Il y a quelques semaines, Paul Kagame, le seigneur de guerre et dictateur du Rwanda, appuyé par les Etats-Unis, a accusé la France et la Belgique de complicité dans les tueries massives qui ont eu lieu dans ce pays il y a 20 ans. Il est vrai que la France et la Belgique, tout comme la Grande Bretagne, l’Espagne, le Portugal, l’Italie, les Pays-Bas, le Danemark et l’Allemagne sont collectivement responsables d’extermination de centaines de millions de gens et de peuples entiers. Cependant, pour le cas du génocide survenu au Rwanda en 1994, les principaux criminels sont Paul Kagame lui-même et ses alliés de l’Ouganda voisin et des Etats-Unis.

Après cette folie meurtrière, le président Bill Clinton des Etats-Unis et l’homme fort de l’Ouganda, Yoweri Museveni, se sont alors alliés à Kagame pour lancer une guerre contre la République démocratique du Congo voisine, laquelle guerre a fait 6 millions de morts, soit le plus grand génocide commis jusqu’ici depuis la deuxième guerre mondiale.

En 1994, Paul Kagame commandait des milliers de soldats Tutsi qui venaient de quitter l’armée ougandaise où lui-même servait comme chef des renseignements. Kagame avait été formé à l’Ecole U.S. Army Command and General Staff College. Ses hommes ont envahi le Rwanda, massacrant des milliers de civils, Hutus pour la plupart, dans un effort destiné à rétablir le pouvoir de la minorité Tutsi dans le pays. En plein milieu des négociations de paix, quelqu’un a abattu l’avion qui transportait le président hutu du Rwanda, Juvénal Habyarimana, ainsi que Cyprien Ntaryamira, également Hutu et président du Burundi voisin, un pays ayant pratiquement la même histoire de domination Tutsi. La mort des deux présidents hutu a déclenché de nouveaux combats – que les Etats-Unis n’ont rien fait pour empêcher – ce qui a eu comme résultat le retour sanglant de la minorité tutsi au pouvoir, et l’exil de plus d’un million de Hutus.

Plusieurs dizaines de milliers de Hutus sont morts avant l’abattage de l’avion qui transportait les deux présidents, et beaucoup d’autres ont été massacrés par les forces de Kagame plus tard, mais grâce aux media de l’ouest, le bain de sang de 1994 au Rwanda est commémoré presque de manière universelle comme un génocide commis contre les Tutsis.

Qui a donc tiré sur l’avion des deux présidents et déclenché cette chaine d’événements catastrophiques ? Paul Kagame et les Etats-Unis affirment sans rire que les Hutus ont tué leurs propres présidents, de peur qu’ils ne signent un accord de paix. Il n’existe aucune preuve de ce complot, qui semble d’ailleurs contraire à toute logique de prime abord. Le meurtrier le plus suspect est l’armée Tutsi de Kagame lui-même, laquelle avait été formée dans le but de renverser les gouvernements de la majorité Hutu du Rwanda et du Burundi, c’est-à-dire éliminer des gens comme les deux présidents défunts.

Pendant 20 ans, Kagame a été présenté comme le soldat qui a arrêté le génocide rwandais, alors qu’en toute logique et que selon toutes les preuves, c’est lui le principal auteur du crime. Trois présidents des Etats-Unis se sont fait les ardents défenseurs de Kagame, utilisant la couverture sanguinaire du Rwanda pour mener un génocide de plus grande ampleur dans l’Est du Congo, se justifiant par la doctrine bidon d’intervention militaire humanitaire.

Tout comme Barack Obama, Paul Kagame possède une longue liste de personnes à tuer, et envoie des assassins à travers le monde pour éliminer ses opposants politiques. Son régime Tutsi est le seul gouvernement de la minorité ethnique de tout le continent africain, une version obscure de l’apartheid. Et pourtant, pendant de nombreux mois à venir, plusieurs sommités du monde rendront hommage à Paul Kagame, un simple gangster et un assassin, comme si c’était le sauveur de l’Afrique.

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** Glen Ford est Rédacteur en chef, Black Agenda Report (http://bit.ly/1hR0NNM) - Texte traduit par Pierre Claver Nzimpora

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