Avocat mauritanien, membre du Front National de Défense de la Démocratie, Me Gourmo Abdou Lô, explique la logique, la portée et l’utilité des sanctions internationales contre les régimes putschistes, ainsi que la Mauritanie vient d’en faire l’objet de la part du Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l’Union africaine. De même, il analyse les dangers qui pourraient résulter du silence de la communauté internationale face aux dérives militaristes qui commencent à resurgir en Afrique. En effet...lire la suite
Avocat mauritanien, membre du Front National de Défense de la Démocratie, Me Gourmo Abdou Lô, explique la logique, la portée et l’utilité des sanctions internationales contre les régimes putschistes, ainsi que la Mauritanie vient d’en faire l’objet de la part du Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l’Union africaine. De même, il analyse les dangers qui pourraient résulter du silence de la communauté internationale face aux dérives militaristes qui commencent à resurgir en Afrique. En effet, l’embellie née des élections ghanéennes, qui ont porté au pouvoir Nana Akufo-Addo, le 28 décembre 2008, ne suffit pas à masquer les errements que connaissent les processus démocratiques en Afrique, face aux tendances putschistes qui subsistent. Notamment, au regard des deux derniers exemples que l’Afrique a connus, avec la Mauritanie et la Guinée.
Le 6 août 2008, les militaires mauritaniens renversent le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, élu en 2007. Le 23 décembre, profitant de la situation confuse née du décès du président Lansana Conté, une junte s’installe également au pouvoir en Guinée. Les condamnations et les menaces de sanctions fusent de la part des instances africaines et internationales, avec des ultimatums pour un retour à l’ordre démocratique. Le 5 février dernier, le CPS de l'UA a donc décidé de franchir le pas, en prenant des sanctions contre les membres civils et militaires de la junte. Selon son président, Manuel Domingos Augusto, ambassadeur d'Angola auprès de l'UA, les sanctions portent sur "une prohibition des déplacements des membres civils et militaires de la junte, le refus systématique des visas, le contrôle des comptes bancaires".
Le pouvoir établi à Nouakchott avait été averti d'une telle éventualité, mais n’avait pas réagi en conséquence. En effet, le 22 décembre dernier, l'UA avait décidé "d'imposer des sanctions ciblées à l'encontre de toutes les personnes, aussi bien civiles que militaires, dont les activités ont pour objet de maintenir le statu quo anticonstitutionnel en Mauritanie si, d'ici au 5 février 2009 , l'ordre constitutionnel n'est pas rétabli et (...) de saisir le Conseil de sécurité des Nations unies pour qu'il confère un caractère universel à ces mesures". Or, l’orientation prise par la junte mauritanienne est d’organiser une nouvelle élection présidentielle le 6 juin 2009, avec la possibilité, pour le général Abdelaziz qui a pris le pouvoir, de présenter sa candidature, plutôt que rétablir l’ancien pouvoir dans ses droits.
La décision prise par le CPS de l’UA a été portée au Conseil de sécurité de l'ONU afin qu'elles «deviennent universelles (et) que tous les pays membres de l'ONU les appliquent ». Le pouvoir militaire mauritanien se trouve donc le dos au mur, n’ayant plus d’échappatoire après avoir usé de différents artifices pour masquer son illégalité derrière un soutien populaire, renforcé par une alliance avec une partie de l’opposition. Désormais, il s’impose donc à la junte de coopérer avec «la commission de l'UA « pour le retour immédiat à l'ordre constitutionnel et la résolution de la crise politique dans ce pays », afin d’éviter un enchaînement des sanctions qui pourrait être lourd de conséquences.
Ce 7 février 2009, au lendemain des sanctions prononcées contre la Mauritanie, et comme instruite par ces mesures, la junte dirigée par le capitaine Moussa Dadis Camara a engagé le ministre de l'Administration du territoire et des affaire politiques et le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) «à respecter les engagements pris devant le peuple de Guinée et la communauté internationale d'organiser des élections libres, transparentes et crédibles pendant le dernier trimestre 2009 ».
Abdoul Gourmo Lô défend donc cette détermination à faire barrage aux putschistes, rappelant qu’«il est définitivement et unanimement accepté que les changements anticonstitutionnels de gouvernement sont désormais une menace contre la paix et la sécurité internationale, en raison de ses risques potentiels sur la stabilité du pays et de la région concernée et en raison également de ce qu’il représente en lui-même, comme attentat contre la volonté populaire».