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Le moins que l’on puisse dire, c’est que les pères et les principaux animateurs du panafricanisme, à la fin du XXème siècle, ne devraient pas être satisfaits de la situation dans laquelle se trouve le mouvement, là où ils sont. Tant du point de vue de l’engament politique militant, que du point de vue du progrès économique et social.

A l’occasion de la célébration du cinquantenaire de la création de l’Oua (Organisation de l’unité africaine), devenue Ua (Union africaine), il a été fortement question du panafricanisme. Nous voudrions, dans ce cadre, sans refaire l’histoire ou ses péripéties, nous contenter de quelques rappels historiques, relativement à sa naissance et ses objectifs, avant d’aborder son actualité et ses perspectives.

QUELQUES RAPPELS HISTORIQUES SUR LE PANAFRICANIME

Le panafricanisme est né des flancs de l’oppression avec l’avènement de l’esclavage, du XVème jusqu’au XVIIIème siècle. Mais comme là où il y a oppression ii y a lutte et résistance, les Noirs qui subissaient cette situation inhumaine n’ont jamais baissé les bras. C’est ainsi qu’au Brésil, des esclaves en révolte créèrent vers la moitié du XVIIème siècle, jusqu’au XVIIIème, la République de Palmarès. Mais en Haïti, après une révolution épique, menée par Toussaint Louverture et Dessalines, la première République noire fut fondée.

Ces péripéties permirent de faire prendre conscience la diaspora aux Etats Unis, en Europe et en Afrique, qui culmina avec la création d’un mouvement politique qui va poser un certain nombre d’idées et de revendications à travers plusieurs congrès (1919, 1921, 1923, 1927 et 1945) dont les protagonistes les plus en vue étaient Henry Sylvester Williams, Marcus Garvey, Williams E. B. Dubois, Anthenor Firmin, Nandi Azikiwé, George Padmore, Francis Kofie, Kwame Nkrumah.

Au cours de ces différents congrès, l’accent fut mis sur les objectifs s’articulant autour de la solution des problèmes du colonialisme, la fin pacifique de la domination, le respect des Droits de l’homme, dont la colonne dorsale avait pour contenu un nouveau cadre de coopération internationale. Soulignons que Lamine Senghor, Garang Kouyaté sont des combattants panafricanistes longtemps victimes de l’ostracisme colonialiste et néocolonialiste.

Au 5e congrès (selon Philippe Ouédraogo), un jeune Sierra Léonais, Marcus Grant, fit ‘’une sortie programmatique’’ qui en disait long sur la volonté des animateurs du mouvement de se soustraire à la domination coloniale : «Nous ne voulons plus mourir de faim plus longtemps alors que nous travaillons dur pour pour soutenir, par notre pauvreté et notre ignorance, une fausse aristocratie et un impérialisme discrédités. Nous condamnons le monopole du capital et la règle de l’enrichissement et de l’industrie privée pour les seuls profits privés… Nous allons porter plainte, lancer des appels et poursuivre devant la justice. Nous allons faire en sorte que le monde écoute les réalités de notre condition. Nous allons combattre de toutes les façons possibles pour la liberté, la démocratie et l’amélioration de notre condition sociale. »

Le combat pour la reconnaissance des droits légitimes des peuples noirs, d’Afrique et de la diaspora, dès la fin des deux guerres mondiales, s’accéléra pour aboutir aux Indépendances africaines. Ainsi, sauf l’Ethiopie et le Liberia, dans les années 60, la majorité des Etats africains au Sud du Sahara, accéda à l’indépendance. Puis l’Angola et le Mozambique, en 1975.

DE L’ACTUALITE DU PANAFRICANISME AU XXIème SIECLE

Dès les indépendances, de grands militants panafricanistes tels que Kwame Nkrumah, Cheikh Anta Diop, David Diop, Sékou Touré, Mamadou Dia, Patrice Lumumba, Modibo Keita, Frantz Fanon, Djibo Bakary, Nelson Mandela, Tidiane Baidy Ly, Samba Ndiaye, Thomas Sankara qui tous ont emporté leurs convictions dans leur tombe (à part Mandela, toujours parmi-nous), après avoir fait face à l’adversité et aux vicissitudes de la vie, d’autres grands hommes avaient repris le flambeau à coté avec d’autres panafricanistes sérieux pour engager l’Afrique dans la voie du salut.

