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Seneweb

La CEDEAO se prépare à lever une force d’intervention militaire pour combattre la rébellion dans le nord du Mali. Mais l’histoire récente et ancienne montre que de telles initiatives servent souvent de bras armés à des visées impérialistes en Afrique.

Un auditeur intervenant dans une émission interactive d’une radio dakaroise, sur la situation au Mali, a pertinemment affirmé que la Force d’intervention militaire que la CEDEAO envisage de dépêcher au Mali, ne fera que compliquer les choses dans ce pays. Il précise que cette communauté des chefs d’Etats n’est pas à la hauteur pour régler quoi que ce soit. Ni au Mali ni en Afrique d’une manière générale. Un autre a souligné de façon non moins pertinente, que ces forces ne sont montées que pour pérenniser la division de l’Afrique.

Peut on, objectivement, infirmer ces points de vue dans la mesure où, depuis les événements du Congo (actuel RD Congo) ponctués par l’assassinat du Premier ministre Patrice Lumumba, en 1961, les forces des Nations Unies n’agissent que sous la dictée de Washington (principalement) et de ses allies : la France et l’Angleterre. Actuellement 20 000 casques bleus se trouvent en RDC au titre de la MUNESCO, mais sans que la situation ne se stabilise. Au contraire.

Les points de vue exprimés par nos compatriotes sont donc justes. Car tous les chefs d’Etats qui composent ce machin qu’est la CEDEAO (ces gouverneurs noirs coloniaux) servent les intérêts de l’Occident. Donc les forces qui seront dépêchées au Mali, sorte de supplétifs de ‘’tirailleurs sénégalais’’ des temps modernes, se comporteront comme l’ont fait d’autres contingents dans d’autres régions du monde, en veillant aux intérêts de l’Occident. S’il y a des exemples à donner pour faire ouvrir les yeux à nos amis francophiles, il suffit de s’arrêter sur les cas de la Côte d’Ivoire et de la Libye. A cet égard, on se rend compte que tout ce que disaient Sarkozy, Cameron et Obama s’est révélé faux. Ce qui mobilisait ces gens, c’est le fait de vouloir faire main base sur les richesses agricoles et pétrolières en Côte d’Ivoire et en Libye. Cela est valable pour le nord Mali.

On ne le dit pas assez, mais en dehors de sa position stratégique, le nord Mali regorge des ressources minières gigantesques qui aiguisent les appétits de tous les vautours impérialistes. Toutes les théories mises en avant (Le Mali est grand pays qui fait trois fois la France, ‘’Il faut respecter le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes’’), sont des théories fantaisistes. Et après ? La superficie d’un pays constitue-t-elle un handicap ? Les Dom Tom ne voudraient-elles pas être indépendants dans l’absolu ? Et Mayotte ? C’est l’application du droit international à deux vitesses.

Le Conseil de sécurité, faisant dans la langue de bois, parle de ‘’feuille de route suffisamment claire’’. Que dire des ‘’séjours opaques’’ des deux hautes autorités maliennes à Paris ? Le président Dioncounda Traoré, malade, sans que ses médecins ne publient un bulletin de santé à l’attention de son peuple, s’apprête à consulter le président Hollande. Ce que Modibo Diarra, le Premier ministre, tente de faire avec le Ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius.

L’Algérie qui rejette cette proposition de Force d’intervention sait qu’elle ne s’arrêterait pas à sa mission pour le Mali. Car ce qui s’est passé en Cote d’Ivoire où, au bout du compte, la Licorne a perpétré un coup d’Etat contre le président Laurent Gbagbo, ne le rassure pas. Les deux autres membres du Conseil de Sécurité qui n’entendent pas aussi se faire rouler, restent toujours sur leur garde, quant à la défense de leurs intérêts. Si la situation en Syrie se complexifie, c’est parce que la Russie et la Chine pensent avoir été ‘’bernés’’ concernant l’application de la résolution 1973, sur la situation en Libye. D’autant que ce qui passe, actuellement, en Syrie dépasse le cadre des revendications de militants des Droits de l’homme et épouse les contours d’une force d’ingérence à l’image de ce s’est passé au Nicaragua, avec l’armée des ‘’contras’’ de Ronald Reggan. Des ‘’contras’’ payés à partir de l’argent de la drogue que manipulaient les services spéciaux du gouvernement de Reggan. Ceux qui se battent, en Syrie, ne sont pas simplement des démocrates syriens, mais des mercenaires certainement infiltrés par Mossad israélien, gavés de pétrodollars des Emirats Arabes Unis, d’Oman, du Koweït, de l’Arabie Saoudite.

Tiens ! Comment se portent ‘’les Droits de l’homme’’ dans cette contrée wahhabite, où les femmes n’ont pas le droit de conduire une voiture ? Récemment une femme y a été interpellée par la police, par ce qu’elle avait mis du vernis sur ses ongles. Qui a entendu Hillary Clinton ou la RADDHO parler des Droits de l’homme à ce propos ?

Ce que l’on ne dit pas assez, c’est que ce qui se joue en Syrie, est à corréler à ce qui se joue en Iran, en Afghanistan, en Irak et au Liban, au plan géostratégique : permettre au gendarme de la région, Israël, de jouer son rôle dans l’intérêt de l’Occident qui veut avoir l’œil sur les deux géants rivaux et sur leurs richesse. Des rivaux parce qu’ils ne veulent pas lâcher prise sur leurs propres intérêts dont les Etats Unis, la Grand Bretagne et la France veulent les en déposséder : es matières premières stratégiques dont regorgent leurs territoires respectifs.

Nous terminons pour déplorer le manque d’intérêt qu’affichent la classe politique et les acteurs économiques sénégalais, à l’égard du Mali. Pays auquel tant de liens multiples séculaires nous rattachent. Pourquoi le Mali est absent du débat politique national et des débats la campagne électorale pour les législatives du 1er juillet 2012 ? Seuls les ignorants ne savent pas que le Sénégal et le Mali sont en comme des frères siamois. Au nom de ces liens, les premiers partisans sénégalais, militaires comme civils, devraient partir du Sénégal, sans attendre un quelconque appel, pour se battre aux cotés de leurs frères et aux cotés du peuple malien, victimes d’un complot qui ne dit pas son nom.

CE TEXTE VOUS A ETE PROPOSE PAR PAMBAZUKA NEWS



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** Ababacar Fall-Barros est le coordonnateur général du Groupe de Recherche et d’Initiative Pour la Libération de l’Afrique

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