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Dans une Afrique qui bouge, les fondements anciens se retrouvent ébranlés. Un peu partout des peuples prennent leur destin en main pour tenter faire vivre les rêves plusieurs fois avortés, depuis les indépendances, de liberté et de totale souveraineté. Pour Prince Kum’a Ndumbe III, plusieurs signes font croire que le temps et les opportunités de briser les chaînes sont désormais favorables.

Di ma tese mboa su o tei tei, to e be nde nje, o nded’a Loba ! Ba mbambe pe ba ma dipa biso mikekele o miende ! To nja so nu ta nu dia a ma ko iyo, a tele miso mao, ombwe neni bolo bo ma nongo no bodu ! Esimo, esimo e ! (Nous arriverons à bâtir notre pays avec équité, quelque soit le cas, par la grâce de Dieu ! Nos ancêtres nous encadrerons, Que celui qui dormait encore ouvre les yeux et regarde comment la pirogue s’est déjà lancé sur l’eau, pagayant vers la rive de la victoire !)

Le 21e siècle est le siècle de l’Afrique. Cela a été annoncé depuis la fin du 20e siècle par plusieurs personnalités, dont le Pape Jean XXIII ou Nelson Mandela. En ce mois de mars 2011, l’Afrique bouge, les fondements anciens sont renversés, en Tunisie, en Egypte, au Soudan, en Libye, en Côte d’Ivoire et les grondements au sud du Sahara s’annoncent en onde de choc. Personne ne peut plus faire comme si rien ne se passait, comme si rien n’était remis en question. Nous avons dit et écrit, depuis des décennies, que la marmite qui bout dans les pays africains dirigés par ceux que les Occidentaux qualifient de « sages » va faire sauter le couvercle, inévitablement, avec fracas, pas pour un simple bruit ou un glissement de façade, mais pour des changements fondamentaux.

Ces mouvements de changement sont là, les peuples réclament des dirigeants en lesquels ils se reconnaissent, à qui ils donnent ou retirent leurs mandats. Les peuples africains se lèvent et meurent pour mettre à la tête de leurs Etats modernes des leaders qui ne doivent leur pouvoir ni à des puissances étrangères ni à des multinationales, encore moins à la « communauté internationale » dont l’Afrique est exclue, mais qui parle de l’Afrique et veut décider sur elle à la place des Africains. Les peuples africains érigent des barrages monstres, pour que l’étranger qui persiste à placer les dirigeants à la tête de nos Etats ne touche pas à nos fils, à nos filles que nos peuples ont reconnu comme leurs porte-parole authentiques et légitimes.

La bataille fait rage en Afrique, cette décennie connaîtra des secousses terribles, car ceux qui, depuis cinq siècles ont fait de l’Afrique leur plantation privée, leur chasse gardée de matières premières, de matières énergétiques, ainsi que leur dépotoir d’objets et machines non recyclés au nord, ceux qui ont fait de nos pays les poubelles monnayées de leurs détritus, tous ceux qui font des profits exorbitants dans leurs relations avec nos pays, eux avec leurs représentants locaux dont nombre de nos propres fils et filles, oui, personne ne voudra lâcher du lest. Personne n’acceptera de perdre la moindre parcelle de pouvoir, le moindre avantage financier, économique, monétaire ou social. Or nos peuples sont déjà descendus dans les rues, et même là où ce n’est pas encore visible, perceptible, l’horloge marque des tic-tac à chaque seconde, jusqu’au dernier qui déclenchera l’explosion.

On censurait les penseurs et écrivains qui prédisaient les grands chamboulements d’aujourd’hui, on les emprisonnait, on les torturait, on les faisait taire ou les éliminait comme s’il s’agit de prophète qui déclenche ce qu’il voit dans sa vision. Il est né pour dire ce qui viendra, même si cela indispose celui qui maintient les rênes du pouvoir. Il en a toujours été ainsi.

NOS RICHESSES D’ABORD AU SERVICE DE NOS POPULATIONS !

Les Africains en ont ras-le-bol de vivre la contradiction d’accepter d’être pauvres et démunis, de vivre comme d’éternels assistés de la dite « communauté internationale », de se voir traités comme d’éternels mendiants incapables de se prendre en charge, pendant que leurs pays respectifs regorgent d’immenses richesses à partir desquels les pays du Nord et leurs collaborateurs locaux construisent la suprématie de leur bien-être. Les Africains disent clairement ceci dans la rue, dans les taxis communs, sur les motos-taxis, dans les trains, dans les marchés, dans les entreprises, dans les écoles et universités : « Ça suffit, les richesses que Dieu nous a données sur nos terres, dans nos sous-sols, dans nos mers et nos fleuves, nous voulons les utiliser pour nous-mêmes et pour nos enfants ». Puis, ils ajoutent : « Nous ne partons chez aucun peuple lui prendre ce que Dieu lui a légué, que l’Occident et sa « communauté internationale » nous laissent tranquilles. Nous voulons déterminer nous-mêmes nos formes de gouvernement, les structures de nos Etats, l’utilisation de nos ressources, nos amis et nos partenariats internationaux et comment nous voulons vivre heureux. Nous ne voulons plus être de mauvaises et pâles copies des autres. Aujourd’hui que nous disons notre ras-le-bol, nous voulons faire éclore nos génies, en toute liberté, nous pencher sur nos problèmes sans l’interférence des multiples conseillers techniques de la « communauté internationale ».