Mais en même moment, de faux panafricanistes, parce que colonisés de la tête aux pieds, sous des dehors de défense des valeurs nègres, étaient plus en phase en défense des intérêts de l’ex-puissance colonisatrice. Parmi eux, quelqu’un qui a eu à claquer la portes du Mouvement et contribuer avec zèle à lever des troupes en Afrique de l’Ouest, pendant la première guerre 1914/1918. Donc deux personnages, Blaise Diagne et Senghor, acquis au statu quo colonialiste, foncièrement contre l’idée de d’indépendance, ont porté un coup néfaste au mouvement du panafricanisme.

On peut comprendre, par voie de conséquence, qu’ils soient réfractaires à tout ce qui touche à l’enseignement des langues nationales africaines. Que l’on ne vienne pas nous dire que ‘’Senghor a involontairement organisé l’échec du continent dans la construction de l’Unité africaine’’. Que l’on arrête de faire dans la politique politicienne et la langue de bois en évitant d’effaroucher des alliés politiques de circonstances. ‘’Senghor, tout négatif’’, disaient deux de nos compatriotes, après son décès. Il a toujours volontairement organisé l’échec de l’unité de l’Afrique, pour des intérêts cryptos personnels. Pourquoi ne voulait-il pas voir Cheikh Anta Diop, même en portrait ? Parce que simplement ce dernier aimait l’Afrique et lui faisait ombrage en s’attaquant aux ‘’falsificateurs de l’histoire’’.
Donc si les pères fondateurs du panafricanisme ont accompli un devoir majeur de poser les jalons de la lutte pour une Afrique libre et indépendante, il n’en est pas de même, pour une certaine élite félonne qui, pendant longtemps, a repris la place des anciens gouverneurs des colonies. Surtout en Afrique francophone. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les pères et les principaux animateurs du mouvement, à la fin du XXème siècle, ne devraient pas être satisfaits de la situation dans laquelle se trouve le Mouvement là où ils sont. Tant du point de vue de l’engament politique militant, que du point de vue du progrès économique et social.

Car, au regard du développement de la pensée, du développement scientifique et technique et du progrès du droit international, l’Afrique est en deçà de la situation dans laquelle elle devrait être, dans le concert des nations. Surtout, vu le potentiel dont elle dispose au plan des ressources humaines, agricoles, minières, hydriques, etc. Mais Quelles en sont les causes ? La responsabilité de nos propres frères est engagée, sans doute, au premier chef.

Parce que, face aux legs politiques des premiers panafricanistes qui ont combattu le crime des esclavagistes, des colonialistes et autres politiciens assimilés, formatés pour défendre des intérêts égoïstes néocoloniaux, ont tourné le dos aux intérêts de leurs peuples et de leurs nations. Porteurs d’idéologies fumeuses (‘’Négritude’’, ’Francophonie’’), ces idéologies sont venus corrompre les élites et les populations ou comploter pour abattre ceux qui étaient sur des positions progressistes (tels les Camerounais Félix Moumié, Osando Afana, Ernest Ouandié, le Guinéen-capverdien Amilcar Cabral, le tchadien Bono, Sankara, Khadafi, etc.), Gbagbo, heureusement toujours là, en vue de sortir l’Afrique de la misère et de la pauvreté. Appuyés en cela par leurs sponsors politiques d’Occident qui ont trouvé en leur collaboration du pain béni pour poursuivre l’exploitation séculaire de l’Afrique. Ce qui fait qu’en ce moment, l’Afrique est au creux de la vague, à tout point de vue.

A part les Modibo Keita, Nkrumah, Sékou Touré et autres, au lieu de s’inspirer des enseignements des ‘’Fondements économiques et culturels d’un Etat fédéral d’Afrique noir’’, livre du grand panafricaniste, Pr. Cheikh Anta Diop, pour impulser un développement autocentré harmonieux, avant de penser à produire pour l’extérieur, de faux panafricanistes que nous avons l’habitude d’appeler des ‘’prêts à répéter’’, ont contribué à placer l’Afrique dans le camp du néolibéralisme destructeur.

