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De nombreux autres attendent justice à défaut d’une amnistie générale

La libération de cet ancien organisateur des Panthers illustre non seulement l’injustice du système politique et légal américain, mais attire aussi l’attention sur les nombreux autres prisonniers politiques détenus dans un pays qui se prétend la citadelle de la démocratie.

Le 4 mars dernier, le membre du Black Panther Party de Baltimore, Marshall Eddie Conway a été libéré de prison après 44 ans d’incarcération. Conway a été la cible du programme de contre-espionnage du FBI (Cointelpro) qui a tenté de détruire le mouvement afro-américain révolutionnaire aux Etats-Unis dans les années 1960 et 70.

Conway a clamé son innocence tout au long des décennies et pendant qu’il était en prison a administré des programmes qui assistaient les jeunes qui entraient dans le système. Sa libération a été saluée par les vétérans du Black Liberation Movement et par des jeunes militants.

La libération de cet ancien organisateur des Panthers illustre non seulement l’injustice du système politique et légal américain, mais attire aussi l’attention sur de nombreux autres prisonniers politique détenus dans un pays qui se prétend la citadelle de la démocratie. De même, outre le fait qu’elle démontre la perpétuation de la détention de centaines de dirigeants et militants politiques, elle montre encore crûment que les Etats-Unis ont la plus nombreuse population carcérale per capita du monde.

Après sa libération Conway a déclaré : " Je suis rempli d’une foule d’émotions différentes après presque 44 ans de détention. Je veux remercier ma famille, mes amis, mes avocats et mes supporters. Nombreux sont ceux qui ont souffert avec moi." (Truth-Out, le 5 mars)

Les circonstances de son arrestation et de sa condamnation qui a suivi ont été décrites ainsi : "Dans la nuit du 21 avril 1970, deux officiers de police de Baltimore, Donald Sager et Stanley Sierakowski, ont été abattus alors qu’ils répondaient à un appel pour quelque trouble domestique. Sierakowski a été sérieusement blessé et Sager a succombé à ses blessures. Deux membres des Black Panthers, Jack Ivory Johnson et Jackie Powell ont été appréhendés à proximité du lieu du crime peu après les coups de feu. D’autres officiers de police ont vu un troisième afro-américain et l’ont pourchassé autour de plusieurs pâtés de maison, pendant que le fuyard répliquait aux coups de feu pour finalement s’échapper. L’officier de police a par la suite témoigné que l’homme qui lui tirait dessus alors qu’il s’enfuyait était Marshall Eddie Conway, un militant proéminent de la communauté des Panthers " (Truth-Out, le 5 mars)

En raison de l’hostilité du gouvernement fédéral à l’égard des Droits civiques, du Black Power et des mouvements révolutionnaires noirs à cette époque, il était quasiment impossible que Conway et d’autres dirigeants et membres d’organisations comme la Republic of New Africa (RNA), bénéficiente d’un procès équitable. Des centaines de militants engagés ont été accusés à tort par les Cours de Justice et condamnés à de longues peines de prison. De nombreux autres membres des Panthers et du Black Liberation Movement ont été assassinés entre 1968 et 1973. Des personnalités comme Bobby Hatton, Fred Hampton, Mark Clark, John Huggins, Alprentice Bunchy Carter, Spurgeon Jake Winters, Malik Zayd Shakur et de nombreux autres miitants ont sacrifié leur vie dans cette lutte.

Plus nombreux encore sont ceux qui ont été poussés à l’exil vers Cuba, en Algérie, en Chine, en Tanzanie et d’autres pays. Des personnes comme Robert Williams, Assata Shakur, Nehanda Abiodun et Don Cox ont passé des années en exil. Aujourd’hui encore, d’autres prisonniers politiques comme Mumia Abou Djamal, Sekou Odinga, Mutulu Shakur, Leonard Peltier, Oscar Lopez Rivera, le Move 9, les Cuban Five (dont il ne reste plus que trois) sont toujours détenus dans des conditions lamentables.

L’IMPACT DU PROJET COINTELPRO SUR LA LUTTE AFRICAINE POUR LA LIBERATION

Il est évident que les assassinats ciblés, les incarcérations injustes, les exils forcés et la neutralisation politique des principaux dirigeants et porte-parole de l’African American Civil Rights, du Black Power, du Black Revolutionary et des mouvements panafricains ont eu un effet funeste au cours des décennies. Une culture de résistance, continuation de l’époque coloniale et de l’esclavage jusque dans les années 1960 et 70, a subie les assauts aussi bien de la puissance de l’Etat que de l’usage de techniques de guerre psychologique par les médias dominants et le système éducatif.

Ceci est manifeste dans la lutte idéologique actuelle au sein de la communauté afro-américaine. On devrait reprendre les discussions sur la façon de redynamiser le mouvement afin d’obtenir une amnistie générale pour tous les prisonniers politiques captifs du gouvernement américain. Aussi longtemps que la justice n’a pas passé en revue ces cas, il ne sera pas possible de reconstruire le genre de mouvement révolutionnaire nécessaire au 21ème siècle qui puisse défier l’oppression nationale, l’exploitation capitaliste et la guerre impérialiste.

La classe dirigeante mène une guerre intense contre les opprimés et les travailleurs aux Etats-Unis, devant faire face à la pire crise politique et économique depuis la Grande Dépression des années 1930. La crise devient politique lorsque les experts des banquiers de Wall Street n’ont pas de solutions aux problèmes les plus pressants, les plus brûlants du jour, c'est-à-dire une pauvreté massive, le chômage, la dégradation de l’environnement, la qualité des logements, l’instruction, etc. Ils doivent eux-mêmes reconnaître que le système impérialiste et capitaliste est basé sur la seule oppression et l’exploitation de la majeure partie de l’humanité dans le monde.

Néanmoins, la clé du progrès historique de la lutte de libération des Afro-américains pour une autonomie, une nation indépendante et la pleine égalité témoigne que le système actuel est incapable de fournir des solutions. Un système d’autogestion, de distribution égalitaire de la richesse. La fin des guerres impérialistes est l’unique alternative à cette course folle vers l’abîme générée par le capitalisme.

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** Abayomi Azikiwe est le rédacteur de Pan-African News Wire
Texte traduit de l’anglais par Elisabeth Nyffenegger

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