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Le 52ème anniversaire de l’indépendance du Nigeria est noyé dans l’agitation du possible partage du pays, comme solution aux déchirements ethniques et religieux qu’il connaît. Mais les arguments qui sous tendent de telles idées sont des plus fallacieuses.

Une des histoires les plus racontées par les Nigérians sur leur pays concerne la possibilité de le voir divisé le long de lignes ethniques ou religieuses. Ce qui signifie, dans l’esprit de ceux qui en parlent, que le Nigeria devrait être constitué de trois ou davantage de encore de pays et ne pas se présenter comme ce "machin" fait d’un seul pays rassemblé il y a 98 ans. Deux ans avant que le Nigeria célèbre son siècle d’amalgame entre nord et sud, l’ambiance déjà chaude, concernant un possible clivage, s’échauffe encore un peu plus.

Nous devons concéder que beaucoup de mauvaises représentations du Nigeria sont construites en dehors des frontières du pays. Mais les discours invraisemblables du genre "il y avait un pays appelé Nigeria", restent des discours indigènes fallacieux, un mauvais produit que les Nigérians ont exporté avec succès. La drôle d’idée selon laquelle il existe une division religieuse nord/sud au Nigeria est un mythe, une thèse paresseuse que les Nigérians ont été contraints d’avaler.

Au mieux, c’est une distraction délibérée de la part de l’incompétence crasse du leadership politique. Les actuelles tentatives pour corriger cette impression n’apportent pas les résultats escomptés, parce que les médias occidentaux ont déjà raffiné l’histoire. Et cette fâcheuse description a déjà fait des adeptes : même Al Jazeera, en parlant du Nigeria, fait régulièrement référence au sud chrétien et au nord musulman. Seigneur ! Suis-je donc le seul Nigérian a sombrer dans un ennui mortel à cause de ces discours fallacieux ?

L’histoire était si robuste, si souvent répétée et rendue si douce à l’oreille qu’elle a intéressé feu l’homme fort de la Libye, Mouammar Kadhafi. Etant lui-même un avocat convaincu des Etats-Unis d’Afrique, indivisibles, avec un gouvernement central, il a un jour défendu, quoiqu’il ait plus tard reconnu son ignorance, le démembrement du Nigeria, à la façon du Soudan. C'est-à-dire le partage en deux du pays : la partie nord serait musulmane et l’autre, probablement, deviendrait le sud chrétien.

Seigneur ! Pour dire la vérité, j’ai entendu ce genre de discours d’ivrogne dans la bouche de Nigérians dont on aurait attendu une meilleure appréciation de la situation que feu Kadhafi. C’est vrai. J’ai entendu des Nigérians, il est vrai, poussés par la frustration, soutenir que le partage du pays est la "seule solution" à ses problèmes. Curieusement, il est peu probable que vous receviez une réponse si vous posez la question pertinente : le long de quelles lignes est-ce qu’on partage le pays ?

Nous ne devons pas ignorer qu’il y a des Nigérians qui redoutent le partage du pays à la façon tchèque ou comme au Soudan. Diable non ! Le souci est que certains de ceux qui réclament une scission du pays considèrent le nord comme un inconvénient, un fardeau sur le dos du Nigeria. Et pourquoi pas ? Au nord, un leadership politique qui n’a aucune idée, criminel et inepte, plutôt que d’exploiter les abondantes ressources non pétrolières de la région, préfère porter son regard concupiscent sur le sud et parasiter les allocations mensuelles fédérales provenant des revenus pétroliers du delta du Niger.

Et, de toute façon, la majeure partie des allocations mensuelles finit dans les poches des dirigeants politiques qui sont toujours prêts à se lamenter, à insinuer, à se plaindre. Ceci est douloureux, parce qu’au début des années ‘60’, le défunt gouvernement de la région du nord avait exploité les ressources non pétrolières pour transformer la région et contribuer au trésor fédéral pour le développement du delta du Niger. Au jour d’aujourd’hui, les dirigeants politiques du nord ont transformé les vastes plaines en un bastion de désespoir et de misère et les gens du nord sont maintenant considérés avec dédain et perçus par leurs compatriotes comme des parasites paresseux.

