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La nouvelle de la mort soudaine, le dimanche 9 juillet, de notre estimé collègue et frère d’armes, le Professeur Chachage Seithy Loth Chachage nous est parvenue au Secrétariat du CODESRIA comme un choc qu’il nous faudra du temps pour accepter. Pendant les deux dernières semaines de sa vie, il a eu plusieurs échanges téléphoniques avec le Secrétariat à propos de la lutte en cours pour la liberté académique qu’il aidait à coordonner à l’université de Dar-Es-Salaam et les questions programmatiques du CODESRIA relatives à la stratégie à moyen et long terme en matière de ressources humaines. Pendant ces échanges, nous avons eu un aperçu de son calendrier très chargé et de l’engagement désintéressé avec lequel il assumait toutes ces responsabilités. Nous avons également noté qu’en dépit de la pression du temps, il était égal à lui même avec son bon sens, critiquant tout ce qui n’allait pas avec l’enseignement supérieur en Afrique contemporaine usant de ses célèbres jeux de mots qui nous faisaient réfléchir et éclater de rire à la fois. Ce que nous n’avons pas vu, et que nous n’avions même pas la possibilité d’imaginer, c’est que nous vivions les derniers moments de sa présence parmi nous. Quand la nouvelle de sa mort nous parvint de son mentor, collègue et ami, le Professeur Issa Shivji, un sentiment d’incrédulité nous a saisis. A présent, il nous revient la lourde tâche d’informer les membres du CODESRIA, au nom du Comité Exécutif du Conseil, de la perte d’un titan de la recherche en sciences sociales.

CSL Chachage, un autodidacte qui a réussi par ses propres moyens, était unique parmi ses pairs. C’était un penseur original, qui n’ayant pas de temps pour les lubies, a produit quelques unes des idées les plus intéressantes sur les causes des crises postcoloniales de développement en Afrique. Personne ne doutait du sens de son engagement: avec les classes de travailleurs d’Afrique, avec le labeur desquelles il s’identifiait et qui était la définition de son érudition. Sa polyvalence était inégalée. En plus d’être sur plusieurs disciplines des sciences sociales à la fois dans ses écrits, parlant à la fois de questions historiques, philosophiques, sociologiques, politiques et économiques, il était également un romancier enthousiaste qui alliait à sa passion pour l’écriture un engagement égal à la cause de la publication académique africaine. Les cinq dernières années de sa vie ont été parmi des plus prolifiques ; c’est comme s’il savait, on ne sait comment, que le temps n’était pas en sa faveur. Mais le torrent d’écrits qui sortaient de sa plume ne l’empêchaient pas de garder son amour pour l’enseignement. Il a été élu Chef du Département de sociologie et membre du décanat de l’Université de Dar Es Salaam pendant cette période. Il a égalé commencé à jouer un rôle de premier plan à la tête de l’Assemblée du personnel académique de l’Université de Dar-Es-Salaam (UDASA). De plus, après un temps à la tête du Comité Scientifique du CODESRIA, il avait été élu au Comité Exécutif du Conseil lors de la 11ème Assemblée générale tenue à Maputo, Mozambique, en décembre 2005.

Dire que Chachage nous manquera est en dessous de la vérité. Mais puisque notre camarade part pour rejoindre d’autres militants de premier plan du CODESRIA tels que Claude Ake et Guy Mhone, nous devons, en tant que communauté, saisir ce moment pour redire encore une fois notre engagement à l’Afrique et à l’humanité. Parce que, lorsque l’épitaphe de notre Chachage sera écrite, il sera y surement souligné qu’il a été un parfait gentleman mû par les plus grands principes humanitaires : la justice sociale et la liberté.

Les membres de la communauté africaine de recherche en sciences sociales qui souhaitent adresser un message de condoléances à la famille de CSL Chachage peuvent le faire à l’adresse suivante: [email][email protected]

Que l’âme de Chachage repose en paix.

Adebayo Olukoshi,

Executive Secretar

10 juillet 2006.