup de gens, qui avaient été associés à des mouvements révolutionnaires ou progressistes au sein des nations opprimées, restent incarcérés dans des conditions extrêmement durs. Selon le mouvement Jéricho aux Etats-Unis, qui exige une amnistie générale pour les prisonniers politiques depuis plus de 15 ans, on compte au moins 150 de détenus de ce type éparpillés dans les différentes installations correctionnelles dans tout le pays.

LIBERATION DE TOUS LES PRISONNIERS POLITIQUES

Découlant de ce déni du gouvernement américain quant à l’existence de prisonniers politique, il y a aussi la situation générale des opprimés nationaux, Africains, Latinos, les Peuples Premiers et d’autres, qui souffrent d’une répression directe et de l’exploitation qui reste profondément enracinée dans le système exploiteur.

Au cours des années 1950 et 60, la lutte pour la libération nationale, pour une véritable égalité et l’autodétermination a pris la tournure d’un mouvement militant de masse. Bien que quelques concessions aient été accordées comme conséquence de ces luttes populaires, les structures fondamentales du capitalisme et de l’impérialisme sont restées intactes.

Vers le milieu des années 60, les rébellions ont commencé ont déferler sur tous les Etats-Unis, secouant les fondations du système raciste et oppresseur. De la Californie à New York, jusqu’aux colonies de Puerto Rico, les Peuples Premiers ont occupé Mexico, des organisations sont apparues qui ont adopté une approche révolutionnaire dans la lutte contre le racisme et l’exploitation économique.

C’est dans ce contexte que le Black Panther Party, The Young Lords, The American Indian Movement, Brown Berets, Weather Underground, the Republic of New Africa et d’autres organisations révolutionnaires ont vu le jour. Ces entités et les mouvements qui les entouraient ont été confrontés à la puissance armée de l’Etat impérialiste et capitaliste basé à Washington Dc.

Le Federal Bureau of Investigations (Fbi), le Central Intelligence Agency (Cia), la Military Intelligence (Mi) ainsi que les départements des forces de l’ordre au niveau local et national ont été mobilisés et ont fourni de grandes quantités d’argent et de soutien politique afin d’attaquer tous les véritables mouvements de libération et pour la justice au sein de la juridiction américaine. Des douzaines de membres du Black Panthers Party, de l’American Indian Movement ont été tués entre la fin des années 60 et au début des années 80.

Des prisonniers politiques comme Mumia Abou Djamal, Sekou Odinga, Léonard Peltier, Oscar Lopez Rivera, Mutulu Shakur, Ed Pointdexter, les Move9 et beaucoup d’autres, trop nombreux pour être cités, sont restés emprisonnés pour des raisons purement politiques. Les demandes du Jéricho Movement et autres organisations pour une amnistie générale ont été rejetées par les administrations successives, de Bill Clinton à Barack Obama.

D’autres, comme Assata Shakur et Nehanda Abiodun, qui étaient injustement incarcérés comme prisonniers politiques, ont été libérés par leurs camarades et ont reçu l’asile politique dans la Cuba révolutionnaire. Shakur a été désignée comme "la terroriste la plus recherchée" par le gouvernement américain au début de cette année, quatre décennies après qu’on lui ait tiré dessus, capturé et injustement incarcérée par les autorités de l’Etat de New Jersey.

Les derniers mots de Wallace après sa libération ont été "I am free, I am free" (je suis libre, je suis libre). Ce qui est tragique dans les malheurs qui ont frappé ce soldat de la lutte populaire pour la libération, c’est qu’il n’aurait jamais dû être emprisonné du tout. A la lumière des preuves qui l’ont innocenté des crimes dont il était accusé, il aurait dû être libéré il y a des décennies.

Au cours des quatre dernières décennies, il y a eu des périodes au cours desquels différents mouvements ont réussi à obtenir la libération de prisonniers politiques. Geronimo Ji Jaga Pratt a été libéré en 1997 après avoir passé 27 ans en prison pour un crime qu’il n’a pas commis.

Les accusations fabriquées, liées à la libération de Georges Jackson et des Frères Soledad en 1972, n’avaient pas été retenues contre Angela Davis. Georges et Jonathan Jackson, son jeune frère, ont été tués alors qu’ils combattaient pour la liberté pour eux-mêmes et pour leurs camarades.

Mumia Abou Djamal, un ancien dirigeant du Black Panther Party à Philadelphie et un supporter de Move, a quitté le couloir de la mort suite à un mouvement international en sa faveur, qui s’est constitué depuis le jour de 1981 où il a été la cible des fusils et incarcéré. Mumia reste en prison à vie et les efforts se poursuivent pour obtenir sa libération.

LA LUTTE POUR LA LIBERATION DE TOUS LES PRISONNIERS POLITIQUES DOIT S’ACCELERER

Un enseignement clair du décès d’Herman Wallace dans un domicile privé à News Orleans est que les organisations populaires et les mouvements dans tous les Etats-Unis doivent augmenter leurs efforts, autant pour exposer l’existence et les difficultés des prisonniers politiques que pour obtenir leur libération. La lutte pour la libération des prisonniers politiques fait partie intégrante de l’effort plus général visatn à mettre un terme à l’oppression nationale et à l’exploitation des classes.

Les campagnes pour la libération de tous les prisonniers politiques sont inextricablement liées aux objectifs qui visent à l’avènement d’un mouvement révolutionnaire aux Etats-Unis, afin de renverser ce système exploiteur et oppressant du capitalisme et de l’impérialisme. A l’intérieur des Etats-Unis, qui prétend être la démocratie la plus avancée du monde, il y a plus de prisonniers per capita que dans n’importe quel autre Etat du globe.

Les Africains opprimés, les Latino et le Peuple Premier sont dans les prisons dans un taux beaucoup plus supérieur aux Blancs. Les prisons sont des lieux de contrainte, de travail dans des conditions d’esclavage et de modification des comportements dont l’objectif reste le maintien de la domination de la classe dirigeante raciste et son appareil étatique qui opère à un niveau local et national, dans tout le pays.

Une nouvelle vague de militantisme dans les prisons s’étend à travers différents Etats du pays. Les grèves de la faim en Californie, en Ohio, et en Géorgie, au cours de ces dernières années, devraient être soutenues par les organisations pour les droits humains et les droits civils dans tous les Etats-Unis.

La seule façon de mettre un terme à l’incarcération de masse des opprimés nationaux, des travailleurs et des pauvres est de transformer les Etats-Unis en un Etat socialiste dans lequel les gens de couleur ont un droit inhérent à l’autodétermination et une égalité pleine et entière. Les prisons font partie intégrante du mécanisme de contrôle et d’exploitation dont le dessein est le maintien de la propriété privée sans considérations pour les besoins de la majorité de la population subjuguée par un système d’oppression et d’exploitation

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** Abayomi Azikiwe est le rédacteur de Pan African News Wire - Texte traduit de l’anglais par Elisabeth Nyffenegger

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