Version imprimableEnvoyer par courrielversion PDF

Comme les autres activités de l'homme, l'industrie minière pose aujourd'hui des problèmes d'environnement très aigus. La difficulté majeure que pose l'approche des problèmes de l'environnement dans l'industrie minière vient de l'extrême diversité des situations rencontrées, ce qui implique des solutions particulièrement variées, faisant souvent appel à des compétences et à des technologies très spécifiques, le plus souvent inexistantes dans les pays en voie de développement.

Du secteur minier informel à la petite mine mécanisée, jusqu'aux grands projets industriels, il existe une gamme très large d'activités minières. Dans chaque cas, la sensibilité aux nuisances susceptibles d'être causées à l'environnement et les capacités techniques des sociétés minières sont des aspects très variables alors que les risques environnementaux sont parfois très convergents.

Les différentes législations minières prévoient dans leurs dispositions la prise en compte de l'aspect environnemental dans l'exécution des projets industriels. Malheureusement force est de constater que les services géologiques nationaux ne disposent ni de moyens ni de spécialistes capables d'appréhender tous les aspects liés à l'étude et à la protection de l'environnement minier. Face à la matérialisation et à l'intensification de ces problèmes, il devient urgent d'intégrer désormais les exigences de la protection de l'environnement dans la politique de relance du secteur minier dans les pays africains. Il s'agira de concilier la nécessité d'une production minière, génératrice de revenus et d'emplois pour l'économie nationale, et le désir légitime de maintenir un environnement sain dans nos pays.

Cet article se propose de faire une analyse sommaire de l'impact de l'activité minière sur l'environnement et d'ouvrir un débat sur les stratégies à adopter pour une gestion améliorée de l'environnement, aux différents stades de la recherche et de l'exploitation minière,

I. – Impacts environnementaux liés à la phase de prospection

Beaucoup de techniques de prospection, comme la géophysique aéroportée, les levés géologiques ou géochimiques, les travaux miniers légers, etc., ne causent pas de dommages majeurs à l'environnement.

D'autres méthodes peuvent générer des impacts environnementaux mineurs qui sont réglables le plus souvent par l'application de mesures de correction et/ou de mitigation. Il s'agit par exemple des essais d'échantillonnage gros volume, des tests métallurgiques, des essais de traitement, etc. En phase d'exploration, on se préoccupera notamment des impacts liés aux opérations suivantes:

Impacts liés à l'ouverture des voies d'accès : La principale atteinte à l'environnement causée par la plupart des opérations de prospection est la perturbation du relief due à la construction de routes et de plates-formes de sondage, et à l'utilisation de matériels lourds. En effet, l'acheminement du matériel lourd sur le site de travail, constitué en général d'ateliers de forage, de tarière mobiles ou d'équipements logistiques divers, peut affecter l'environnement si le site est localisé dans une zone écologiquement sensible, comme par exemple une forêt classée, un site archéologique, un habitat naturel d'espèces protégées, etc. Mais ces perturbations sont relativement mineures par rapport à celles de l'ensemble d'un projet minier

Impacts liés au camp de prospection : Les camps de prospection qui peuvent être fixes ou mobiles, regroupent en général beaucoup de personnes et peuvent constituer des sources de pollution potentielles pour l'environnement, à travers la production de déchets ménagers et d'eaux usées. Dans ces camps, l'on veillera, comme pour toute autre activité humaine, à éviter de dégrader ou de polluer le site et à le remettre en état après l'arrêt des activités.

Impacts liés aux travaux d'exploration proprement dits : Comme indiqué plus haut, les levés géologiques classiques et l'échantillonnage géochimique, n'engendrent pas d'impacts majeurs sur l'environnement. Toutefois, dans le tracé des profils et la matérialisation des points de prélèvement, l'on veillera à la protection des sites archéologiques traversés et à la sauvegarde des plantes en voie d'extinction.

- Les tranchées et les ouvrages miniers sont souvent utilisés en prospection, en particulier dans les zones sans affleurements. Ces ouvrages qui peuvent fragiliser le sol et le couvert végétal, ne peuvent être exécutés qu'après accord des services techniques ou de l'administration. On prendra soin de limiter leur importance dans la mesure où ils resteront utiles aux objectifs de la prospection. Leur largeur peut être réduite au minimum pour permettre à un géologue d'y faire les levés nécessaires. Après leur documentation, les tranchées seront comblées en utilisant le matériel excavé laissé à proximité.

