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Selon le rapport sur l'état de l'insécurité alimentaire publié par l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (la FAO) en 2008, environ 925 millions de personnes sont gravement, et en permanence, sous-alimentées dans le monde. Pourtant, le droit à l'alimentation est reconnu aux niveaux international et régional, par ces conventions et traités, comme un droit humain fondamental dont l'application et le respect ne sont pas une option politique pour un Etat, mais plutôt une obligation. Malgré tout, et depuis plusieurs décennies, de nombreux pays se trouvent plongés dans un cycle infernal chronique d'insécurité alimentaire.

Il est de principe que chaque Etat (ou groupe d'Etats) a le droit et le devoir de formuler des politiques de développement national appropriées, et ayant pour but l'amélioration constante du bien-être de l'ensemble de la population et de tous les individus, fondée sur leur participation active, libre et utile au développement et à la répartition équitable des avantages qui en résultent.

Dès lors, les éléments constitutifs et les implications du respect de ces traités internationaux relatifs au droit à l'alimentation renvoient incontestablement à la notion de la Souveraineté alimentaire. Cette dernière doit permettre à tout Etat de définir et de gérer de manière souveraine et durable sa politique agricole intérieure et extérieure, et surtout le droit de défendre et de préserver les connaissances, les pratiques, les innovations, les valeurs et les priorités des communautés locales du Sud, ainsi que les productions nationales contre la concurrence de l'importation et les exploitations paysannes contre l'agrobusiness qui s'accapare progressivement des terres agricoles et pastorales.

Or, bien qu'il soit admis de tous que la conservation et l'utilisation durable de la diversité biologique sont indispensables au bien-être de la planète, on observe de plus en plus, dans les pays du Sud, une violation des droits et des principes qui y sont consacrés, à travers des politiques agricoles et alimentaires néolibérales, au grand dam des représentants élus et des gouvernements de ces Etats. Ces politiques agricoles néolibérales portent avec elles des conséquences sur l'environnement. La Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples affirme que "tous les peuples ont droit à un environnement satisfaisant et global, propice à leur développement".

De nombreux pays ont introduit ce principe dans leur Constitution. A titre d'exemple, la Constitution du Niger ajoute à son article 27, après l'affirmation du droit de toute personne à un environnement sain dont l'Etat veille à la protection, que «chacun est tenu de contribuer à la sauvegarde et à l'amélioration de l'environnement dans lequel il vit».

Quelles politiques à adopter ?

L'homme se retrouvant au centre de multiples besoins essentiels dont la plupart a été consacré comme des droits fondamentaux (droits à la vie, santé, environnement sain, autodétermination, alimentation, sécurité, etc.), il importe que l'ensemble de ces droits soient considéré en bloc, en raison de leur caractère indissociable.

Les réflexions sur les politiques pour une souveraineté alimentaire doivent se faire de manière transversale, par rapport à l'ensemble de ces droits. Cependant, le droit à l'alimentation constitue le cœur de la démarche. C'est dire qu'il convient de promouvoir l'adoption d'une approche basée sur les droits dans le processus d'adoption de politiques agricoles et alimentaires visant à mettre fin aux violations du droit humain fondamental que constitue le droit à une alimentation.

La mise en œuvre du droit à l'alimentation implique l'élaboration d'une politique agricole et alimentaire initiée de manière participative et démocratique, garantissant l'accès à une alimentation saine, suffisante, nutritive et culturellement acceptable, et dont la production respecte et préserve les droits humains, particulièrement ceux des paysans, la santé, ainsi que l'environnement. Cela suppose l'accès :

- aux moyens de production de cette alimentation (terres, eau, semences, financements, etc.) ;
- aux technique culturales écologiques ;
- aux techniques de transformation et de conservation des produits ;
- aux financements et infrastructures nécessaires et suffisantes ;
- aux mécanismes de valorisation des produits et aux circuits de commercialisation ;
- à l'information juste et à jour (pour les consommateurs, sur la chaîne alimentaire) ;
- au renforcement des capacités des acteurs, plus spécifiquement des organisations paysannes et de consommateurs. Les politiques agricoles jusque-là élaborées n'ont pas véritablement connu une mise en œuvre pertinente au point de pouvoir être évaluées. Les quelques actions qui ont pu être concrétisées concernent plus des activités de suivis de vulnérabilités des ménages et des débats idéologiques.

* Almoustapha Soumana Moumouni est coordinateur Swissaid Niger ...
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