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La mobilisation notée chez les Sénégalais lors de l’élection présidentielle qui a fait « dégager » Wade n’a pas été notée lors des législatives. Mais plutôt qu’un désintérêt pour la politique, c’est la sanction populaire d’un système parlementaire aux antipodes des valeurs démocratiques.

On a longuement épilogué, ce 1er juillet 2012, sur le manque d’engouement des électeurs sénégalais, le faible taux de participation, à l’occasion des élections législatives. Nous pensons qu’il ne faudrait pas chercher très loin pour se faire une idée de ce phénomène. Depuis notre indépendance, c’est le présidentialisme et non du parlementarisme qui a régenté l’activité politique, économique et sociale de notre pays. Et les masses, pour ne pas dire les populations, considèrent, ici et ailleurs, le président de la République, comme le roi qui à l’époque avait droit de vie et de mort sur ses sujets.

Hassan II, Senghor, Bokassa à Eyadema et autres, malgré le vernis démocratique du système politique, se comportaient tous comme les potentats des siècles derniers. Les fonds, politiques, le décret présidentiel (nomination) et l’influence présidentielle ne faisaient que renforcer leurs pouvoirs. C’est pourquoi, les populations n’ont jamais accordé une espèce d’importance à l’Assemblée nationale. Les députés étant vu comme des applaudisseurs voir comme des marionnettes.

D’autant que durant tout une période historique, le ‘’crétinisme parlementaire’’, comme disait Lénine, a fortement marqué les consciences des populations. Pour s’en convaincre, il suffit de se rappeler les extravagances et les pitreries de certains de nos ‘’parlementaires’’.

Donc, tout ceci explique la désaffection des électeurs envers les élections. Surtout que, jamais dans l’histoire politique de notre Assemblée nationale, les Sénégalais n’ont assisté à l’utilisation de la ‘’force de frappe’’ des députés, qu’est le vote d’une motion de censure. Excepté l’épisode du 17 décembre 1962, qui renvoie plutôt à un complot qu’à un exercice démocratique.

Au lieu de nous entretenir sérieusement de ces problèmes, un PDG d’une ONG, des professeurs accompagnés par l’Union Européenne (qui supporte 80% du financement de la campagne de sensibilisation à la mobilisation citoyenne. Ah les finances et la démocratie !), le ministre de l’Economie et des finances etc., ont préféré disserter sur des ‘’élections moins passionnées et passionnantes que les présidentielles’’.

Il faut dire que pour changer la donne des révolutions citoyennes et des ‘’printemps arabes’’, toutes sortes de notions seront avancées : ‘’Assemblée nationale de rupture’’, en amalgame avec l’Assemblée de ’’ majorité présidentielle’’. Nous croyons que ces notions sont antinomiques. Une Assemblée nationale de rupture doit être corrélée à la notion ‘’d’Assemblée nationale populaire’’. Qui veut dire que les intérêts des populations doivent se retrouver dans toutes les lois fondamentales encadrant les secteurs vitaux de la nation que voterait la nouvelle Assemblée. Telles que celles encadrant la terre, l’eau, la santé l’éducation l’électricité, le téléphone, le transport etc. Contrairement à ce qui s’est passé durant les années ’80, avec l’incursion du Fmi et de la Banque Mondiale et du Fmi dans ces secteurs précités où place nette a été faite aux intérêts des multinationales, au détriment des travailleurs et couches sociales défavorisées. C’est ainsi que de multiples agressions ont été notées dans le foncier, l’eau, l’électricité, les budgets de l’éducation nationale, de la santé, du code du travail etc.

Par contre, la notion de ’’majorité présidentielle’’ renvoie à l’image des ‘’commandos députés’’ du président de la République qui votaient les lois ‘’sans discussion ni murmure’’. Par exemple : La loi Ezzan, la loi politicienne, pour ne pas dire démagogique de Wade sur la parité, la loi sur la vice-présidence (non appliquée), le projet de loi du 23 juin 2011 qui allait permettre à Wade d’être élu avec 25% des votant. Tout ça était le fait de la ‘’majorité présidentielle’’. Donc il faudrait que les uns et les autres fassent preuve de discernement, par rapport aux concepts.

Maintenant quelle conséquence à tirer de cette situation ? Peut-être que si la cohabitation arrivait à être imposée au nouveau régime on arriverait à poser le principe de valider ou non une élection dont le taux de participation n’atteindrait pas les 50 % des inscrits, comme c’est cas dans certaines démocraties.

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** Ababacar Fall-Barros est membre du GRILA

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