- En exploration par forages, dès lors qu'on exécute un nombre important d'ouvrages pour reconnaître les caractéristiques d'un gisement, on peut créer des drains artificiels qui peuvent avoir des effets sur le système hydrogéologique local ou régional. Les sondages devront donc être réalisés en respectant le site et l'eau nécessaire devra être prélevée sans nuire aux usages existants. Il importe de prendre en considération les nappes traversées par le sondage et d'étanchéifier les passages du trou dans l'aquifère, pour éviter de les mettre en communication. A la fin de chaque sondage, le site sera remis en état et la sortie du trou sera obturée ou cimentée.

- Dans les travaux géophysiques, l'utilisation de certaines méthodes comme la sismique, par exemple, impose l'observation des réglementations concernant l'utilisation des explosifs (tant vis-à-vis du personnel que vis-à-vis des populations environnantes). Comme la sismique en exploration minière est presque toujours sous-traitée à des compagnies spécifiques, celles-ci connaissent en général tous les règlements liés à sa mise en oeuvre.

2 - Impacts environnementaux liés aux travaux de faisabilité

L'étude de faisabilité ne se limite pas à la seule confection d'un rapport technico-économique. Un tel rapport en est la conclusion et la synthèse qui démontrent la fiabilité technique de l'exploitation et sa rentabilité. Beaucoup de travaux doivent donc être effectués pour recueillir les do~nées qui seront nécessaires à un tel rapport. Les impacts associés à ces activités peuvent affecter les ressources hydrauliques, le sol et le couvert végétal, l'habitat naturel, la faune et parfois les sites archéologiques d'intérêt culturel.

Dans la plupart des cas, les impacts majeurs liés aux travaux de faisabilité doivent être analysés dans une note d'évaluation environnementale où des mesures correctives appropriées sont proposées pour leur mitigation. Parmi ces travaux qui peuvent générés différents impacts, on citera, entre autres:

Les sondages : Les travaux de faisabilité exigent en général l'exécution de nombreux sondages à maille serrée pour estimer les réserves. Les risques d'atteinte à l'environnement liés à la réalisation de ces ouvrages sont généralement constitués par les boues de forage. En effet, l'eau est l'agent de forage utilisé dans la prospection des métaux communs. Le matériau broyé par le trépan est remonté à la surface par l'eau. Lorsque leur décantation n'est pas complète, les boues de forage peuvent poser des problèmes environnementaux. L'eau de forage étant dans la plupart des cas recyclée, il est indispensable que les boues soient parfaitement décantées. Les sondages effectués pour des études hydrogéologiques ou géotechniques génèrent des impacts comparables et sont donc soumis aux mêmes contraintes.

Les travaux miniers : Les excavations, les puits, les descenderies, travers-bancs ou galeries souterraines, sont susceptibles d'avoir une influence nettement plus grande sur l'environnement que les sondages. Ces ouvrages miniers, qu'ils soient souterrains ou aériens, doivent être menés en tenant compte de l'environnement et en suivant les directives administratives qui sont d'ailleurs les mêmes.

Les essais de traitement : Les essais de traitement sont des opérations minières qui aboutissent à la définition d'un procédé technologique, nécessitant le prélèvement de plusieurs dizaines de tonnes de minerais et l'utilisation de produits chimiques pour la détermination des procédés technologiques. Au cours de ces essais, l'impact le plus important est surtout l'utilisation des produits chimiques qui, s'ils ne sont pas contrôlés peuvent avoir des effets sur la faune, la flore et sur les ressources hydrauliques.

3 - Impacts environnementaux liés à la phase d’exploitation

Parmi les impacts prévisibles associés à l'exploitation d'une mine, qu'elle soit à ciel ouvert ou par carrière, on retiendra les perturbations et les déséquilibres qui sont susceptibles d'affecter non seulement l'écosystème air-eau-sol, mais également l'environnement humain et socioculturel. On retiendra, entre autres :

Perte de la végétation naturelle et de l'habitat de la faune : Les activités minières, à cause de l'ouverture des carrières, de l'utilisation d'engins lourds et d'autres types de machines, sont susceptibles d'entraîner un important déséquilibre de l'environne:ment naturel, en affectant la végétation locale, l'habitat naturel et la vie animale.

