Gabriele Del Grande

La chaîne de montage journalistique travaille trop vite pour pouvoir prendre le temps d'écouter et de voyager. Il est beaucoup plus facile de remplir un studio avec une série d'appels téléphoniques, en invitant des politiciens, des techniciens et des experts à la recherche de visibilité. Comment est-il possible nous n'ayons pas encore vu une interview de survivants des naufrages de Lampedusa ?

MISRATAH – Durant la nuit, dans la cour de la prison, on entend le son de la mer. Ce sont les vagues de la Méditerranée, à une centaine de mètres du centre de détention. Nous sommes à Misratah, à 210 km à l'est de Tripoli, en Libye. Les prisonniers sont des réfugiés érythréens : 600 personnes, âgés de 20 à 30 ans, dont 58 femmes et plusieurs enfants et bébés. Arrêtés au large de Lampedusa ou dans la banlieue de Tripoli, ils sont oubliés dans cette prisons depuis deux ans, sans procès. Ce sont...lire la suite