Laissez-nous avec vos multiples agences de coopération qui nous inventent les mots d’ordre, les directives, les guidelines, vos agences qui pointent nos points faibles qu’ils voudraient redresser. Oui, maintenant que nous sommes descendus dans les rues, nous demandons à l’Occident : depuis quand sommes-nous venus d’Afrique pour vous dire ce qui cloche chez vous ? Sommes-nous un jour venus vous dire de supprimer vos asiles de vieux, de partager la nourriture et le bonheur avec votre voisin que vous n’avez même jamais vu depuis toutes ces années qu’il habite-là, juste en face de vous ? »

Les Africains qui dorment à la belle étoile sur les places publiques pour dire leur mécontentement peuvent, aujourd’hui, remplir des bibliothèques entières avec leurs paroles. Ils remettent en cause les mots-clés qui leur ont été offerts de l’extérieur pour assurer leur bonheur : « développement », « démocratie », « multipartisme », « décentralisation », « libéralisme économique », « capitalisme ». Ils disent qu’ils ne peuvent pas être heureux avec les mots d’ordre des autres, qu’ils veulent inventer leurs propres termes et bâtir leur bonheur au 21e siècle à partir de ce qui jaillit de leur propre génie, à partir de ce qui fait battre leurs cœurs et qu’ils voudraient librement appliquer sur leur propre terre, sans interférence. Ils disent à la « communauté internationale » de cesser de vouloir être le maître-penseur de l’Afrique.

Tout le monde, dans nos pays, se surprend à demander : « comment les Occidentaux qui nous ont imposé des leaders depuis nos indépendances truquées, qui les ont courtisés, qui les ont soutenus de manière indéfectible, comment eux qui ont régulièrement mangé sur la même table que nos cause-souffrances, leurs dictateurs protégés chez nous, comment dès que nous les chassons par notre colère de la rue, ces amis d’hier de la « communauté internationale » deviennent des malpropres dont les avoirs seraient à geler et le Tribunal Pénal International devrait recevoir ces nouveaux clients ? »

Ici chez nous, on murmure que ce tribunal a été crée pour tous ces petits-nègres et leurs négresses qui ont commis des actes graves ou qui ont dit non au diktat de l’Occident. Tu es Américain ou Européen, alors, tu peux bombarder toute l’humanité avec les armes les plus sophistiquées, tu peux exterminer des peuples entiers et continuer à vivre dans la paix, dans le luxe insolent, dans le bonheur et être assuré d’une retraite tranquille. Personne ne viendra t’inquiéter, même pas un Tribunal Pénal International, pourvu que tu ne sois pas un Africain, un petit Européen des pays de l’Est ou un homme de couleur d’un pays insignifiant. Le TPI aussi a un besoin d’un champ d’expérimentation, n’est-ce pas ?

VOTRE DEMOCRATIE QUI NOUS DESTABILISE

Votre entendement de la démocratie nous déstabilise et crée des conflits meurtriers dans nos sociétés au lieu de les réduire. Les Anglais ont leur Reine qu’ils vénèrent et leur Premier ministre qui dirige les affaires courantes du royaume. Nous aimons aussi et vénérons nos rois, gardiens de nos valeurs sacrées, de trésors légués par nos ancêtres, depuis des générations. Mais le pouvoir politique leur a été arraché depuis la colonisation et la post-colonisation, et nous devons accepter des mascarades de participation du peuple surtout depuis la chute du Mur de Berlin où l’ennemi de l’Est a perdu de sa puissance. Nous avons observé avec stupeur que dans nos pays, multipartisme et élection n’ont jamais rimé avec participation du peuple à la gestion de la chose publique. Et la « communauté internationale » ne cesse de nous marteler que ceci serait la seule voie du salut, comme si depuis la nuit des temps nous n’avions pas nos systèmes avérés de participation des différentes couches de la société à la vie publique.

Chaque Africain qui vit sur notre sol sait que le jour où il devra franchir le cap pour l’au-delà, il sera ramené chez lui. Même dans un village très retiré, on lui dira alors, quand le cercueil reposera dans la tombe: « que la terre de tes ancêtres te soit légère ». Or la démocratie importée de l’Occident avec son « one man, one voice » fera des autochtones qui ont bien voulu accueillir les fils et filles venant d’autres régions du pays des minorités exclues de la gestion de la cité sur leur propre sol, car lors du vote, chacun élira le candidat de sa terre natale vivant sur le nouveau sol d’accueil, et non pas le candidat au programme politique le plus convainquant.