Dégradation du sol et du couvert végétal : Les activités minières sont susceptibles d'entraîner un déboisage massif avec comme conséquences, une accélération des phénomènes d'érosion, la perturbation de la diversité biologique et du couvert végétal, des glissements de terrain ou des affaissements de sols. Ces impacts sont classés dans la catégorie des impacts majeurs et sont généralement associés à l'exploitation minière par carrière.

Perte de vue panoramique : L'exploitation minière par carrière à ciel ouvert engendre le déplacement d'importantes quantités de roche, de stériles ou de déchets qui sont déposés au-dessus du sol sous forme de terrils, entraînant des impacts visuels et la création « d'aspect lunaire» dans tout le paysage. Ces impacts qui sont inhérents à l'exploitation elle-même, sont corrigés dans certains cas par des travaux de restauration et de réhabilitation des sites. Les grandes excavations des mines à ciel ouvert, les terrils et les installations de surface sont souvent autant de plaies qui défigurent le paysage. Les aménagements annexes tels que voies d'accès, embarcadères, pistes d'atterrissage, lignes électriques, etc., peuvent aussi être particulièrement offensants pour la vue, tant pendant l'exploitation qu'après la fermeture de la mine.

Changement de la qualité des ressources hvdrologiques : L'industrie minière rejette plusieurs milliers de tonnes de stériles et de résidus chaque année. La majeure partie de ces rejets provient de l'exploitation de dépôts sulfurés desquels sont extraits l’or. Ces résidus miniers sont exposés à l'air et à l'eau, où ils s'oxydent en présence de certaines bactéries, comme le thiobacillus ferrooxidans. Les eaux de ruissellement entraînent avec elles ces produits de l'oxydation, de l'acide sulfurique et des métaux sulfurés nouvellement formés, les libérant dans l'environnement sous forme de drainage acides. Ce phénomène aboutit à la formation d'eaux acides qui véhiculent des métaux lourds dont certains sont particulièrement dangereux pour la santé humaine et animale. Ces effluents acides peuvent atteindre la nappe souterraine et entraîner ainsi une contamination des eaux profondes.

Par ailleurs, d'autres effets sur les eaux superficielles et/ou profondes situées dans le voisinage d'un gisement, peuvent entraîner des modifications des débits du système hydraulique local ou apporter des changements dans la qualité des eaux (Ph, anions et cations, matières en suspension,, etc...);

Bruits et vibrations : Les sources de bruit dans l'industrie minière se répartissent principalement entre les installations fixes, l'équipement mobiles des opérations d'exploitation et celui des opérations de transport. Les installations fixes recouvrent une vaste gamme d'équipements dont les concasseurs, les cribles, les broyeurs, les compresseurs, les ventilateurs, les ateliers et les points de chargement.

Effets de souffle : L'un des effets indésirables des tirs est d'induire à proximité des déplacements de surface dont l'ampleur est fonction de la distance au point de tir, de l'énergie libérée par les explosifs et des conditions géologiques locales.

Affaissement de terrains : En exploitation souterraine, l'excavation de matériaux est une cause potentielle de mouvements de terrain et donc de déformations de la surface. Les circonstances dans lesquelles ces phénomènes peuvent se produire sont très variables. Les principaux paramètres en sont la géométrie, la méthode d'exploitation, la nature du gisement et des morts terrains. Dans de nombreux cas, la prise en compte des lois de la mécanique des roches permet une prévision qualitative relativement fiable des risques d'affaissement.

Les dégâts potentiels consécutifs à un affaissement sont notamment des fissures majeures en surface, capables d'endommager sérieusement bâtiments et installations. Ces fissures discontinues peuvent être de largeur variable de quelques millimètres à plusieurs mètres, ou une déformation continue de la surface, par exemple une cuvette d'effondrement. Un déplacement uniforme ne provoque que rarement des dégâts importants. Les déplacements différentiels peuvent jouer sur J'écoulement des eaux de surface, modifier la pente des routes, des voies ferrées, des conduites d'eau ou de gaz, etc.