Actuellement, nous sommes sous l’emprise de l’idéologie de Berlin (1885) et de Fachoda (1898). Le retour de la politique de la canonnière, l’ambiance de la politique politicienne sont si évidents qu’on ne peut s’empêcher de dire avec David Diop, le poète de Dimbokro (massacre dans les villes éponymes de Dimbokro en Cote d’Ivoire et Populo-condor) que c’est ‘’la ronde des hyènes autour des cimetières’’. Parce que disions-nous récemment, ‘’l’effluve du pétrole, la brillance de l’or, les minerais d’uranium, de coltan, le cacao leur font perdre la sérénité’’.

La France et ses alliés d’Occident sous de faux prétextes articulés ailleurs, n’ont pas hésité à attaquer la Côte d’Ivoire, la Lybie (des pays libres et indépendants), avant de maquiller une intervention au Mali, sous des dehors d’une ‘’Solidarité Humanitaire’’ trahit par ce diktat sur la date impérative concernant l’organisation de l’élection présidentielle au, mois de juillet prochain.

La récente déclaration du président Hollande sur la situation au Mali (‘’Je serai intraitable sur le respect du calendrier électoral’’), que vient de dénoncer vigoureusement Aminata Traoré, ancienne ministre de la culture de son pays, le Mali, vient conforter la thèse de ceux qui parlent de ‘’Recolonisation de l’Afrique’’. Les élections faisant partie du dispositif de souveraineté d’un Etat, il est inconcevable qu’un pays étranger (même ami), puisse se prévaloir d’un droit d’ingérence dans ce domaine. Voila une facette hideuse de la réalité de la ‘’souveraineté africaine’’ au XXIème siècle qui ne donne même pas l’occasion aux panafricanistes de manifester leur solidarité à la République Sahraoui Démocratique et la Nouvelle Calédonie dans le cadre de leur lutte pour leur libération.

Et si aucun des ‘’panafricanistes au pouvoir’’ n’a osé lever le doigt pour fustiger le comportement de François Hollande et soutenir Aminata Traoré, cela prouve au grand jour que nous sommes en face de gouverneurs noirs aux ordres.

PANAFRICANISME ET PERSPECTIVES

En ce moment, la ‘’Renaissance africaine’’ est souvent évoquée lorsqu’il est question du panafricanisme. Il est intéressant de parler de ce concept, mais pas comme une formule attrayante pour les ‘’prêts à répéter’’ qui sont prompts à ressasser tout ce qui sort des laboratoires d’idées des officines du Fmi et de la Banque Mondiale. Tels que ces échantillons comme ‘’ Démocratie, ’Compétitivité, Croissance,’’ etc. La renaissance africaine ne saurait se concevoir en dehors de projets politiques permettant l’Afrique de se libérer. Or tous ceux qui font l’actualité politique dans nos Etats, sont disqualifiés pour la plupart, de parler de renaissance.

‘’La démocratie libérale, telle qu’elle est définie par l’Occident, nous n’en voulons plus. Nous préférons nous poser la question de savoir comment démocratiser autrement, donner un vrai contrôle aux citoyen’’. (Aminata Traoré, in Rue89)

L’esprit de la ‘’démocratie sous l’arbre à palabre’’ a été substituée à celle qui accouché des élections truquées par une élite refusant de quitter leur station de pouvoir. Le panafricanisme ne doit plus être l’affaire d’une élite, mais l’affaire des populations qui produisent la richesse sociale. Le gens des villes et des campagnes sont écartés des décisions politiques, en ce moment. Sollicités lors des joutes électorales, enivrés de promesses, ils sont aussitôt priés de retourner à leur place, sans pouvoir influer les décisions, par la suite.

Au lieu d’une vraie démocratie participative, on nous propose une ‘’démocratie miroir aux alouettes’’. C’est-à-dire une démocratie tronquée, surveillée par les chars, les bâillonnettes et des grenades. Face à une démocratie qui marche la tête en bas, nous devrions privilégier cette démocratie ressentie qui a fait ses preuves dans l’Afrique de nos ancêtres (consensus sous l’arbre à palabre), et dans le Sud américain, initiée dans la commune de Poto Alegre. Mais notée au Brésil, Venezuela et Cuba, notamment. Nous pensons que ce que l’on obtient avec le ‘’Consensus sous l’Arbre à palabre’’, on ne peut l’obtenir avec le ‘’Consensus de Washington’’. D’autant que les résultats constatés dans le domaine du développement économique et social au niveau de ces contrées, sont sans commune mesure avec ceux obtenus dans des pays du Sud. Et même d’Occident.

