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Invité par le Conseil National Electoral de la République Bolivarienne du Venezuela, en même temps que 96 autres observateurs étrangers, venus de 33 pays des cinq continents, nous avons assisté, en tant qu'observateur, au Referendum du 2 décembre dernier (Ndlr : perdu par le président Chavez). Après avoir suivi le processus, notre conviction est que tous les pays au Sud du Sahara, en particulier et les autres Etats, en général, qui tentent de pratiquer la démocratie à travers les élections, devraient s'inspirer de l'expérience vénézuélienne. Si tant est leur volonté de faire dans le jeu démocratique.

Commençons par le début du processus pour souligner que contrairement a ce qui se passe dans beaucoup de pays africains, la nomination des membres du Conseil National Electoral (CNE) est non pas dévolu au président de la République, mais à l'Assemblée Nationale, à partir de candidats sélectionnés venant des propositions des corps constitués de la société civile (2 candidats), des Facultés de Droit des Universités (2) et du Pouvoir Populaire. Ce qui confère à l'Institution un pouvoir dit « Pouvoir électorale». Soit dit en passant, il existe au Venezuela : le Pouvoir législatif, le Pouvoir exécutif, le Pouvoir judiciaire, le Pouvoir électoral, et le Pouvoir moral. Notons que le CNE, présidé par Mme Tibisay Lucena, est composé de trois femmes et deux hommes. Preuve, certainement, que le débat politicien sur la «parité», comme il se déroule ailleurs, ne serait pas à l'ordre du jour dans le pays.

Une fois élu, le Conseil National Électoral dispose de tous les pouvoirs pour organiser les élections en amont et en aval. Autrement dit, ni le ministre de l'Intérieur ni quelque autorité que ce soit, n'a pouvoir à décider de ce qui concerne l'organisation des élections. La fiabilisation, la transparence, le droit d'exercer le vote est garanti par le CNE. Cela, à travers divers instruments modernes (cartes d’électeur numérisées, machines électroniques, registres électoraux). Notons que la carte nationale d'identité sert de carte d'électeur et l'age électoral est de 18 ans.

Avant le début du scrutin, les lieux de vote sont gardés par les forces de sécurité plusieurs jours avant, selon les règles définies par le «Plan Republica», c'est-à-dire le dispositif général concernant la sécurisation du personnel et du matériel électoral. Des tests au niveau des machines, des simulations de vote sont organisés bien avant les Élections pour avoir une confirmation de la fiabilité des outils de vote.

Chaque formation politique est représentée en tant que témoin, au processus du vote. Le scrutin commence à 6h du matin pour se terminer à 16h de l'après midi. Mais aucun bureau n'arrête le vote, si un électeur présent au lieu de vote n'a pas encore voté. Le scrutin arrêté, l'audit (le dépouillement) commence en présence de tous les témoins légaux. Ce dépouillement se fait par la confrontation des résultats du registre des votes, des votes enregistrés par la machine électronique et les tickets de vote déposés dans l'urne. La conformité de ces trois éléments autorise l'élaboration du Procès verbal de dépouillement signé par les membres du bureau de vote et les représentants des partis. Ensuite, toutes les pièces convoyées par les forces de sécurité sont acheminées au service du CNE chargé de leur centralisation. Après recensement de l'ensemble des procès verbaux, la CNE proclame les résultats. C'est ce processus qui a eu lieu le dimanche 2 décembre dernier.

On peut dire que fiabilisation, la transparence, le droit de vote garanti à tous les citoyens a été la base du calme constaté tout le long de la journée à travers tout le pays.

De l'Évaluation faite le 3 décembre par les observateurs étrangers (France, Grèce, JamaÏque, Chili, Guatemala, Suisse, Italie, etc.), s'est dégagée une forte unanimité pour souligner que le scrutin a été libre, transparente et démocratique. Plusieurs intervenants ont montré que la désinformation de la presse occidentale sur le caractère antidémocratique du régime du Venezuela, s'est révélée fausse. Un membre de l'Association des avocats des Etats-Unis a même souligné que son pays devrait apprendre beaucoup du Venezuela dans le domaine de la pratique démocratique. Une Française a précisé que le système vénézuélien est plus démocratique que le système français en ce sens que les responsables du bureau de vote sont tirés au sort parmi les électeurs inscrits au registre des électeurs du bureau de vote.

Pour certains, organiser des élections sur un territoire de 912 000 km2, puis proclamer les résultats, sans contestation, moins de dix heures de temps après la fin du scrutin, n'est pas le fort de beaucoup de pays démocratiques. A signaler que le porte parole du groupe africain, originaire du Ghana, est allé dans le même sens que les autres observateurs, pour ce qui est des appréciations positives.

Le Non l'a remporte par 50,70% contre 49, 29 % pour le Oui. Cela dit, la victoire du Non aura le mérite de refreiner les ardeurs des détracteurs de Chavez qui l'accusent d’être un dictateur, d'une part. D'autre part, elle a permis à la démocratie vénézuélienne de se renforcer au bénéfice de tous les démocrates vénézuéliens, mais aussi au profit des Vénézuéliennes et des Vénézuéliens. Au-delà du Venezuela, l'expérience de la pratique dÉmocratique qui s'y déroule, est un exemple à verser au patrimoine immatériel démocratique hérité de la Déclaration des Droits de l'homme de 1789 et de la Déclaration universelle des droits de l'homme des Nations Unies.

Si d'aucuns ont parlé de la victoire du Conseil Electorale National, d'autres ont souligné que c'est une victoire du peuple Vénézuélien, grâce a sa maturité, à sa dignité. Un vénézuélien partisan du Oui a dit : « Nous avons perdu, mais nous avons gagné».

* Membre du Groupe de recherche et d’initiatives pour la libération de l’Afrique (Grila)

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