Le problème, chaque fois que l’on parle de scission, c’est que les Nigérians ne prennent pas en compte la main de Dieu dans les évènements historiques qui ont donné naissance en 1914 à ce "machin" nommé Nigeria. Considérez les dix-sept Etats qui constituent le soi-disant sud chrétien. Pouvons-nous honnêtement y découper un pays qui reflète la christianité du sud ? Est-ce que la région du sud-ouest où l’on parle principalement le Yoruba, où il y a autant de chrétiens que de musulmans, peut véritablement être intégrée au sud chrétien ? Même si le Yoruba musulman moyen est libéral, il est peut probable qu’il soit séduit à l’idée d’une république chrétienne de Oduduwa. La population musulmane de Yorubaland n’est pas une minorité. Dans tout le Nigeria méridional, c’est dans le sud sud dans les zones géopolitiques du sud-est qu’on trouvera des populations chrétiennes indigènes majoritaires. Mais il y aussi des Igbos indigènes qui sont musulmans dans les Etats de Rivers et d’Edo, dont les intérêts doivent être pris en compte avant que de parler, un peu facilement, d’un sud chrétien.

Dans le nord, seule la partie du nord-ouest des trois zones géopolitiques peut être décrite comme étant à prédominance musulmane. Et là aussi, à l’instar du sud-est et du sud-sud, il y a une population chrétienne significative qui doit être prise en considération. Les zones géopolitiques du nord-est et du centre nord posent également un autre cas, du fait qu’il n’y a pas d’Etat dans ces deux zones où les Chrétiens pourraient être considérés comme une minorité insignifiante. Aucun. En fait, dans au moins deux Etats du centre nord, les Musulmans sont une claire minorité. Soit dit en passant, lequel des Etats du nord-est, est véritablement à prédominance musulmane ? Serait-ce Taraba, Gombe, Bauchi ou même Borno ? Et pourtant nous continuons de parler d’un sud chrétien et d’un nord musulman.

Chaque fois que quelqu’un articule un argument en faveur de la scission, on a l’impression que ce point de vue est le fruit d’une frustration. Et la frustration prive l’homme de sa capacité de penser de manière rationnelle. La frustration, surtout parmi les Nigérians, est le résultat de l’état de l’économie de la nation, particulièrement dans le nord, où les problèmes de déficience de leadership, comparativement, sont plus prononcés. Toutes les tueries dans le pays, que nous attribuons à la religion, ont plus à voir avec l’économie. Rares sont les Nigérians prêts à s’adonner à quelque forme de violence que ce soit si l’économie fonctionne et si les gens sont impliqués dans une forme de commerce ou une autre. Une bonne partie de la frustration provient d’une situation où quelques-uns se trouvent au gouvernement, généralement par des moyens immondes, violents et criminels et accaparent la richesse commune. Que pouvons-nous attendre lorsqu’on verrouille la part du changement pacifique ?

Ne vous trompez pas ! Toute cette agitation concernant une possible scission trouverait un terme si les dirigeants politiques, en particulier dans le nord, voulaient reprendre la situation en main. Dans une moindre mesure, le gouvernement, au niveau fédéral, devrait s’adresser à toute la nation pour une urgente réhabilitation, similaire à celle qui a cours dans le delta du Niger. La crainte est qu’un tel effort risque d’être avorté par la présente collection de dirigeants dans le nord, qui sont très occupés à se constituer des trésors considérables en vue de la présidentielle de 2015. Et pour l’amour du Ciel, nous n’avons pas besoin qu’une nouvelle insurrection pointe son nez pour nous pousser à l’action. Notre message à tous les voleurs du pays est celui-ci : volez moins et dépensez plus pour réparer l’économie

CE TEXTE VOUS A ETE PROPOSE PAR PAMBAZUKA NEWS



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** Abdulrazaq Magaji est journaliste, ancien lecteur en Histoire, qui vit à Abuja (email : [email][email protected]) - Texte traduit de l’anglais par Elisabeth Nyffenegger

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