C’est pourquoi, nous avons toujours soutenu que les militants panafricanistes, ne devraient pas ignorer les expériences qui se déroulent au niveau de ces pays du sud. C’est ainsi que nous avons toujours considéré que le combat de ceux qui luttent au Sud, est le notre. Donc notre solidarité envers ces pays du sud où se trouve installée un pan du panafricanisme qui compte d’importantes communautés appelées ‘’afro-descendants’’ ne devrait pas faire défaut. Les Vénézuéliens disent : ‘’ Notre Nord, c’est le Sud’’. En effet, d’innombrables communautés d’afro-descendants, déportés pendant l’esclavage vivent dans les Caraïbes ; à Cuba, au Venezuela, en Colombie, Bolivie, Mexique, Antilles etc. Et jusqu’aux… Andes. Quant aux Guarifunas, il semble que c’est la seule communauté d’afro-descendants des Caraïbes qui n’ait jamais connu l’esclavage depuis leur installation en Amérique centrale.

Dans certains pays, parait-il, ces afro descendants constituent la moitié de la population. Etant donné l’idéal de démocratie, de liberté, de progrès et d’épanouissement porté par le panafricanisme, nous devrions être solidaires avec les peuples de ces pays avec qui nous partageons souffrance, lutte pour l’émancipation, depuis des siècles. D’autant que le président Hugo Chavez, lui-même, qui se considérait afro descendant, a tout fait durant sa vie, pour œuvrer au raffermissement des liens historiques, politique et économiques entre l’Amérique du Sud et l’Afrique. Le Sommet Afrique/Amérique latine auquel il a contribué à sa naissance, le Festival Culturel avec les Peuples d’Afrique en constituent des preuves.

DU SURSAUT DES VRAIS PANAFRICANISTES

Devant la situation chaotique où se trouve notre continent, comment faire pour avoir « autre Afrique, possible » ? Nous pensons que les panafricanistes, militant pour le recouvrement de l’indépendance et la souveraineté réelles de l’Afrique, devraient se mobiliser et refuser d’être à la remorque des théoriciens attardés, des leaders de tous les partis politiques coupés des populations. Impérativement, nous devrions rompre d’avec cette élite (du monde de la politique, syndicale, économique, des faux marabouts confondue), poreuse aux charmes du néolibéralisme, qui explique tout par la ‘’complexité de la société africaine’’ et d’autres phénomènes pour capituler devant les dangers qui nous guettent.

La jeune génération de panafricanistes devra prendre à bras le corps la question de l’agriculture et ne plus se laisser emporter par des thèses et concepts creux, vides de sens, dans le contexte de nos Pays pauvres très endettés. Croissance avec quoi ? Avec quel moyen de production devrions-nous obtenir la croissance, au moment où partout l’électricité fait défaut ? Au Sénégal, on nous répète souvent qu’en 1960, notre Pib était supérieur à celui de la Corée du Sud, sans donner les indicateurs qui en sont la cause. Le principal indicateur de notre point de vue, c’est la domestication de notre souveraineté et notre indépendance par l’ex-puissance colonisatrice. Toujours nous nous posons cette question et la posons à nos économistes friands de débats soporifiques, sans lendemains : comment pouvons-nous nous développer si notre économie (monnaie, banques, agriculture, industrie) se trouve toujours entre les mains de lobbies internes appuyés par la puissance colonisatrice ?

Nous croyons que tant que le choix ne nous est pas donné de déterminer nos priorités (autosuffisance alimentaire ou agrobusiness ensuite), et traiter ensuite avec le Japon le Brésil, la Chine, l’Inde, l’Allemagne, la Corée du Nord ou l’Iran, il est utopique de parler de développement, encore moins de croissance ou de compétitivité qui n’existent que dans la tête des ‘’statisticiens motivés’’.

