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En un an, la force de mobilisation du mouvement Y en a marre s'est imposée dans l'espace politique sénégalais. Mais le combat de ces jeunes dépasse les échéances politiques qui tournent autour de l'élection présidentielle dont le second tour se dispute entre le candidat sortant Abdoulaye Wade et Macky Sall, ce 25 mars. C'est un combat qui porte les véritables germes de rupture qu'une alternance attendue par beaucoup de Sénégalais ne garantit guère a priori.

Y en a marre ! L’expression du dépit est violente. Elle est à la mesure du rejet exprimé à l’endroit d’un système de gouvernance qui a organisé, structuré et sédimenté toutes les dérives possibles de mal gouvernance au Sénégal. Y en marre est plus qu’une révolte intime, c’est un cri charriant l’amertume d’une jeunesse qui se sent trahie dans ses espérances et qui refuse que son avenir soit un chantier d’illusions. Un cri ayant servi de résonnance à une citoyenneté révoltée qui a débordé dans les rues de Dakar et des autres villes du Sénégal, charriant son rejet d’un système pour appeler à une véritable rupture. Un cri dont l’écho se propage depuis un an, imprimant son rythme à la campagne électorale pour la présidentielle sénégalaise, dont le second tour se dispute le 25 mars entre le candidat sortant Abdoulaye Wade et Macky Sall.

Les jeunes Sénégalais qui ont cristallisé leurs énergies et leurs convictions dans ce combat ont créé le Mouvement Y en a marre en janvier 2011. Ils évoluent dans le milieu du rap, sont originaires pour l’essentiel de la banlieue dakaroise, et portent depuis plusieurs années déjà ce discours à la fois subversif et constructif qui habite les lyriques de leur musique.

Y en a marre est un combat qui va au-delà de l’engagement politique. Le concept de « Nouveau type de Sénégalais » que portent ses animateurs tend à faire émerger une citoyenneté responsable. Leur engagement les a poussés à l’avant-garde de l’insurrection civile qui à fait reculer Abdoulaye Wade le 23 juin 2011, dans son énième tentative de manipulation de la Constitution destinée à monarchiser davantage le pouvoir. Le « Wade dégage » qui a suivi, pour faire barrière à une troisième candidature anticonstitutionnelle, ses militants l’ont également porté en bandoulière.

Il y a eu autres mobilisations. Mais au-delà du politique, c’est tout un système de contre-valeurs qui polluent la société sénégalaise, fait le lit de l’injustice sociale, organise le pillage des deniers publics et l’accaparement des ressources nationales, que combat Y en a marre.

Ce mouvement est devenu creuset où peuvent germer les graines des véritables ruptures par rapport au système de gouvernance actuel. Car l’alternative ne nait pas toujours de l’alternance et la démocratie électorale est souvent un leurre quand on cherche la justice sociale.

Le travail initié par Y en a marre a besoin d’être consolidé, structuré, porté par des dynamiques libérés des cadres qui étouffent et inhibent pour pouvoir se transformer en irrépressible lame de fond à travers le Sénégal.

A la veille du second tour de la présidentielle au Sénégal, Pambazuka News fait un focus sur ce mouvement qui marque l’espace politico-social depuis un an. Que ce soit avec Abdoulaye Wade ou avec Macky Sall à partir du 26 mars 2012, il doit continuer à vivre de son souffle.

CE TEXTE VOUS A ETE PROPOSE PAR PAMBAZUKA NEWS




* Tidiane Kassé est rédacteur en chef de l’édition française de Pambazuka News


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