Lors de l'abandon des exploitations à ciel ouvert, d'importants effondrements des flancs de fosse peuvent survenir. On recommande de ménager un périmètre de sécurité autour des fosses abandonnées. Un certain nombre d'organismes ont publié des directives relatives à ces périmètres et autres mesures de sécurité, qui sont en général adaptées aux conditions géologiques et climatiques locales.

Pollutions : L'exploitation minière peut provoquer une contamination de l'air par les poussières résultant de la fragmentation et du déplacement des roches, et par les gaz issus de l’utilisation d'explosifs. L'utilisation d'explosifs, de générateurs électriques et d'engins de terrassement constitue une source de nuisances sonores dans l'exploitation minière. Dans le cas des gisements aurifères par exemple, le traitement du minerai est réalisé en général par attaques chimiques diverses. Il s’agit de procédés essentiellement basés sur la cyanuration et l'utilisation d'autres produits chimiques très toxiques. Bien que réalisés dans des cuves, ces procédés peuvent avoir pour conséquence, une émission de dioxyde de soufre dans l'air et une dispersion plus ou moins importante de cyanure dans les bassins de décantation.

Les effets sur l'environnement de ces produits cyanurés peuvent être particulièrement dangereux si des infiltrations se produisent à partir du bassin à rejet. La gestion du bassin à boues et des produits chimiques constitue l'un des impacts environnementaux les plus importants dans les mines industrielles exploitées à ciel ouvert. Les mesures de mitigation qui sont envisagées dans la plupart des cas, devront permettre d'assurer une sécurisation de ces installations et de minimiser les dangers potentiels pour les humains, la flore et la faune

Risques d'accidents : Une mine en activité ou même abandonnée peut être une source d'accidents liés à la circulation d'engins lourds ou à l'émanation de gaz toxiques. Ceci est particulièrement le cas pour les mines de charbon où les principaux gaz susceptibles d'être rencontrés sont le méthane (CH4), le gaz carbonique (CO2), du monoxyde de carbone (CO), le sulfure d'hydrogène (H2S) et l'azote. Ces gaz ou mélanges de gaz sortant d'un puits peuvent présenter des risques d'asphyxie, de toxicité, d'inflammabilité ou d'explosion.

Les risques d'explosion dépendent de plusieurs paramètres et en particulier, de la composition du mélange gazeux, de la violence de la source d'inflammation, du confinement du mélange, des obstacles qui peuvent induire des turbulences, etc. L'application des mesures de protection collective et/ou individuelle et le respect des normes de sécurité et d'hygiène, sont en général les moyens les plus utilisés dans les mines pour circonscrire ces risques d'accidents professionnels.

4 - Impacts sociaux liés à l’exploitation

Déplacement involontaire des populations : Les activités minières sont susceptibles d'entraîner un déplacement involontaire des populations de leur lieu d'origine vers de nouveaux sites, créant de ce fait, des effets sociaux perturbateurs sur les familles et les résidents autochtones. Les projets miniers qui déplacent involontairement des populations donnent en général lieu à de sérieux problèmes économiques, sociaux et environnementaux. Des systèmes de production sont démantelés; les biens de production et les sources de revenus sont perdus ; les populations sont déplacées dans des zones où leur capacité de production peut être inadaptée et où la concurrence pour les ressources sont plus rudes. Les structures communautaires et le tissu social peuvent être affaiblis ; les groupes d'affinités peuvent être dispersés; l'identité culturelle et l'autorité traditionnelle peuvent être perturbées.

Le déplacement involontaire peut donc être source de difficultés à long terme en entraînant un appauvrissement des populations touchées et causer des dégâts à l'environnement.

Afin de faire face à ces contraintes, la planification du déplacement des populations est généralement régulée par des directives spécifiques, dont l'application est désormais exigée par certaines institutions internationales, comme la Banque Mondiale, la SFI, la BAD, etc. L'objectif de telles directives est de s'assurer que les populations déplacées par un projet, en reçoivent des avantages avec la fourniture de ressources et d'opportunités suffisantes pour partager les bénéfices du projet.

Impacts liés à la fermeture des mines

Les sites miniers sont généralement situés dans des zones où ils constituent la principale ressource économique. Leur fermeture a donc des répercussions socio-économiques importantes. La gestion de l'après-midi et la reconversion de la main-d'oeuvre et des sous traitants locaux doivent donc être programmées, en étroite collaboration entre la compagnie minière, les populations concernées, le gouvernement et les autorités locales.