Dans notre sous région, beaucoup de pays, arrosés abondement par des kilomètres de fleuves continuent d’importer des quantités incroyables de riz, d’oignon, de tomates, de blé, etc. Le Mali qui était sur la bonne voie, il y a quelques années avant la crise, était largement autosuffisant en céréale (riz, mil, confondus). Dans une récente contribution, nous soulignions que l’ougandaise, Rhoda Peace Tumusiime, qui coordonne, à l’Union africaine, le thème « Construire l’autosuffisance alimentaire en vue de la réalisation du calendrier 2063 de sécurité alimentaire et nutrition », serait intéressée par ces bizarre ‘’cas d’école’’.

Après avoir remis l’agriculture à l’endroit, le problème de l’éradication l’analphabétisme et son corollaire l’enseignement des langues nationales, cher à Cheikh Anta Diop, devrait suivre. Sur ce plan, se fondant sur un acquis scientifique et historique des Cubains, l’éradication de ce mal pourrait être une réalité dans le cadre des Objectifs du millénaire pour le développement, dans un temps moindre (2017) que celui de l’âge de nos indépendances. Cuba et le Venezuela l’ont réussi en moins de temps. Ignorer un acquis scientifique et technique au nom de l’idéologie ou un faux prétexte de politique politicienne, c’est comme renier la réalité des Nouvelles technologies de l’Information au XXIème siècle. Cuba n’a pas fait obstacle à la volonté de certains laboratoires américains de faire bénéficier aux peuples américains des succès cubains, dans le domaine de la biotechnologie médicale.

La théorie sans la pratique est stérile. Certains leaders politiques d’Afrique l’ont appris à leurs dépends. Les paysans pauvres n’ont que faire des théories sur le Pib, Pnb, croissance à 2 chiffres, etc. Un panafricanisme des peuples qui est à bâtir doit leur faire comprendre que l’une des causes de leur malheur est dû au système du ‘’Golo di bay baabun di dunde’’ (le singe cultive et le gorille s’en approprie). Sans ce langage, sans cette fusion avec eux, il sera difficile d’atteindre nos objectifs dont celui de l’anéantissement du sinistre Pacte colonial, ces «Accords dits de coopération technique et militaire», en survivance depuis plus de 50 ans et signés entre la France et certaines de ses anciennes possessions coloniales. Accords que combattent avec acharnement Pr Agbohou et Séraphin, économistes ivoiriens de renom.

Voici un extrait ahurissant, de l’annexe II de ce ‘’pacte’’ signé le 24 avril 1961 entre la France, la Côte d’Ivoire en compagnie du Dahomey (actuel Bénin) et du Niger. Mutatis mutandis, les dispositions de ce document, s’appliquent à toute cette Afrique connectée à la Françafrique
« Article 1er : Les matières premières et produits classés stratégiques comprennent :
- Première catégorie : les hydrocarbures liquides ou gazeux ;
- Deuxième catégorie : l’uranium, le thorium, le lithium, le béryllium leurs minerais et composés »
Et l’alinéa 2 de l’article 5 de cette annexe dispose
« En ce qui concerne ces mêmes matières et produits, la République de Côte d’Ivoire, la République du Dahomey et la République du Niger, pour les besoins de la défense, réservent par priorité leur vente à la République française après satisfaction des besoins de leur consommation interne, et s’approvisionnent par priorité auprès d’elle ».

Comment ces ‘’accords’’ ont-ils pu être signés et exister jusqu’à nos jours ? Beaucoup de juristes se sont élevés contre ces dispositions. La Cour africaine de justice devrait mettre en cause tous les hommes d’Etats qui ont laissé perdurer ces odieuses dispositions. En tout cas le panafricanisme ne saurait se vivifier, se densifier, se solidifier à coté d’une ignominie pareille. Mais n’importe comment, personne ne devrait compter sur les représentants de ceux qui tirent profit de cette situation pour changer l’ordre des choses. Seuls les panafricanistes de type nouveau peuvent assumer cette responsabilité.

