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Quatorze ans après le lancement du projet à Ranobe-Toliara II, la société a enfin obtenu son permis environnemental le 23 juin. Pour le gouvernement il y avait urgence à lancer des projets de développement, mais la procédure adoptée entraine une forte suspicion de corruption chez les opérateurs miniers.

L‘Office national de l’environnement à Madagascar a enfin décidé d’accorder au Projet Toliara Sands son permis, après des années d’études de la commission d’enquête d’audience publique, dans les cinq communes concernées par le projet. Ce permis vient s’ajouter aux cinq autres que la société a déjà obtenus, dont trois relatifs aux recherches (PR 3315 du 12/01/2001, PR 12026 du 15/09/2004, PR 17388 du 28/07/2005) et deux portant autorisation d’exploitation (PE 37242 et 39130 du 21/03/21). Ces derniers ont été délivrés le 21 mars 2012, au moment où toute délivrance de permis d’exploitation était encore interdite par la loi.

La société a bénéficié d’une exception à l’époque. Le gouvernement, par l’intermédiaire du ministère des Mines, lui a accordé ces permis car il y avait urgence. Le pays avait grand besoin de projets de développement. Nous ne voulions pas repousser les sociétés qui peuvent nous soutenir dans le processus, explique Pamphile Rakotoarimanana, qui était le secrétaire général du ministère à l’époque. Il occupe actuellement, le poste de directeur général du bureau des cadastres miniers de Madagascar (Bcmm).

Le Bcmm gère les périmètres miniers à Madagascar, octroie et renouvelle les permis en vigueur. Mais cette autorisation a créé une vague de polémiques et de débats au niveau des opérateurs miniers car en 2012, on a enregistré plus de 2000 demandes de permis, mais l’État les a mis en stand by, alors que les demandeurs payaient les droits administratifs relatifs aux périmè¬tres.

DEUX POIDS, DEUX MESURES

Seules Toliara Sands et Pan African Mining Madagascar ont eu ce privilège. Interrogé sur ce point, Rudy Fida Cyrille, coordinateur national du projet Toliara Sands, annonce que la société ne vise que le développement de Madagascar et il ne voit aucun inconvénient à cette question d’exception. Face à cette situation, une forte suspicion de corruption est évoquée par les opérateurs miniers. Une accusation rejetée tant par le Bcmm que par la société. « Vous parlez de corruption. Personnellement, je n’ai jamais vu de transaction financière concernant cette délivrance de permis. Une affaire de corruption ne se confirme pas avec des rumeurs. C’est une affirmation gratuite », souligne le directeur général du Bcmm, qui compte produire 400 000 tonnes d’ilménite et 43 000 tonnes de concentré de rutile et de zircon par an.

«Dans toutes ses activités, comme toute entreprise minière à Madagascar, Toliara Sands doit toujours se conformer aux obligations et aux lois en vigueur en matière de réglementation minière. De ce fait, l’accusation proférée contre Toliara Sands est mal fondée », se défend la société. Par contre, une opératrice minière, Patricia Rasoanirina, dénonce, sans hésitation, l’injustice qui nuit au secteur. « Certes, c’est un grand projet, mais nous sommes tous des porteurs de développement. Il faut voir les choses avec équité ».

TRAFIC D’INFLUENCE

Sur place, le projet de Toliara Sands avance, même si les investisseurs restent réticents ces derniers temps face à la baisse du prix des produits sur le marché international. Ils investissent d’abord dans le social, en soutenant matériellement des écoles et des bureaux de fokontany touchés par le projet. Un geste qui n’est pas gratuit, puisque des organisations non gouvernementales et des militants verts font de la résistance. L’association Mazoto, dirigée par Théo Rakotovao, refuse l’exploitation des sites qui renferment des tombeaux familiaux et des richesses culturelles considérables pour les peuples du Sud. Il en est de même, dans la commune d’Ankilimalinika, où le maire Dimanche Rebaka confirme l’existence de ces caveaux familiaux. « Nous sommes très stricts sur le respect des morts et des tombeaux, mais la population a accepté ce projet car une promesse de compensation a été conclue entre les parties. Un procès verbal a été établi dans ce sens, mais pour le moment, le projet ne démarre pas encore et nous n’avons pas encore discuté de la somme ou du mode de paiement», affirme-t-il. « D’ailleurs, la population doute encore de la manière dont elle sera indemnisée, par mètre carré ou par hectare », ajoute une autre personne.

Une source de la gendarmerie nationale à Toliara, sous couvert d’anonymat faute d’une autorisation de ses supérieurs hiérarchiques, confirme que le projet devient, en quelque sorte, un projet de l’État malgache et dans ce cas, ils sont obligés de trouver les moyens pour faire pression sur la population afin qu’elle valide le projet.

Quant au député de Toliara II, Roshelin Houssein, sa position est claire. « Je ne connais rien sur ce projet. On me met toujours à l’écart chaque fois qu’il y a réunion. Donc pour le moment je ne cautionne pas quelque chose que je ne maitrise pas », élude-t-il.

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