Comment, dans une ville comme Douala où les autochtones accueillants sont devenues au fil des siècles ou des décennies une infime minorité, un natif pourrait-il gagner une quelconque élection, quelle que soit la pertinence de son programme politique ? Les rois des autres régions viennent installer leurs représentants dans la grande ville cosmopolite, non pas comme leurs ambassadeurs auprès des rois duala, mais comme leurs représentants face à l’administration républicaine dans la ville, et ceux-ci s’autoproclament rois à côté des rois duala. Le jour des élections à la mairie ou à la députation, être natif duala à Douala assure la perte des élections dans le système démocratique. C’est pour cela que nous devons inventer des systèmes de représentation dans la gestion de la chose publique où chaque citoyen a le sentiment de participer effectivement, de faire partie du jeu électoral et d’être sûr qu’il est convenablement représenté dans la gestion de la cité.

DE LA SOLIDARITE ENVERS L’AFRIQUE QUI BOUGE

Dans cette Afrique qui bouge en ce début 2011, une question essentielle taraude les esprits : comment exprimer sa solidarité vis-à-vis des peuples africains ? Deux garçons de dix ans venus passer les vacances de Noël chez moi discutaient le premier soir de leur arrivée, et j’entendis l’un deux dire d’un opposant qui aspire au pouvoir dans un pays africain : « La France lui dit : je t’assure le pouvoir dans ton pays, et toi, tu me donnes ton pays », puis ils éclatèrent de rire tous les deux.

Qui est soutenu par la communauté internationale et dans quel but ?

En ce mois de mars, après les manifestations dans les places publiques en Tunisie, en Egypte, en Libye ou après des élections du fameux système démocratique en Côte d’Ivoire, la guerre ouverte a déjà éclaté dans deux pays. Dans les discussions des populations, certaines questions reviennent sans cesse : « Qui est soutenu par la communauté internationale et dans quel but ? Les soutiens visent-ils une solidarité ayant pour but le renforcement des efforts des peuples africains à gérer enfin leurs propres affaires avec souveraineté ou les soutiens visent-ils plutôt la main mise sous une nouvelle forme avec de nouveaux leaders africains soumis aux diktats de l’extérieur en contrepartie de leur pouvoir ? » Quand les bateaux de guerre étrangers côtoient le large de la Libye ou de la Côte d’Ivoire et soutiennent telle ou telle faction, s’agit-il du contrôle de champs pétroliers et de ports d’exportation pour que telle ou telle nation ou multinationale s’impose sur ces territoires ou s’agit-il de l’amour que ces pays auraient pour les Libyens et Ivoiriens qui aspirent à la liberté, à la justice et au bonheur ? Les Africains ne sont plus dupes, même les femmes au marché vous lancent à la figure : « Bakala ba ma takise biso jita, ba ma pula nde miam mabu bukate o mboa su » (Les Blancs nous ont déjà trop dérangés, ils ne cherchent que leurs richesses sur notre terre).

Les anciens schémas d’intervention égoïste de l’Occident vont-ils se répéter ? Les peuples africains n’ont pas oublié l’assassinat de Patrice Lumumba au Congo en 1960, en présence de l’ONU complice, l’envoi des parachutistes belges et français en 1964, les opérations Shaba I et II en 1977 et 1978 pour maintenir l’agent de la CIA, Mobutu Sese Seko, au pouvoir, l’un des hommes les plus riches de la planète en son temps, dans un pays complètement plumé et mis à genoux. La devise selon laquelle l’Afrique n’a le droit d’avoir des leaders au pouvoir que quand ceux-ci garantissent les intérêts des puissances extérieures, les avantages des gouvernants locaux et mettent au second plan les intérêts de leur propre pays, triomphera-t-elle encore cette fois-ci pour les décennies prochaines ?

Les grondements de la rue sont plus profonds en ce début de 21e siècle, les peuples décryptent mieux les mécanismes qu’en 1960 ou 1970, les intellectuels et les cadres montant n’ont pas connu la colonisation directe et s’insurgent de plus en plus contre le système de domination indirecte, ils aspirent de plus en plus à être maîtres chez eux, sans avoir des comptes à rendre à l’extérieur. Ce qui est certain, c’est que les grands bouleversements actuels dans les pays africains vont nous mener à de nouvelles formulations de la gestion de la chose publique, empreintes d’une authentique originalité africaine. Une nouvelle philosophie politique est en gestation un peu partout, à la recherche de formules plus adaptées au citoyen africain moderne, une nouvelle politique économique et monétaire est en débat, et cette décennie connaîtra sans faute des théories de gestion politique et économique qui feront école en Afrique parce qu’elles trouveront l’adhésion des Africains qui reconnaîtront enfin des repères qui les stabilisent.