Impacts liés à l’exploitation minière par drainage

Le développement du potentiel minier a entraîné une diversification de la recherche aurifère dans plusieurs pays africains, à travers l'utilisation des dragues à succion. Cette opération qui se pratique principalement en lit vif sur des fleuves et rivières, comprend essentiellement trois étapes, à savoir le dragage ou l'extraction du gravier minéralisé du fond de la rivière, le lavage du gravier et la récupération de l'or par amalgamation du concentré.

L'extraction de l'or par la voie chimique d'amalgamation, constitue l'impact négatif le plus redoutable dans les opérations de dragage. En effet, entre 50% et 70% de la quantité d'or totale extraite par dragage sont faits par amalgamation au mercure. Le point d'ébullition du mercure est de 357°C, mais il a une légère tendance à s'évaporer à la température ambiante. D'après les normes de l'OMS, le seuil maximum toléré est de 4 microgrammes/litre et à partir de 50 microgrammes, le mercure devient très toxique et son inhalation peut entraîner des troubles neurologiques et des lésions cérébrales grave s; ce qui constitue des préjudices pour la santé des hommes.

En chauffant l'amalgame sur feu ouvert, le mercure est évaporé et peut contaminer l’air ambiant. Par ailleurs, le mercure perdu par amalgamation peut pénétrer dans le réseau de drainage et provoquer une contamination de la chaîne alimentaire, à travers les poissons.

Dans certains pays d'Amérique latine, l'utilisation du mercure a atteint des seuils écologiques irréversibles dus aux déversements de mercure dans l'air et dans le sol. Ces conséquences écologiques sur l'environnement naturel sont, pour la plupart, imputables à l'extraction artisanal de l'or par amalgamation. Les risques liés à l'amalgamation et à la manipulation du mercure constituent donc des dangers potentiels aussi bien pour l'homme que pour les ressources naturelles que l'on se doit d'éviter. Les mesures de protection environnementale liées à l'utilisation du mercure doivent viser à réduire les risques de déversement et d'évaporation de cette substance dans l'eau et dans l'air.

Pour ce faire, il est recommandé l'utilisation d'appareil appelé Cornue, spécialement conçu pour minimiser l’impact de l'amalgamation sur l'environnement. Le principe de base de cet appareil est basé sur la distillation du mercure et sa récupération par refroidissement dans un système étanche et fermé. Testé avec succès dans plusieurs pays miniers d'Afrique, la Cornue est un appareil qui permet non seulement d'augmenter le rendement jusqu'à 12%, mais aussi d'empêcher l'échappement des vapeurs de mercure dans l'atmosphère et dans le milieu environnant, lorsqu'on chauffe le concentré d'amalgame contenant de l'or.

D'utilisation facile et très pratique, la sécurité fonctionnelle et l'étanchéité de la cornue fait de cet appareil, l'instrument le plus fiable recommandé dans l'extraction aurifère par amalgamation.

5 - Impacts environnementaux liés à l’exploitation artisanale

Impacts écologiques

L'exploitation artisanale se pratique dans beaucoup de pays africains mais de façon rudimentaire et informelle. Mais dans certains pays comme le Mali, la Guinée ou le Burkina Faso, les mineurs commencent à acquérir des équipements de plus en plus perfectionnés (marteau-piqueurs, compresseurs hydrauliques, broyeurs mécaniques, etc.). En l'absence d'un encadrement des orpailleurs, les exploitations traditionnelles conduisent à une destruction anarchique des sols et au déboisement des zones exploitées. Dans ces gigantesques et parfois éphémères zones d'exploitation, le souci de l'environnement n’existe pas dans l'esprit des orpailleurs. Tout au plus, l'administration essaie de minimiser quelque peu les effets les plus graves sur la sécurité des exploitants. Mais ces mesures semblent dérisoires face aux conséquences de ces exploitations.

Certaines de ces conséquences existent certainement depuis longtemps, mais ne sont découvertes aujourd'hui que grâce à la sensibilité du milieu aux nuisances minières, ou n’apparaissent que maintenant en raison de la lenteur et des effets cumulatifs de certaines contaminations. De par leur fréquence et en l'absence de tout effort pour une régénération et une revalorisation des sites exploités, l'orpaillage peut avoir des conséquences environnementales majeures sur l'écosystème.

