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Il a fallu du temps pour que la France se détermine dans le sens de l’histoire, à propos de la révolution tunisienne. Des dizaines de mort n’y avaient pas suffi. Jusqu’à la fuite de Ben Ali, Paris s’est emmuré dans un silence assourdissant, au milieu des positions équivoques qui montaient ça et là. Faraniaina Ramarosaona rappelle les duplicités françaises que le soutien aujourd’hui apporté au peuple tunisien en lutte ne saurait faire oublier.

Ce qui se passe en Tunisie suscite des questions de fonds : elle est un pays dont on reconnaît le développement économique : fort taux de scolarisation, infrastructures élevées, croissance économique stable...

Et pourtant, les perspectives d'avenir des jeunes pourtant bien scolarisés (le premier jeune à s'immoler était diplômé) sont faibles, l'atteinte aux droits humains et libertés publiques a été si grave que nous en sommes là.

Que dire alors des perspectives d'avenir des pays d' Afrique où il n'y a ni développement économique ni respect des droits de l'homme, où la corruption s'est normalisée, etc. ? Je répondrai sans certitude qu'il faudrait voir comment ça marche au Botswana, à Maurice, qui sont des exemples positifs de gouvernance sur le continent.

En attendant , je vous propose de lire une interview d'un membre de la classe politique française qui aborde de front la relation France-Tunisie. En effet, au début des émeutes, le silence, si ce n'est la frilosité des dirigeants français, est assourdissant et critiqué. Quand ils ne font pas des maladresses comme Mme Alliot-Marie, qui, interpellée par des députés, dit, comme principal élément de réponse : «nous proposons à la Tunisie le savoir-faire de nos forces de sécurité ».

Cette interview de Jean-Pierre Sueur, président du groupe d'amitié France-Tunisie au Sénat (« Les liens entre la France et la Tunisie ne justifient pas le silence sur la répression » (http://tinyurl.com/4jco8bz) nous a intéressé car elle dénote un autre langage que la langue de bois pesante à laquelle nous ont habitué les dirigeants français, qu'ils soient socialistes ou de droite, intérêts de la France (selon leur point de vue) oblige : il est lucide, met le point sur les i, mesuré, sans occulter les choses...

Depuis le début des émeutes sociales en Tunisie, la classe politique française dans son ensemble se distingue par sa frilosité à condamner la violente répression opérée par le régime du président Ben Ali. Au sein du gouvernement, les ministres Frédéric Mitterrand et Bruno Le Maire ont eu des propos conciliants à l'égard du pouvoir tunisien.

Mardi 11 janvier, la ministre des affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, interpellée sur le silence de Paris, a estimé que la France ne devait pas "donner de leçons" à la Tunisie, lui proposant au contraire d'apporter son savoir-faire en matière de maintien de l'ordre.

A gauche, la condamnation de la répression a tardé à intervenir. Bertrand Delanoë, le maire socialiste de Paris, né en Tunisie, qui s'était montré critique en son temps à l'égard du régime, a fait savoir en début de semaine qu'il préférait mener des contacts avec des militants tunisiens plutôt que de faire des déclarations.

Mercredi 12 janvier, le Parti socialiste, après Europe Ecologie-Les Verts, a finalement publié un communiquécondamnant "la brutalité avec laquelle le pouvoir a répondu aux revendications sociales et politiques des citoyens".