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La énième agression du Congo-Kinshasa par le Rwanda va-t-elle, comme sous Laurent Désiré Kabila, déboucher sur une régionalisation du conflit ? A voir les soutiens des uns et des autres, mais aussi le double jeu de la communauté internationale, tout laisse présager que si le Rwanda, via son satellite le M 23, passait de nouveau à l’offensive, les alliés de ‘’Joseph Kabila’’, le Zimbabwe en tête, risquent d’entrer en danse. Malheur au peuple congolais, pris en étau, qui paie un lourd tribut d’une crise ‘’éternelle ?’’.

Les experts des Nations Unies ont été clairs dans leurs conclusions : le M 23 est une œuvre du Rwanda. Ceux qui ont préparé cette affaire sont des officiers rwandais dont les identités ont été citées sans détour et les premières recrues de ce supposé mouvement rebelle, qui cache mal une agression, sont des Rwandais et l’ont été sur le territoire rwandais. Par ailleurs, à l’étape de Goma, les mêmes experts sont revenus à la charge en mettant en exergue l’implication des renforts venus du Rwanda mais aussi de l’Ouganda. Mais la communauté internationale n’a pas été assez courageuse pour exiger le désengagement immédiat de ces deux pays du territoire congolais.

Une analyse objective des rapports desdits experts ne laisse augurer qu’une seule interprétation : comme en 1996, le Rwanda et l’Ouganda, auxiliaires des grandes puissances mues par une volonté de déstabilisation qui date de 1996 et dont l’administration Clinton est comptable, sont de nouveau en mission au Congo-Kinshasa. Mais pourquoi ? C’est un secret de polichinelle que, au-delà des velléités hégémoniques que l’on prête à Kagame - qui n’est d’ailleurs rien sans l’appui de l’administration américaine - les Etats Unis sont les véritables maîtres d’œuvre de cette entreprise de prédation que les statistiques horrifiantes - entre 6 et 8 millions de morts - ne font rien pour arrêter.

Si le retrait des troupes rwandaises de Goma a eu lieu, ce n’est pas par la volonté de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (Cirgl) qui a chapeauté la prise de langue entre pseudo-belligérants -M 23 et ‘’Joseph Kabila’’- mais, plus, par l’embarras que les rapports successifs des experts ont réussi à créer à l’Onu et aux Etats Unis où des Ong ont dû monter au créneau pour exiger à Obama de cesser tout appui au Rwanda pointé ouvertement du doigt par la Belgique, ancienne puissance colonisatrice du Congo-Kinshasa et du Rwanda. Mais, cette pause censée freiner Kigali dans sa volonté de matérialiser la balkanisation du voisin congolais, semble n’avoir servi à rien. Au contraire, la mi-temps a permis aux camps adverses de renforcer leur dispositif, rendant davantage précaire une situation déjà explosive.

Pendant que son excroissance, le M 23, négociait avec le gouvernement de Kinshasa à Kampala, Kigali a pris soin de s’installer énergiquement sur le territoire de son voisin. Des troupes, des armes et surtout des faux arguments pour faire passer l’agression de son voisin pour un conflit interne ont été renforcés. Jean Marie Runiga, ancien prêtre rwandais portant mal le profil d’un Congolais au sein de la communauté internationale, mais surtout chez les Congolais, Kigali a vite fait de recruter Roger Lumbala, un seigneur de guerre congolais sous la menace de la Cpi, pour en faire un porte-flambeau mieux vendable.

Du côté du régime de Kinshasa, on n’a pas non plus chômé. N’étant pas parvenu à créer l’unanimité des Congolais pour combattre les envahisseurs rwandais -rêve brisé de recouvrement de légitimité populaire- ‘’Joseph Kabila’’ s’est tourné vers les alliés naturels de son prédécesseur pour tenir. Les Zimbabwéens, les Tanzaniens et d’autres alliés tapis dans l’ombre ont donc été appelés à la rescousse. Mais, il s’est également attaché le service des affreux pour assurer ses arrières. Avec une seule logique dans la tête : garder un pouvoir plutôt mal acquis.

Dans ce contexte, les négociations que les uns et les autres prétendent mener ne servent qu’à une chose : gagner du temps. Gagner du temps pour surprendre et surtout déjouer les écueils qui sont nombreux pour un camp comme pour l’autre. Du conflit créé de toutes pièces par le Rwanda, on évolue vite vers une régionalisation d’une crise qui n’a rien de congolaise mais que l’on s’évertue à régler, quoiqu’il coûte, sur le territoire congolais. Mais sachant que les deux camps sont au service des mêmes maîtres, deux questions me viennent à l’esprit. Pourquoi les Américains, Susan Rice ne me démentira pas, ne prennent-ils pas le courage de matérialiser eux-mêmes leurs noirs desseins ? Faire souffrir des populations civiles en utilisant des hommes des mains qui s’embrouillent, mais pourquoi ?


CE TEXTE VOUS A ETE PROPOSE PAR PAMBAZUKA NEWS





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** Mohamed Mboyo Ey’ekula est journaliste



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