L’AUTONOMIE DE PENSER ET D’INVENTER DES PEUPLES AFRICAINS

Alors, les intellectuels occidentaux, les institutions occidentales, les institutions internationales qui ont pris l’habitude d’inventer les voies modernes pour l’Afrique, vont-elles digérer cette autonomie de penser et d’inventer des peuples africains ? L’Afrique ne bouge pas seulement dans les rues, elle bouge aussi dans les laboratoires de pensée, dans les laboratoires d’inventions, dans la formulation de voies originales africaines, indépendantes et souveraines. Ceux qui sont habitués à être les maîtres penseurs des Africains depuis l’Hexagone, ceux qui ne peuvent avoir confiance aux leaders africains que quand ceux-ci sont membres fidèles de leurs confréries contrôlées par l’Occident, exprimeront–ils une solidarité active envers cette Afrique qui s’émancipe et qui monte ou se mettront-ils en travers du mouvement de nos peuples pour maintenir la vieille domination sous tutelle ?

L’Afrique qui bouge offre une chance exceptionnelle aux Africains et au monde entier pour un changement de cap capable de rééquilibrer le monde. Quand on voit un Chef d’Etat comme Evo Morales de Bolivie, un autochtone indien, descendre de l’avion à Dakar le 6 février 2011 en pantalon jean, tennis au pied, en bras de chemise pour participer au Forum social mondial, on ne peut s’empêcher de constater que le monde est en pleine mutation.

La question fondamentale de l’Afrique en cette année 2011 n’est pas de savoir si nos systèmes de gouvernement sont des systèmes démocratiques ou pas. La « communauté internationale » nous a habitués à une démocratie à géométrie variable en Afrique. Quand un président qui assure la continuité de l’exploitation de nos richesses par les structures étrangères gagne des élections truquées, même si ses mains sont couvertes de sang de ses citoyens, il est applaudi et félicité, et nous devons nous soumettre. Quand c’est un patriote qui refuse de se soumettre au diktat de ces mêmes structures étrangères et qui se porte candidat, il est couvert d’opprobre. Tout est fait pour qu’il perde les élections. Et si par malheur il arrive à les gagner, le pays est déstabilisé. Nous connaissons la démocratie élective à géométrie variable depuis le bourrage des urnes dans les années soixante, lorsqu’il s’agissait d’installer au pouvoir des agents des puissances étrangères à la tête des Etats africains au moment des indépendances. C’est pour cela que les peuples africains disent tout haut : ras-le-bol dans les pays africains avec la démocratie à géométrie variable de la « communauté internationale ».

La maîtrise dans la gestion de nos ressources au profit des peuples africains

La question fondamentale des pays africains en ce 21è siècle est de savoir si les peuples africains parviendront à court terme à s’imposer sur leur propre territoire pour exploiter dans la souveraineté nationale ou panafricaine leur génie et leurs richesses au profit des peuples africains d’abord.

Nos peuples se battent pour ceci aujourd’hui: nous voulons utiliser les richesses du continent africain pour les peuples africains qui ont le droit de vivre dans la dignité. Les immenses ressources du continent africain doivent être essentiellement au service des peuples africains, et les gouvernements africains ont la mission première de mettre un frein définitif au pillage de nos ressources par des puissances et structures étrangères. Cela n’exclut ni échange, ni coopération avec les autres peuples et nations dans ce monde globalisé. Nous ne voulons plus que nos chefs d’Etat nous soient imposés par des coups d’Etat tolérés, par des élections démocratiques mais truquées d’avance, par la corruption des agents de l’Etat. Nous voulons aujourd’hui pouvoir dire clairement à nos chefs d’Etat, à nos ministres, à nos ambassadeurs : « Nous, peuples africains, nous sommes derrière vous, nous ne laisserons plus ni des puissances étrangères ni les multinationales, encore moins les organisations internationales vous dicter votre politique sur la terre d’Afrique ou ailleurs, nous ne tolérerons plus que ces structures vous inquiètent même un seul jour de plus. Mettez nos ressources et nos intelligences au service de nos pays, et l’étranger qui vous cherchera nous trouvera amassés sur son chemin, déterminés à lui barrer la route pour vous protéger ».

Voici donc la volonté générale des peuples africains en ce début du 21è siècle, et c’est dans le cadre de cette volonté africaine que nous attendons une solidarité des autres peuples et nations.

* Prince Kum’a Ndumbe III, Professeur à l’Université de Yaoundé I, Président de la Fondation AfricAvenir International (www.africavenir.org; www.exchange-dialogue.com)

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