Avec l'orpaillage, des centaines de milliers de puits sont souvent abandonnés, et offrent ainsi le sol au ravinement et à des processus d'érosion intensive, aboutissant à une destruction totale du couvert végétal. Ce déséquilibre provoque, en plus, un sur-alluvionnement des vallées et leur asphyxie plus ou moins profonde. Ces processus sont quasiment irréversibles et peuvent devenir catastrophiques à l'échelle de quelques générations. Ces exploitations anarchiques peuvent provoquer des effets convergents et causer de graves perturbations dans le drainage naturel des cours d'eau.

Dans les techniques de traitement des minerais aurifères, les orpailleurs font de plus en plus usage de produits chimiques, tels que les acides ou le mercure. De telles méthodes qui sont employées à l'heure actuelle de façon très discrète dans beaucoup de pays, compromettent dangereusement la salubrité des eaux et des sols. En effet, ces produits chimiques perdus par amalgamation se retrouvent dans les systèmes de drainage, provoquant ainsi une contamination progressive de la chaîne alimentaire, à travers les poissons.

Impacts sociaux

L'afflux massif de populations diverses sur les sites, dû à l'appétit d'un enrichissement facile et rapide, entraîne en général, une dégradation rapide des moeurs sur la plupart des sites miniers. C'est ainsi que la prostitution, l'usage de stupéfiants, la délinquance, l'escroquerie, le banditisme et même la criminalité, ont tendance à s'y développer. Ce danger est d'autant plus réel que, souvent, il y a une nette insuffisance d'infrastructures sociales élémentaires, notamment aux plans santé, éducation et sécurité.

Par ailleurs, un autre type d'impacts négatifs concerne les fréquents accidents mortels dus, à la fois, à l'inexistence des équipements de protection et aux excavations désordonnées. En particulier, dans les exploitations artisanales à forte concentration de populations, les creusements de puits et galeries, en dehors de toute règle de sécurité, accompagnés d'accumulations anarchiques des stériles, entraînent de fréquents éboulements meurtriers. Pour ce qui concerne les risques d'accidents, ceux-ci sont d'autant plus élevés que, parfois, sur la base de certaines croyances erronées, ces accidents sont interprétés comme un tribut nécessaire à payer pour trouver le métal précieux.

Dans ces conditions, l'orpaillage traditionnel au lieu d'être une activité rémunératrice pour l'orpailleur, apparaît, au contraire, comme un facteur de paupérisation des zones rurales minières. Les potentialités offertes par l'artisanat minier sont des atouts favorables qui doivent être appuyer pour susciter une large participation des services techniques et des collectivités de base, en vue de faciliter leur engagement dans des activités productives durables et améliorer l'accès aux services sociaux de base.

6 - Conclusion
Comme les autres activités de l'homme, l'industrie minière pose aujourd'hui des problèmes d'environnement parfois très aigus. Du secteur minier informel à la petite mine mécanisée jusqu'aux grands projets industriels, il existe une gamme très large d'impacts environnementaux qui ont été décrits dans les paragraphes précédents. Face à la matérialisation et à l'intensification de ces problèmes, il devient urgent d'intégrer désormais les exigences de la protection de l'environnement dans les politiques de développement du secteur minier. Il s'agira, pour ce faire, de concilier la nécessité d'une production minière génératrice de revenus et d'emplois pour l'économie nationale, et le désir légitime de maintenir un environnement sain dans les sites miniers.

La prise en compte de la composante environnementale doit être analysée dès le stade de définition du projet et à toutes les phases de l'exploitation. La concertation avec l'administration et avec les intervenants locaux (collectivités, associations, ONG, etc.) permet de valider les différentes options choisies tout en optimisant les coûts pour permettre à l'exploitant de développer son activité sans subir de préjudice et supporter des coûts imprévus.

Des paramètres indicateurs de l'état environnemental du site doivent être disponibles pouf permettre de suivre l'évolution des sites et corriger les changements intervenus par rapport à l'état initial.

* Souleymane DEMBELE est Coordinateur général de Guamina, ONG malienne intervenant dans le secteur de l’environnement social et de l’économie solidaire

* Veuillez envoyer vos commentaires à ou commentez en ligne sur www.pambazuka.org