Déjà commence à émerger quelques uns parmi eux. Bertin Nahum et Pr. Sanoussi Diakité en sont des exemples. Le premier a été classé à la 4e position des entrepreneurs les plus innovants au monde, par une célèbre revue canadienne. Le second a inventé la machine à décortiquer le fonio 8 en mn pour 5 Kg contre 4 heures30 auparavant. Ce qui constitue un formidable gain de temps pour les populations féminines d’Afrique de l’Ouest. Ces deux exemples démontrent que le génie est dans le peuple. Il suffit de libérer les énergies pour ‘’Que cent fleurs s’épanouissent, que cents école rivalisent’’.

Donc malgré les vicissitudes du moment, il y a des raisons d’espérer si nous avons confiance en l’avenir et en l’inventivité de nos peuples.

Une autre raison d’espérer, c’est que des panafricanistes de la diaspora, héritiers des Marcus Garvez de Nkrumah, pour ne citer que ceux-là, ne sont pas indifférents au développement des luttes qui se déroulent dans le continent. Ils suivent et apportent leur solidarité à ces luttes. Mais ils ne doivent pas perdre de vue que leur séjour accompli au Nord devrait être plus utile au Sud qu’au Nord. Il faut que tout le monde pense aux investissements dont les populations peuvent tirer profit. Comme c’est le cas dans beaucoup de localités au Sénégal.

Cependant, dans le domaine de ‘’l’économie sportive’’, un certain nombre de millionnaires voire de milliardaires du ballon rond particulièrement, ne sont pas dans cette dynamique. Certains nous reviennent, avant ou après leur fin de carrière, les poches pleines, mais ‘’sans perspectives claires quant à leur participation à l’effort de développement pour une renaissance africaine dans le domaine de l’investissement utile, approprié, au bénéfice de leurs peuples et leurs pays. D’autres, reviennent appauvris à la suite d’une mal gouvernance autonome.

Les intellectuels de la diaspora sont logés à la même enseigne. Combien sont-ils ces professeurs, ces médecins qui officient en Europe et en Amérique du Nord en Asie ? Combien de banques, combien de projets agricoles, combien d’universités, de laboratoires ne pourraient-ils pas mettre sur pied, en synergie avec les sportifs, les artistes de la diaspora ? Voila la voie à emprunter vers une vraie renaissance africaine (quelles que soient par ailleurs les difficultés), qui permettra de juguler l’émigration périlleuse qui constitue pour les gouvernements en faillite d’Afrique, une soupape de sécurité.

Cependant que cela soit dit, une fois pour toute, la renaissance politique africaine devra se faire sans les porteurs de serviettes, actuels ou passés, des libéraux et de tous ceux qui cherchent à falsifier l’histoire politique pour soigner leur image auprès de la jeunesse qui a en marre des mensonges de politiciens véreux. Cela est valable pour tous ceux qui sont au service des offices et fondations machins disant, faussement faire, dans l’humanitaire.

Avoir voir été un compagnon de Cheikh Anta Diop, de Thomas Sankara, de Frantz Fanon, etc., ou avoir déroulé des pancartes pour dire NON à De Gaulle, ne veut rien dire, si on devient des porteurs de serviettes des libéraux tels que Sarkozy, Abdoulaye Wade et leurs semblables.

La Renaissance africaine passera, par exemple, par des actes du genre posés dans les deux résolutions publiées à la fin de la dernière session de l’Ua, pour demander à ce que l’on remette la Cour pénale internationale à sa place et qu’une armée continentale soit constituée afin de se passer de celle des opérations Serval ou d’Africom.

On pourrait remplir d’innombrables pages pour désigner les indésirables au baquet de la ‘’Renaissance africaine’’. Mais disons simplement que tant que les faux panafricanistes, les ex-soixante-huitard et autres ‘’ex-médaillés » d’une certaine gauche, friands de places et de palaces, au service des libéraux, ne seront pas débusqués du Mouvement panafricaniste, la renaissance africaine se fera attendre encore cinquante ans. Surtout cette composante hypocrite qui ne formule des critiques, qu’après avoir perdu leurs privilèges dans un gouvernement impopulaire.

En tout cas, tout projet d’une quelconque Renaissance africaine qui ne portera pas l’idéal politique des Nkrumah, Amilcar Cabral, Thomas Sankara, sera voué à l’échec et ne fera que proroger les souffrances des masses africaines.

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** Ababacar Fall-Barros est ex-membre du bureau politique de And Jef/Pads, un parti politique sénégalais

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